2013-01-23 16:04:36

Les Frères musulmans boycottent les élections en Jordanie


Législatives en Jordanie : plus de 2 millions d’électeurs sont attendus dans les bureaux de vote aujourd’hui. Un nouveau gouvernement doit être formé à la suite du scrutin. Ce scrutin est boycotté par la principale force d’opposition, les Frères musulmans ainsi que par le Front de réforme national de l'ex-Premier ministre Ahmad Obeidat. Les deux formations réclament la révision du découpage des circonscriptions électorales qui avantage, selon eux, les régions rurales, plutôt proches du régime. « La loi électorale est restée une loi extrêmement conservatrice qui donne une prime à la notabilité traditionnelle au détriment de forces politiques comme les Frères musulmans » explique Joseph Bahout, professeur à Sciences Po Paris. Les Frères musulmans exigent aussi l'instauration d'un système parlementaire dans lequel le Premier ministre serait issu de la majorité du Parlement, et non plus nommé par le roi.

La monarchie jordanienne n'a pas compris l'ampleur de la révolution arabe

Il s’agit des premières élections depuis la vague de réformes lancées il y a deux ans par le roi Abdallah II, mais surtout depuis le début du mouvement de protestation dans le monde arabe. En 2010, le roi avait déjà convoqué des élections législatives. Une réponse adaptée du roi il y a deux ans, explique Joseph Bahout, mais qui ne l’est plus du tout aujourd’hui. « Dans le cycle de révolution dans les pays arabes, la monarchie jordanienne n’a pas bien compris l’ampleur du mouvement et l’urgence d’y répondre avec des démarches ou des réformes beaucoup plus audacieuses » affirme l'enseignant de Sciences Po Paris.

Le roi Abdallah II dans une situation critique

Abdallah Nsour chef du gouvernement actuel a assuré mercredi que ces élections étaient « un pas vers les réformes et non pas la fin des réformes ». Cependant la Jordanie traverse toujours une période économique difficile, avec un déficit budgétaire de 3,6 milliards d'euros en 2012 et un taux de chômage officiel de 14%, mais qui serait selon d'autres sources de 30%. Les réformes dont parle le premier ministre n’ont semble-t-il pas convaincu la population. « Aujourd’hui le roi Abdallah II est dans une situation critique » explique Joseph Bahout. « Dans un premier temps lorsque les révolutions arabes ont commencé et que la scène jordanienne a commencé à frémir, sa réponse avait été assez intelligente, il avait préempté le mouvement en proposant des ouvertures mais qui sont restée au final trop timides. Elles sont aujourd’hui dépassées ou trop minimales ». Entretien intégral avec Joseph Bahout, professeur à Sciences Po Paris RealAudioMP3

Des propos recueillis par Antonino Galofaro

(Photo : Un homme vote à Amman)








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