Journée mondiale du Malade : le Pape appelle à être un bon samaritain pour l'autre
L’attention aux personnes malades et souffrantes est une priorité. Le Pape l’a rappelé
dans son message pour la XXIe Journée mondiale du Malade qui sera célébrée en Allemagne
cette année. Le 11 février 2013, mémoire liturgique de Notre-Dame de Lourdes, le Sanctuaire
Marial bavarois d’Altötting accueillera à cette occasion un pèlerinage spirituel.
Dans son message Benoît XVI a voulu témoigner de sa proximité avec les malades
qui « dans les lieux d’assistance et de soins ou aussi à la maison, vivent un moment
difficile d’épreuve à cause de l’infirmité et de la souffrance ». Le Pape interpelle
les fidèles chrétiens et les personnes de bonne volonté afin qu'ils apportent leur
soutien aux autres en particulier à ceux qui ont besoin de soins. Il cite l’exemple
du Bon Samaritain qui « puise dans l’amour infini de Dieu, la force de vivre quotidiennement
une attention concrète envers celui qui est blessé dans son corps et dans son esprit,
celui qui demande de l’aide, même s’il est inconnu et privé de ressources ».
Chacun
est appelé à être un bon samaritain pour l'autre
Le Pape n’oublie pas de
rappeler que ce modèle vaut pour tous les agents de la pastorale et de la santé mais
aussi « pour le malade lui-même qui peut vivre la condition qui est la sienne dans
une perspective de foi ». Chacun est appelé à être un bon samaritain pour l’autre,
pour celui qui se tient à coté de nous. Ainsi Benoît XVI rappelle certaines figures
de l’Eglise qui ont aidé les personnes malades à valoriser leur souffrance : Sainte
Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face, le Vénérable Luigi Novarese, Raoul
Follereau, la bienheureuse Thérèse de Calcutta, sans oublier la Vierge Marie qui jamais
ne perdit l’espérance dans la victoire de Dieu sur le mal, sur la souffrance et sur
la mort.
Enfin Benoît XVI a adressé sa reconnaissance et son encouragement
aux institutions sanitaires catholiques et à la société civile elle-même, aux diocèses,
aux communautés chrétiennes et aux familles religieuses engagées dans la pastorale
de la santé. Le compte rendu de Thomas Chabolle
Message
du Pape :
« Va, et toi aussi, fais de même » (Lc 10, 37)
Chers frères et sœurs ! 1. Le 11 février 2013, mémoire liturgique de Notre-Dame
de Lourdes, on célébrera de façon solennelle au Sanctuaire marial d’Altötting la XXIème
Journée mondiale du Malade. Cette journée est pour les malades, pour les personnels
de santé, pour les fidèles chrétiens et pour toutes les personnes de bonne volonté
« un temps fort de prière, de partage, d’offrande de la souffrance pour le bien de
l’Église et un appel à tous à reconnaître dans les traits du frère malade la Sainte
Face du Christ qui, par sa souffrance, sa mort et sa résurrection a opéré le salut
de l’humanité » (JEAN-PAUL II, Lettre de création de la Journée mondiale du malade,
13 mai 1992, n. 3). En cette circonstance, je me sens particulièrement proche de chacun
de vous, chers malades qui, dans les lieux d’assistance et de soins ou aussi à la
maison, vivez un moment difficile d’épreuve à cause de l’infirmité et de la souffrance.
Qu’à tous, parviennent les paroles rassurantes des Pères du Concile œcuménique Vatican
II : « Vous n’êtes ni abandonnés ni inutiles : vous êtes les appelés du Christ, sa
transparente image » (Message aux pauvres, aux malades, à tous ceux qui souffrent).
2. Pour vous accompagner dans le pèlerinage spirituel qui de Lourdes, lieu
et symbole d’espérance et de grâce, nous conduit au Sanctuaire d’Altötting, je voudrais
proposer à votre réflexion la figure emblématique du Bon Samaritain (cf. Lc 10,25-37).
La parabole évangélique narrée par saint Luc s’insère dans une série d’images et de
récits sur la vie quotidienne, avec lesquels Jésus veut faire comprendre l’amour profond
de Dieu envers chaque être humain, spécialement lorsqu’il se trouve dans la maladie
et la souffrance. Mais, en même temps, avec les paroles qui concluent la parabole
du Bon Samaritain, « Va, et toi aussi fais de même » (Lc 10, 37), le Seigneur indique
quelle est l’attitude que doit avoir chacun de ses disciples envers les autres, particulièrement
s’ils ont besoin de soins. Il s’agit donc de puiser dans l’amour infini de Dieu, à
travers une relation intense avec lui dans la prière, la force de vivre quotidiennement
une attention concrète, comme le Bon Samaritain, envers celui qui est blessé dans
son corps et dans son esprit, celui qui demande de l’aide, même s’il est inconnu et
privé de ressources. Cela vaut non seulement pour les agents de la pastorale et de
la santé, mais pour tous, également pour le malade lui-même, qui peut vivre la condition
qui est la sienne dans une perspective de foi : « Ce n’est pas le fait d’esquiver
la souffrance, de fuir devant la douleur, qui guérit l’homme, mais la capacité d’accepter
les tribulations et de mûrir par elles, d’y trouver un sens par l’union au Christ,
qui a souffert avec un amour infini » (Enc. Spe salvi, 37).
