Le Cardinal Barbarin: "Face au mariage pour tous, un modèle français de contestation
s'est imposé".
Parmi les évêques qui seront présents dimanche à la manifestation contre le projet
de loi gouvernemental sur le « mariage pour tous » figure le cardinal Philippe Barbarin,
archevêque de Lyon et Primat des Gaules. Dans un entretien au magazine Slate.fr, il
note qu’il s’agit d’une manifestation qui vient du fond de la société elle-même, qui
dépasse largement les cercles et les structures et qui déclenche une forte mobilisation.
On attend 500 000 personnes, voire un million.
Le cardinal Barbarin reconnaît
que la politisation est inévitable mais il veut dire son refus d’un projet qui dénature
le mariage. Un modèle français de contestation s’est imposé conforme à l’histoire
du pays et aux exigences de la laïcité, un modèle qui a été salué au Vatican. En Espagne,
lorsque le débat a eu lieu, l’Eglise a célébré une messe sur la plus grande place
de Madrid. En France, les évêques ont invité à prier le 15 août dans les églises,
ils ont développé des arguments philosophiques et anthropologiques et ont répondu
aux convocations de l’Assemblée nationale pour audition.
Evoquant la polémique
suscitée, selon lui, par une mauvaise interprétation des propos qu’il avait tenus
en septembre dernier, le cardinal Barbarin note qu’il est plus facile de s’attaquer
à une personnalité catholique, fût-elle archevêque de Paris ou de Lyon, qu’au grand
rabbin de France ou qu’au président du Conseil français du culte musulman. Et pourtant,
le rabbin Gilles Bernheim a affirmé que les nouvelles formes d’homoparentalité ouvrent
la voie à d’affolantes combinatoires. L’archevêque de Lyon rappelle que la loi ne
devrait pas se limiter à entériner des situations de fait.
Interrogé à propos
des risques de « cathophobie », le cardinal Barbarin répond : « Il y a un siècle,
on était raillé parce qu’on portait la soutane. Aujourd’hui, on est méprisé comme
ringards…… Nous sommes toujours un peu décalés…. Aujourd’hui, l’Eglise catholique
réagit avec une certaine force, sa parole est cohérente et claire et cela suscite
des oppositions….. Mais quand, à l’Assemblée nationale, un député agresse le cardinal
André Vingt-Trois, ce n’est pas l’Eglise qui est rabaissée, c’est plutôt le Parlement
».
Comme de nombreux Français, le cardinal Barbarin souhaite que le président
de la République se consacre entièrement à l’essentiel, c’est-à-dire à la situation
économique catastrophique, à la lutte contre le chômage, à la juste répartition des
biens, à la santé, à l’éducation, urgences majeures pour la France aujourd’hui. Privilégier
les problèmes sociaux de préférence aux sociétaux. S’il ne se bat pas en déployant
toute son énergie, on pourra lui en vouloir. Et on lui en voudra. (source slate.fr)