L’Eglise du Mali mobilisée pour aider les déplacés
Conséquence des bombardements français et des offensives et contre-offensives qui
se déroulent dans le centre du Mali, les populations civiles sont contraintes de fuir
les combats. Elles se dirigent le plus souvent vers le sud du pays, dans la partie
sous contrôle gouvernemental. D’après les témoignages recueillis sur place, la majorité
de la population malienne du sud semble soutenir l’intervention française. Mais si
elle l’appelait de ses vœux, elle ne l’entrevoyait pas forcément de cette façon comme
le confirme à Manuella Affejee, le père Edmond Dembelé, secrétaire de la conférence
épiscopale malienne
« La France
avait dit depuis le début qu’elle n’interviendrait pas comme cela au nord, rappelle
le père Dembelé. Mais ces derniers jours, nous savions que l’armée malienne n’était
plus capable de résister et cette situation avait fait craindre le pire à la population
qui a accueilli finalement avec beaucoup de soulagement l’intervention de l’armée
française » admet-il. La reprise des combats a provoqué un afflux de déplacés
qui mettent au défi les capacités humanitaires du Mali. L’Eglise malienne, déjà active
dans ce domaine, entend bien poursuivre sa mission. « Des structures sont déjà opérationnelles
à l’image d’un centre catholique à Bamako qui accueille de nombreux déplacés depuis
les mois de mars et avril dernier » raconte le père Dembelé. « Il accueille au moins
deux cents personnes qui vivent avec leur famille. L’Eglise, avec la tournure que
prennent les événements, va sans doute augmenter son aide envers ces populations Les
évêques devraient se réunir la semaine prochaine pour déterminer la nature de cette
aide et voir quels sont les moyens dont ils ont besoin pour accueillir les déplacés
» précise-t-il.
Concernant les prochains jours, le secrétaire de la conférence
épiscopale malienne est optimiste. « Nous sommes confiants. C’est vrai que nous ne
souhaitions pas que le conflit se déroule ainsi mais nous espérons qu’une solution
va être trouvée dans les semaines à venir pour que la crise ne perdure pas ».
Contre-offensive
islamiste
Les islamistes ont lancé une contre-offensive lundi matin et
ont attaqué la localité de Djabali, dans le centre du Mali. Selon une source sécuritaire
malienne citée par l’AFP, l’un des chefs d’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) mènerait
en personne cette opération. En début d'après-midi, un élu local a affirmé que les
islamistes étaient entrés dans la ville. Pendant ce temps, les bombardements aériens
français contre les islamistes se poursuivent sur le Mali. Pendant tout le weekend,
les avions français ont effectué des raids sur la ligne de démarcation entre le nord
et le sud du pays pour repousser l’offensive des groupes djihadistes et dans le nord,
sur les positions arrières des islamistes. L’armée britannique commencera à apporter
son soutien logistique à la France dès lundi après-midi et ce, à la demande de Paris.
Des avions de transports de la Royal Air Force opéreront à partir de la base aérienne
d’Evreux pour acheminer du fret. Pas question cependant pour Londres de déployer au
Mali du personnel en situation de combat.
Le Conseil de sécurité saisi
Le Conseil de sécurité des Nations Unies va se réunir lundi à New York
à la demande du gouvernement français qui souhaite l’informer du déroulement des opérations.
Paris a déjà informé officiellement l’ONU vendredi soir par une lettre de son intervention
au Mali à la demande du président malien. La diplomatie française se justifie en invoquant
l’article 51 de la charte de l’ONU qui mentionne « le droit de légitime défense, individuelle
ou collective, dans le cas où un membre des Nations Unies est l’objet d’une agression
armée », mais également en faisant référence à la résolution 2085 qui autorise le
déploiement de la Force internationale de soutien au Mali (MISMA) approuvée le 20
décembre dernier.
Concernant les combats, la ville de Gao, une des principales
villes du nord du Mali, située le long du fleuve Niger, a été le théâtre de bombardements
de l’aviation française dimanche. Une soixantaine d’islamistes seraient morts. Ansar
Dine, un des principaux groupes islamistes, a reconnu avoir subi des pertes mais n’a
pas confirmé ce nombre donné par des habitants de la ville. Des camps d’entraînement
et des dépôts de munition et d’armes ont également été détruits dans les alentours
de la ville selon le ministère français de la Défense. La ville de Kidal, à l’est
du pays, a elle aussi été bombardée ainsi que la ville d'Aghabo, située à 50 kms de
Kida, et base importante d’Ansar Dine.
Face à cette entrée en scène de la
France dans un conflit jusqu’alors exclusivement africain, les islamistes ont menacé
Paris de « frapper le cœur de la France ». « La France a attaqué l’islam, partout
: à Bamako, en Afrique et en Europe » a déclaré Abou Dardar, l’un des responsables
du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), l’autre principal
groupe armé contrôlant le nord du Mali depuis maintenant neuf mois. (RV avec AFP)
(Photo
: un Malien sert du thé à des déplacés venus de Tombouctou dans un café de Bamako,
le 13 janvier 2013)