2013-01-14 11:01:13

L’Eglise du Mali mobilisée pour aider les déplacés


Conséquence des bombardements français et des offensives et contre-offensives qui se déroulent dans le centre du Mali, les populations civiles sont contraintes de fuir les combats. Elles se dirigent le plus souvent vers le sud du pays, dans la partie sous contrôle gouvernemental. D’après les témoignages recueillis sur place, la majorité de la population malienne du sud semble soutenir l’intervention française. Mais si elle l’appelait de ses vœux, elle ne l’entrevoyait pas forcément de cette façon comme le confirme à Manuella Affejee, le père Edmond Dembelé, secrétaire de la conférence épiscopale malienne RealAudioMP3

« La France avait dit depuis le début qu’elle n’interviendrait pas comme cela au nord, rappelle le père Dembelé. Mais ces derniers jours, nous savions que l’armée malienne n’était plus capable de résister et cette situation avait fait craindre le pire à la population qui a accueilli finalement avec beaucoup de soulagement l’intervention de l’armée française » admet-il.
La reprise des combats a provoqué un afflux de déplacés qui mettent au défi les capacités humanitaires du Mali. L’Eglise malienne, déjà active dans ce domaine, entend bien poursuivre sa mission. « Des structures sont déjà opérationnelles à l’image d’un centre catholique à Bamako qui accueille de nombreux déplacés depuis les mois de mars et avril dernier » raconte le père Dembelé. « Il accueille au moins deux cents personnes qui vivent avec leur famille. L’Eglise, avec la tournure que prennent les événements, va sans doute augmenter son aide envers ces populations Les évêques devraient se réunir la semaine prochaine pour déterminer la nature de cette aide et voir quels sont les moyens dont ils ont besoin pour accueillir les déplacés » précise-t-il.

Concernant les prochains jours, le secrétaire de la conférence épiscopale malienne est optimiste. « Nous sommes confiants. C’est vrai que nous ne souhaitions pas que le conflit se déroule ainsi mais nous espérons qu’une solution va être trouvée dans les semaines à venir pour que la crise ne perdure pas ».

Contre-offensive islamiste

Les islamistes ont lancé une contre-offensive lundi matin et ont attaqué la localité de Djabali, dans le centre du Mali. Selon une source sécuritaire malienne citée par l’AFP, l’un des chefs d’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) mènerait en personne cette opération. En début d'après-midi, un élu local a affirmé que les islamistes étaient entrés dans la ville.
Pendant ce temps, les bombardements aériens français contre les islamistes se poursuivent sur le Mali. Pendant tout le weekend, les avions français ont effectué des raids sur la ligne de démarcation entre le nord et le sud du pays pour repousser l’offensive des groupes djihadistes et dans le nord, sur les positions arrières des islamistes.
L’armée britannique commencera à apporter son soutien logistique à la France dès lundi après-midi et ce, à la demande de Paris. Des avions de transports de la Royal Air Force opéreront à partir de la base aérienne d’Evreux pour acheminer du fret. Pas question cependant pour Londres de déployer au Mali du personnel en situation de combat.

Le Conseil de sécurité saisi

Le Conseil de sécurité des Nations Unies va se réunir lundi à New York à la demande du gouvernement français qui souhaite l’informer du déroulement des opérations. Paris a déjà informé officiellement l’ONU vendredi soir par une lettre de son intervention au Mali à la demande du président malien. La diplomatie française se justifie en invoquant l’article 51 de la charte de l’ONU qui mentionne « le droit de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un membre des Nations Unies est l’objet d’une agression armée », mais également en faisant référence à la résolution 2085 qui autorise le déploiement de la Force internationale de soutien au Mali (MISMA) approuvée le 20 décembre dernier.

Concernant les combats, la ville de Gao, une des principales villes du nord du Mali, située le long du fleuve Niger, a été le théâtre de bombardements de l’aviation française dimanche. Une soixantaine d’islamistes seraient morts. Ansar Dine, un des principaux groupes islamistes, a reconnu avoir subi des pertes mais n’a pas confirmé ce nombre donné par des habitants de la ville. Des camps d’entraînement et des dépôts de munition et d’armes ont également été détruits dans les alentours de la ville selon le ministère français de la Défense. La ville de Kidal, à l’est du pays, a elle aussi été bombardée ainsi que la ville d'Aghabo, située à 50 kms de Kida, et base importante d’Ansar Dine.

Face à cette entrée en scène de la France dans un conflit jusqu’alors exclusivement africain, les islamistes ont menacé Paris de « frapper le cœur de la France ». « La France a attaqué l’islam, partout : à Bamako, en Afrique et en Europe » a déclaré Abou Dardar, l’un des responsables du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), l’autre principal groupe armé contrôlant le nord du Mali depuis maintenant neuf mois. (RV avec AFP)

(Photo : un Malien sert du thé à des déplacés venus de Tombouctou dans un café de Bamako, le 13 janvier 2013)







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