Assemblée plénière de Cor Unum: la charité chrétienne en débat
Comment exprimer la charité de l’Église en actes dans un monde frappé par une série
de crises (économiques, sociales, sociétales) ? L’anthropologie chrétienne a-t-elle
un sens dans des sociétés de plus en plus sécularisées ? Comment articuler la foi
et la charité à la Nouvelle évangélisation ? Autant de questions mises en perspectives
par le Conseil Pontifical Cor Unum qui a ouvert jeudi son assemblée plénière.
Cette
XXIX ème assemblée plénière est l’occasion d’abord de rassembler près de 70 acteurs
qui viennent de plus de 20 pays, religieux ou laïcs, engagés à travers des associations
catholiques sur des terrains sociaux très divers, à l’image et des pays qu’ils représentent
: de nombreuses Caritas locales, le Catholic Relief Services, mais aussi le CCFD-Terre
Solidaire, la Commission Catholique Internationale pour les Migrations, ou encore
des organismes de coopération et de développement comme la Fidesco.
Quelle
identité pour la charité chrétienne ? Au-delà de l’échange sur les actions
concrètes dans la lutte contre la misère et de l’aide aux plus pauvres, cette assemblée
est l’occasion de s’interroger sur le sens même d’une aide d’Église dans le monde
d’aujourd’hui. Cette action est source de préoccupation pour l’Eglise. Comme l’a rappelé
le cardinal Sarah, président du Conseil Pontifical Cor Unum lors de l’ouverture de
l’assemblée, il s’agit d’œuvrer dans un monde marqué par une « éthique laïciste
qui s’impose parfois avec virulence aux cultures et aux peuples du monde entier et
véhiculent une image destructive de l’homme et de la femme ». Des menaces qui
pressent l’Église à revenir aux sources d’une véritable anthropologie chrétienne.
Le cardinal a donc invité sans ambages les chrétiens au discernement et à la vigilance,
à ne pas attiédir leur foi au risque de séculariser la charité chrétienne.
La
tentation du repli sur soi
La question de l’identité profonde de la charité
chrétienne, ses fondements sont donc questionnés aujourd’hui dans un monde où l’Église,
pour ce qu’elle est et représente, est souvent attaquée. Mais certains acteurs invités
à Rome mettent en garde contre la tentation du rejet de la culture contemporaine et
du repli sur soi. « J’attends une certaine clarification » souligne François Soulage,
président du Secours Catholique. « Je sens parfois une opposition entre ce que
dit le Vatican et la réalité que nous vivons sur le terrain » souligne-t-il. «
Notre défi aujourd’hui est d’évangéliser les relations sociales là où nous sommes
plutôt que de se replier sur nous-même ». Les débats à Cor Unum s’annoncent passionnant.
Olivier Bonnel