Ce mardi soir, le président de la République française a reçu à l’Elysée les autorités
religieuses pour la traditionnelle cérémonie des vœux. Pendant un peu plus d’une heure,
François Hollande s’est entretenu avec, notamment, le président de la conférence épiscopale,
le cardinal André Vingt-Trois, le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, le président
du consistoire central, Joël Mergui, le président du Conseil Français du Culte musulman,
Mohamed Messaoui et le métropolite Emmanuel qui représente l’Assemblée des évêques
orthodoxes de France.
A 5 jours de la manifestation contre le « mariage pour
tous » qui se tiendra dimanche, il n’a pas été question de ce sujet sur lequel l’Etat
et la quasi totalité des différents cultes représentés en France ont des vues divergentes.
Le chef de l’Etat l’a à peine évoqué dans un propos préliminaire affirmant, selon
une source de l’Elysée, que « cette réforme qui concerne le mariage civil était pour
lui et des millions de Français une avancée en terme d’égalité des droits et que par
conséquent le projet irait à son terme ». François Hollande aurait par ailleurs assuré
que pour l’adoption « prévaudrait toujours l’intérêt supérieur de l’enfant ».
L'apport
des religions à la République
De leur côté, les responsables religieux
ont tenu à livrer un message pondéré. Le président de la conférence épiscopale de
France a ainsi affirmé qu’une « manifestation » n’était une pas « une crise », selon
des propos rapportés par le quotidien Le Figaro. Le cardinal André Vingt-Trois a d’ailleurs
confirmé qu’il n’y participerait pas. Il viendra « peut-être saluer les manifestants
». A l’issue de cette rencontre, l’archevêque de Paris a insisté sur le fait que «
le sujet n’a pas été poliment éludé », d’autres sujets « plus importants pour la vie
de la République » ont été l’objet des échanges : le projet Sicard sur la fin de vie
et la place des religions dans la société.
Propos de même teneur que ceux du
grand rabbin de France. Pour Gilles Bernheim, « c'est la place du religieux en France
et la perte du sens du religieux dont il est question. Beaucoup de Français ne perçoivent
pas ce que peut être l'intérêt d'une religion, sauf quand elle est polémique ou intégriste.
De ce fait, nous avons profondément parlé de ce qu'une religion peut apporter à la
France. Et de la confiance que la France et les pouvoirs publics peuvent avoir ensuite,
grâce à cela, envers les religions. Lorsque les religions ont des revendications,
ce n'est pas contre l'État, ce n'est pas dans la préservation de leurs intérêts particuliers,
mais c'est pour nourrir la culture de la France et participer à l'effort du pays.
»
"Il n'y a pas de coalition des religions contre un parti politique ou
un pouvoir"
Le grand rabbin, qui a publié il y a quelques mois un long
texte exposant ses réserves sur le « mariage pour tous » (nrdl, un texte auquel le
Pape a fait longuement référence dans son discours à la Curie romaine le 21 décembre
dernier), a insisté sur le fait qu’il n’y a pas de « coalition des religions contre
un parti politique et contre un pouvoir, ce qui non seulement n’a pas lieu d’être,
mais n’est pas ». Et le président du Consistoire central renchérit : « (dimanche)
ce n’est pas une manifestation des religions. Nous n’en sommes pas à l’origine. C’est
une manifestation de la société française ». Lors de cette cérémonie des vœux,
« on avait besoin de donner le sentiment qu’il n’y avait pas un front des religions
sur ces questions » conclue Mohamed Moussaoui, le président du Conseil Français du
culte musulman interrogé par le journal La Croix.
Aux dires de tous, le climat
de l’échange d’hier soir fut « serein et intéressant » (cardinal Vingt-trois), « apaisé
et fructueux » (Gilles Bernheim), « tranquille, détendu et cordial » (Elysée).
Dialogue
prévu avec les religions sur la fin de vie
Au sujet de la loi sur la fin
de vie, objet d’un échange entre, notamment, le président français et le cardinal
André Vingt-Trois, le chef de l’Etat a assuré qu’il « y aura un temps de dialogue
avec les religions », lorsque les questions posées au comité national d’éthique à
propos du rapport Sicard auront abouti. Ce serait le cas au printemps prochain.
Photo:
François Hollande et le cardinal André Vingt-Trois