En ciblant le site gazier de Tiguentourine à In Amenas, en Algérie, le groupe terroriste,
les Signataires par le sang et leur chef, Mokhtar Belmokhtar, n’ont pas agi au hasard.
Ces terroristes, se réclamant d’Al Qaïda au Maghreb islamique, ont visé l’un des principaux
sites gaziers du pays qui produit chaque année neuf milliards de mètres cubes de gaz,
soit 15 à 20 % de la production nationale. Détenu à moitié par Sonatrach, compagnie
d’Etat algérienne, et par BP, compagnie anglaise et Statoil, société norvégienne,
ce site est hautement symbolique.
En s’y attaquant, le commando défiait l’Etat
algérien, selon Francis Perrin, président de Stratégies et Politiques Energétiques
:
Cette prise
d’otages et la prise de contrôle totale du site aurait pu avoir, outre l’aspect humain,
des conséquences économiques pour l’Algérie. « Lorsqu’une production est arrêtée pendant
quelques jours, explique Francis Perrin, l’impact économique pour le pays concerné
n’est pas très important, mais si le commando terroriste avait infligé des dommages
considérables et qu’il avait fallu des mois de réparation pour tout remettre en route,
alors l’impact aurait été considérable. » Dans ce cas-là, l’Etat algérien peut être
soulagé.
Failles révélées
Cette prise d’otages a mis en évidence
un bon nombre de problèmes du point de vue de la sécurité même si les informations
parcellaires dont disposent la presse et le grand public ne permettent pas de préciser
lesquels. « Des complicités internes sont probables mais ce n’est pas prouvé pour
le moment », considère le président de Stratégies et Politiques Energétiques. Une
chose est sûre, « ce commando a pu assez facilement entrer dans un site hautement
stratégique pour la Sonatrach et donc pour l’Etat algérien ». Les autorités algériennes
vont devoir revoir toutes leurs procédures sécuritaires sur l’ensemble des sites stratégiques
du pays.
Cette attaque pourrait au-delà avoir des conséquences sur les investissements
étrangers dans le pays alors que le gouvernement algérien est en train de modifier
sa législation pour attirer davantage d’investisseurs. « L’objectif du gouvernement
est que ces investisseurs développent des activités d’exploration, et d’exploitations
des hydrocarbures classiques et non conventionnels comme les gaz de schiste sur tout
le territoire algérien, y compris dans des régions encore peu connues » précise le
journaliste.
Investissements à risque
« Or, ce qui attire un
investisseur pétrolier dans un pays, c’est son potentiel géologique, qui est important
en Algérie. C’est un cadre législatif stable et attractif, (le gouvernement est en
train d’y travailler), et l’appréciation du facteur crise politique », détaille le
spécialiste. « Certains investisseurs étrangers vont certainement se poser la question
de savoir s’ils doivent aller en Algérie, y investir ou, pour ceux qui y sont déjà
présents, s’ils doivent renforcer leur implantation », met en garde Francis Perrin,
qui ajoute qu’avec « ce qui vient de se passer, ce ne sera pas très facile de faire
croitre les investissements étrangers ».
Propos recueillis par Xavier Sartre
(Photo
: sur le site gazier d'In Amenas, à 1600 kilomètres au sud-est d'Alger)