Les Frères musulmans boycottent les élections en Jordanie
Législatives en Jordanie : plus de 2 millions d’électeurs sont attendus dans les bureaux
de vote aujourd’hui. Un nouveau gouvernement doit être formé à la suite du scrutin.
Ce scrutin est boycotté par la principale force d’opposition, les Frères musulmans
ainsi que par le Front de réforme national de l'ex-Premier ministre Ahmad Obeidat.
Les deux formations réclament la révision du découpage des circonscriptions électorales
qui avantage, selon eux, les régions rurales, plutôt proches du régime. « La loi
électorale est restée une loi extrêmement conservatrice qui donne une prime à la notabilité
traditionnelle au détriment de forces politiques comme les Frères musulmans »
explique Joseph Bahout, professeur à Sciences Po Paris. Les Frères musulmans exigent
aussi l'instauration d'un système parlementaire dans lequel le Premier ministre serait
issu de la majorité du Parlement, et non plus nommé par le roi.
La monarchie
jordanienne n'a pas compris l'ampleur de la révolution arabe
Il s’agit
des premières élections depuis la vague de réformes lancées il y a deux ans par le
roi Abdallah II, mais surtout depuis le début du mouvement de protestation dans le
monde arabe. En 2010, le roi avait déjà convoqué des élections législatives. Une réponse
adaptée du roi il y a deux ans, explique Joseph Bahout, mais qui ne l’est plus du
tout aujourd’hui. « Dans le cycle de révolution dans les pays arabes, la monarchie
jordanienne n’a pas bien compris l’ampleur du mouvement et l’urgence d’y répondre
avec des démarches ou des réformes beaucoup plus audacieuses » affirme l'enseignant
de Sciences Po Paris.
Le roi Abdallah II dans une situation critique
Abdallah
Nsour chef du gouvernement actuel a assuré mercredi que ces élections étaient «
un pas vers les réformes et non pas la fin des réformes ». Cependant la Jordanie
traverse toujours une période économique difficile, avec un déficit budgétaire de
3,6 milliards d'euros en 2012 et un taux de chômage officiel de 14%, mais qui serait
selon d'autres sources de 30%. Les réformes dont parle le premier ministre n’ont semble-t-il
pas convaincu la population. « Aujourd’hui le roi Abdallah II est dans une situation
critique » explique Joseph Bahout. « Dans un premier temps lorsque les révolutions
arabes ont commencé et que la scène jordanienne a commencé à frémir, sa réponse avait
été assez intelligente, il avait préempté le mouvement en proposant des ouvertures
mais qui sont restée au final trop timides. Elles sont aujourd’hui dépassées ou trop
minimales ». Entretien intégral avec Joseph Bahout, professeur à Sciences Po
Paris