3. Plusieurs Pères
de l’Église ont vu dans la figure du Bon Samaritain Jésus lui-même, et dans l’homme
tombé aux mains des brigands Adam, l’Humanité égarée et blessée par son péché (cf.
ORIGENE, Homélie sur l’évangile de Luc XXXIV, 1-9 ; AMBROISE, Commentaire sur l’évangile
de saint Luc, 71-84 ; AUGUSTIN, Discours 171). Jésus est le Fils de Dieu, Celui qui
rend présent l’amour du Père, amour fidèle, éternel, sans barrières ni limites. Mais
Jésus est aussi Celui qui “se dépouille ” de son “habit divin”, qui s’abaisse de sa
“condition” divine, pour prendre la forme humaine (Ph 2, 6-8), et s’approcher de la
douleur de l’homme, jusqu’à descendre aux enfers, comme nous le récitons dans le Credo,
et porter espérance et lumière. Il ne retient pas jalousement le fait d’être égal
à Dieu, d’être Dieu (cf. Ph 2, 6), mais il se penche, plein de miséricorde, sur l’abîme
de la souffrance humaine, pour verser l’huile de la consolation et le vin de l’espérance.
4. L’Année de la foi que nous sommes en train de vivre constitue une occasion
propice pour intensifier la diaconie de la charité dans nos communautés ecclésiales,
pour être chacun un bon samaritain pour l’autre, pour celui qui se tient à côté de
nous. Dans ce but, je voudrais rappeler quelques figures, parmi les innombrables dans
l’histoire de l’Église, qui ont aidé les personnes malades à valoriser la souffrance
sur le plan humain et spirituel, afin qu’elles soient un exemple et un stimulant.
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face, « experte en scientia amoris
» (JEAN-PAUL II, Lett. ap. Nuovo millenio ineunte, n. 42), sut vivre « en union profonde
avec la Passion de Jésus », la maladie qui la conduira « à la mort à travers de grandes
souffrances » (Benoît XVI, Audience générale, 6 avril 2011). Le Vénérable Luigi Novarese,
dont beaucoup gardent vivant encore aujourd’hui le souvenir, ressentit de façon particulière
dans l’exercice de son ministère l’importance de la prière pour et avec les malades
et les personnes souffrantes, qu’il accompagnait souvent dans les sanctuaires mariaux,
particulièrement à la grotte de Lourdes. Poussé par la charité envers le prochain,
Raoul Follereau a consacré sa vie au soin des personnes atteintes de la maladie de
Hansen jusque dans les endroits les plus reculés de la planète, promouvant entre autre
la Journée Mondiale contre la Lèpre. La bienheureuse Thérèse de Calcutta commençait
toujours sa journée en rencontrant Jésus dans l’Eucharistie, pour sortir ensuite dans
les rues avec le Rosaire en main pour rencontrer et servir le Seigneur présent dans
ceux qui souffrent, spécialement en ceux qui ne sont « ni voulus, ni aimés, ni soignés
». Sainte Anna Schäffer de Mindelstetten sut, elle aussi, unir de façon exemplaire
ses souffrances à celles du Christ : « la chambre de malade se transforma en cellule
conventuelle et la souffrance en service missionnaire… Fortifiée par la communion
quotidienne, elle devint un intercesseur infatigable par la prière, et un miroir de
l’amour de Dieu pour les nombreuses personnes en recherche de conseil » (Homélie pour
la canonisation, 21 octobre 2012). Dans l’Évangile, émerge la figure de la bienheureuse
Vierge Marie, qui suit son Fils souffrant jusqu’au sacrifice suprême sur le Golgotha.
Elle ne perd jamais l’espérance dans la victoire de Dieu sur le mal, sur la souffrance
et sur la mort, et elle sait accueillir avec la même tendresse pleine de foi et d’amour
le Fils de Dieu né dans la grotte de Bethléem et mort sur la croix. Sa ferme confiance
en la puissance divine est illuminée par la Résurrection du Christ, qui donne espérance
à celui qui se trouve dans la souffrance et renouvelle la certitude de la proximité
et de la consolation du Seigneur.
5. Je voudrais enfin adresser ma vive reconnaissance
et mon encouragement aux institutions sanitaires catholiques et à la société civile
elle-même, aux diocèses, aux communautés chrétiennes, aux familles religieuses engagées
dans la pastorale de la santé, aux associations des personnels de santé et du volontariat.
Puisse en tous grandir la conscience que « en accueillant avec amour et générosité
toute vie humaine, surtout si elle est faible et malade, l’Église vit aujourd’hui
un moment capital de sa mission » (JEAN-PAUL II, Exh. ap. postsynodale Christifideles
laici, n. 38).
Je confie cette XXIème Journée mondiale du Malade à l’intercession
de la Vierge Marie, Mère des Grâces vénérée à Altötting, afin qu’elle accompagne toujours
l’humanité souffrante, en quête de soulagement et de ferme espérance ; qu’elle aide
tous ceux qui sont engagés dans l’apostolat de la miséricorde à devenir des bons samaritains
pour leurs frères et sœurs éprouvés par la maladie et par la souffrance. À tous j’accorde
de grand cœur la Bénédiction apostolique.