La fin de semaine dernière fut particulièrement sanglante à Mexico. Vingt-deux personnes
ont été assassinées dans la capitale fédérale du Mexique, or Mexico compte en moyenne
deux homicides par jour. Le district était jusqu’à maintenant relativement épargné
par la vague de violence qui frappe le nord du pays depuis plusieurs années. Selon
le procureur de la ville, ces meurtres ne sont pas liés au crime organisé et aux cartels
de la drogue. Il s’agit de cas isolés. Mais David Recondo, chargé de recherche
à Sciences Po Paris, détaché à Mexico, ne partage pas cet avis
Au
contraire, « c’est très lié aux bandes criminelles qui sont rivales et qui sont en
compétition pour contrôler le territoire aussi bien dans la ville de Mexico, autrement
le district fédéral, que l’Etat de Mexico qui l’entoure », explique le chercheur.
« il faut prendre cette vague d’assassinats comme un avertissement : aucun lieu n’est
vraiment protégé ».
Ne pas mythifier les cartels
Entre le procureur
qui affirme que cette vague de violence n’est pas liée aux cartels de la drogue, et
ceux qui voient la main de ces organisations partout, il y a un juste milieu. « Il
y a sans doute eu une mythification de l’idée de cartel qui exercerait un contrôle
absolu et pyramidal sur toutes les bandes criminelles qui agissent sur un territoire.
Ça n’a jamais été comme cela », met en garde David Récondo.
Avec l’arrivée
au pouvoir de Enrique Pena Nieto, la rhétorique Etat contre cartels est abandonnée.
Contrairement à ce qu’affirmait son prédécesseur, Felipe Calderon, « il ne s’agit
pas de guerre, et surtout pas de guerre régulière » rappelle le chercheur. « Le nouveau
gouvernement cherche vraiment à établir le diagnostic et à partir de là, mettre au
point une nouvelle stratégie ». « Tous les experts sont d’accord pour dire qu’il faut
pointer sur la prévention, qu’il faut restructurer plus radicalement les forces de
sécurité, purger la police fédérale, mieux coordonner les polices des Etats avec celles
des municipalités, mieux former leur personnel et mieux les payer. Dernier point :
avoir un système judiciaire qui puisse sanctionner efficacement les criminels ». C’est
le défi auquel est confronté le nouveau président qui a maintenant un peu moins de
six ans pour le relever.
Propos recueillis par Antonino Galofaro
(Photo
: le président mexicain Enrique Pena Nieto)