C’est par une messe que s’est ouverte ce samedi matin l’année judiciaire du tribunal
de la Rote Romaine au Vatican. Dans son homélie, le secrétaire d’état du Saint-Siège,
le Cardinal Bertone a tenu à rappeler l’importance de la fonction judicaire pour la
société. Il n’oppose nullement la Justice de Dieu et la Justice des hommes mais présente
à ceux qui sont en charge de l’exercer, le sens de leur mission. L’activité judiciaire
comporte une dimension pastorale qu’il importe de mettre en œuvre.
La société
sécularisée, un frein à l’action évangélisatrice de l’Eglise
Le Cardinal
Bertone le constate et le déplore. Les sociétés contemporaines sont marquées par une
sécularisation des mentalités qui confine à l’agnosticisme dans la plupart des cas.
Face à cette situation, il convient de se souvenir des paroles de Saint Paul à Timothée
: « Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité mais de force, de charité et de
prudence. Ne nous sentons donc pas honteux d’être des témoins de notre Seigneur. »
Mais cela est d’autant plus difficile, souligne le prélat, que nous baignons dans
un état d’esprit indifférent à la religion et même souvent ouvertement ennuyé par
tout rappel des valeurs supérieures de l’Evangile. La mentalité actualité est donc
marquée du sceau du sécularisme. Ce climat culturel constitue frein à l’élan évangélisateur
de l’Eglise notamment dans le milieu de la Justice.
La Justice, élément
incontournable de la mission salvatrice de l’Eglise
La fonction judiciaire
est une partie vivante de la mission salvatrice de l’Eglise. L’aspect pastoral du
rôle du juge ecclésiastique trouve son origine dans l’ecclésiologie du Concile Vatican
II. Elle rappelle que les aspects visibles de l’Eglise sont indissociables de ceux
spirituels constituant une seule et complexe réalité, comparable au mystère du Verbe
incarné. La dimension juridique et pastorale sont ainsi intimement liée dans l’Eglise
et leur harmonie concorde à la réalisation du même but : sauver les âmes. D’ailleurs,
comment conduire les âmes vers le Royaume des Cieux sans faire observer fidèlement
la loi et les droits de tous au sein de l’Eglise ?
Un appel aux juges à
s’engager courageusement
Le Cardinal Bertone enjoint donc les juges à assumer
avec courage et sérénité leur délicat et important ministère ecclésial tout en restant
confiants de « la force de Dieu » (2 Tm 1,8). Cela d’autant plus lorsque leur activité
n’est pas comprise par tous et peut comporter également une dimension de « souffrance
pour l’Evangile » (cfr 2 Tm 1,8). Dans un monde marqué par les guerres, les familles
détruites par les haines et les rancœurs, conclue le Cardinal Bertone, chaque homme
est invité par l’Eglise à annoncer la paix et la Justice de Dieu en Jésus-Christ.
Partout où s’exerce le ministère de ceux qui assument une mission dans l’Eglise, se
présente le Royaume de Dieu auquel appartiennent tous ceux qui ont reçu et donnent
gratuitement l’amour et la miséricorde.