Le Forum de Todi annulé, les catholiques prendraient ils leur distance avec Mario
Monti?
Le forum de Todi lui avait porté son gouvernement technique sur les fonds baptismaux,
il ne bénira pas son “ascension en politique”. En octobre 2011, les associations catholiques
italiennes s’étaient réunies pour signifier l'urgence d'un renouvellement de leur
engagement social et politique. Les scandales à répétition tant de mœurs que de corruption
liés au Cavaliere avait semé le trouble parmi les fidèles. Il était urgent de clore
la saison du berlusconisme et s'engager, avec plus de visibilité, dans un projet commun.
Le mois suivant, Mario Monti faisait son entrée à Palazzo Chigi sous le regard
bienveillant de l’Eglise italienne. Un nouveau forum de Todi devait se réunir ce 10
janvier dans un hôtel romain. L’invité principal devait être l’actuel président du
conseil salué par l’Osservatore Romano, quotidien du Vatican, comme « l’expression
la plus élevée et noble de la politique ». Tout était donc prêt pour célébrer
ce soutien du monde catholique à la candidature de Mario Monti. Mais à l’avant-veille
du rendez vous tout est annulé et des indiscrétions dans la presse italienne assurent
que le principal intéressé apprenant son invitation avec surprise, n’aurait pas témoigné
d’un enthousiasme débordant.
Derrière un soutien de façade des divergences
de fond ?
Eviter toute instrumentalisation politicienne. C’est la raison
invoquée par les organisateurs pour expliquer l’annulation de « Todi 2 ». La presse
italienne multiplie les hypothèses pour expliquer les coulisses de ce coup de théâtre.
La Repubblica en particulier assure qu’il fallait éviter l’émergence d’une contraction.
L’Eglise multiplie en effet les déclarations assurant sa parfaite neutralité dans
la bataille électorale en prévision du scrutin des 24 et 25 février prochain.
Mais
pour de nombreux observateurs, l’annulation de cette rencontre est le fruit d’un monde
catholique divisé quant à la candidature de Mario Monti. Sur la forme d’abord. Les
velléités de ressusciter une nouvelle Démocratie Chrétienne paraît à beaucoup parfaitement
anachronique. A Andrea Riccardi, ministre du gouvernement Monti mais aussi à Mgr Domenico
Sigalini responsable à la Conférence des évêques italiens de la commission pour les
laïcs. Dans un entretien à la Stampa, il rappelait que les fidèles ne se reconnaissaient
plus dans un unique parti et que l’unité des catholiques relevait du passé. Mieux
vaut peser sur les thèmes chères à l’Eglise en étant représenté sur l’ensemble de
l’échiquier politique. Un agenda des valeurs, de l’éthique et des questions de sociétés
en somme pour compléter l’agenda économique de Mario Monti. Un agenda Monti qui pour
certains, manque cruellement d’un volet social indispensable en ce temps de crise
pour le monde des associations catholiques.
(Photo : Mario Monti, le président
du Conseil italien)