Dossier : Les islamistes du Mali, forces et faiblesses
Le conflit malien rentre dans sa phase terrestre. Après les bombardements de ces derniers
jours, l’armée française a commencé à déployer ses troupes au sol. Une trentaine de
blindés montent vers la ville de Diabali, prise par les islamistes d’AQMI lundi lors
d’une contre-offensive contre l’armée malienne. La ville de Konna, dont la prise par
les djihadistes avait provoqué l’intervention de la France, est toujours aux mains
des islamistes qui n’ont pas l’intention de se rendre. Alain Antil, responsable
du programme Afrique subsaharienne à l’IFRI (Institut français des Relations internationales)
revient sur les forces et faiblesses de ces islamistes
Divisés
en trois groupes, Ansar Dine, Mujao et AQMI, ces islamistes peuvent compter sur un
certain nombre d’avantages. « Le secret de ces groupes et leur force, c’est leur capacité
à se mouvoir, à se rassembler et à se disperser très rapidement » considère Alain
Antil. Ils disposent également de moyens de communication modernes comme le téléphone
satellitaire ou internet.
Armement léger et mobilité
Du point
de vue de l’armement, « ils sont bien équipés pour la guerre dans le désert. Il ne
s’agit évidemment pas d’armement lourd comme des blindés. Ils possèdent au contraire
des pick-up avec des mitrailleuses et possèderaient aussi de petits canons », détaille
Alain Antil.
Autre point fort : ils savent se fondre dans le paysage comme
à Diabali. « Ils garent leur pick-up dans les cours des maisons, ils essayent de se
mélanger dans la population civile ce qui rend inopérant la capacité des forces françaises
à bombarder efficacement parce que l’armée française veut éviter de causer la mort
de civils » explique le spécialiste de l’Afrique subsaharienne.
Ressources
limitées en homme et armement
Au niveau des faiblesses, l’approvisionnement
en essence et en pièces détachées pour leurs véhicules constituent leur principale
préoccupation. Ils utilisent « du carburant de contrebande qui vient d’Algérie. D’où
l’importance que l’Algérie ferme ses frontières », précise le chercheur.
De
plus, les combattants islamistes ne sont pas nombreux. « On a parlé de cinq à six
mille hommes mais le noyau dur est de mille cinq-cents hommes qui ont été durement
éprouvés par les premiers combats et qui en s’attaquant à Diabali s’exposent à être
vraisemblablement encerclés par l’armée malienne et française » relativise-t-il.
Pas
question cependant de crier victoire pour les troupes françaises et maliennes. Même
si les ressources en hommes et en matériel des islamistes sont limitées, le fait de
se fondre dans la population risque de poser des problèmes et de permettre aux groupes
islamistes d’avoir « des taupes ou des agents de déstabilisation », reconnait Alain
Antil.