La ville historique de Tombouctou, au nord Mali, a été libérée lundi par les forces
maliennes et françaises, mettant fin à neuf mois de présence islamiste. Les soldats
maliens et français sont entrés dans la ville sans combat et ont été accueillis par
les cris de joie des habitants. Les islamistes, qui ont fui la ville sans opposer
de résistance, ont saboté les lignes électriques et téléphoniques plongeant la cité
dans l’obscurité à la nuit tombée. Les troupes maliennes assurent la sécurité dans
le centre-ville tandis que les soldats français se sont repliés dans les faubourgs.
Malgré la présence de ces forces armées, des actes de pillage ont été rapporté
par les journalistes présents sur place. Selon l’AFP, des centaines de Maliens pillaient
mardi matin des magasins appartenant à des Arabes accusés d’être des terroristes alliés
aux islamistes armés. Ce n’est pas la première fois que des débordements ou des exactions
se produisent dans les zones libérées. « Beaucoup de sensibilisation a été faite depuis
le début des opérations de reconquête du Nord Mali justement pour éviter des scènes
de pillage », explique le père Edmond Dembele, secrétaire général de la conférence
épiscopale du Mali.
Joie des habitants libérés
« Des gens qui
vivaient ensemble se sont retrouvés opposés. Des voisins qui vivaient côte à côte
se sont retrouvés dans des camps différents » déplore le père Dembele. « Si des gens
se sont retrouvées complices des djihadistes et qui méritent d’être jugés, ils le
seront dans les règles de la justice » espère-t-il.
Ces scènes de violence
et de pillage gâchent la joie qu’a éprouvé une grande partie de la population lors
de l’entrée des forces franco-maliennes lundi. « Une grande partie de la population
malienne a éprouvé de la joie quand la nouvelle a été annoncée, non seulement les
habitants de la ville mais au niveau du peuple malien en général » confirme le père
Dembele. « Tombouctou est une ville très connue en-dehors du Mali, elle regorge de
monuments historiques sur l’islam » précise-t-il, mettant en avant le symbole que
représente la cité.
Principal symbole de la cité : les manuscrits conservés
dans les innombrables bibliothèques. Les islamistes n’ont pas hésité à en détruire
ce qui représente une perte incommensurable pour tout le Mali et la région du Sahel.
La confirmation de cette nouvelle a été reçue avec « douleur par les Maliens » reconnaît
le père Dembele. « C’est très regrettable » juge-t-il. « J’espère que l’on trouvera
un moyen de protéger les manuscrits qui n’ont pas été détruits pour qu’ils puissent
utilisés sur le long terme ».
Préparer la suite
A Gao, le maire
est rentré dans la ville et a constaté avec satisfaction que les habitants reprennent
leur vie de toujours » conclut le prêtre. Les différents groupes djihadistes avaient
imposé à la population la stricte observance de la charia, y compris les mutilations
et les exécutions capitales.
Les pays donateurs et amis du Mali se sont rencontrés
mardi à Addis-Abeba au siège de l’Union africaine pour dégager des fonds dans le but
de financer la stabilisation du pays, essentielle pour restaurer une véritable paix
civile. Le Japon s’est déjà engagé à verser 120 millions de dollars pour le Mali et
le Sahel. En tout, les promesses de dons se sont élevés à 455 millions de dollars
qui iront aussi bien aux besoins militaires qu’humanitaires du pays, selon le commissaire
de l’UA à la Paix et à la Sécurité, Ramtane Lamamra.
Du point de vue militaire,
la guerre est encore loin d’être finie même si la reprise de Tombouctou est lourde
de symboles. Le Premier ministre britannique est disposé à envoyer deux-cent-quarante
militaires non-combattants en Afrique de l’Ouest dont quarante au Mali afin d’entraîner
les armées des pays ouest-africains. Le Royaume-Uni serait ainsi le premier pays à
aider concrètement sur le terrain la France dans cette guerre. (Avec Afp et Fides)
Ecoutez
le père Edmond Dembele, secrétaire général de la conférence épiscopale du Mali, interrogé
par Xavier Sartre
(photo
: soldats français salués par des habitants de Tombouctou)