L’Eglise vénézuélienne veut un respect de la Constitution
Au Venezuela, la maladie, et l’absence qui en résulte, du président Hugo Chavez, continue
de préoccuper la population et ses institutions. Le président de la conférence épiscopale
du Venezuela (CEV), Mgr Diego Padron, archevêque de Maracaibo, n’apprécie pas les
manœuvres de l’exécutif pour contourner l’obligation faite au président élu de prêter
serment le 10 janvier devant l’Assemblée nationale à Caracas comme l’exige la Constitution.
« Ce qui est en jeu, c’est le bien commun du pays et la défense de l’éthique.
Altérer la Constitution pour réaliser un objectif politique est moralement inacceptable
» a notamment déclaré Mgr Padron dans un discours prononcé lors de l’assemblée plénière
de la CEV lundi. Si on s’éloigne de la Constitution, « on s'éloigne aussi de l'institution
et on tombe dans la lutte pour des parts de pouvoir, dans la violence, dans l'anarchie
et l'ingouvernabilité » a-t-il ajouté.
L’Eglise porte-voix des inquiétudes
du peuple
La maladie du président vénézuélien « n’est pas un simple accident
et il ne peut pas se comparer à un quelconque patient » a-t-il précisé. Cette critique
ouverte du gouvernement vise tout particulièrement les propos du vice-président, Nicolas
Maduro, qui a expliqué que Hugo Chavez pourrait rester en fonction et prêter serment
plus tard devant le Tribunal suprême de justice. Cette option a été fraîchement reçue
par l’opposition qui considère que la Constitution doit être appliquée à la lettre
et qu’en cas d’absence d’Hugo Chavez, c’est au président de l’Assemblée nationale,
Diosdado Cabello, d’assurer l’intérim.
Cette déclaration du président de la
CEV n’est pas non plus surprenante. Les relations entre l’épiscopat vénézuélien et
Hugo Chavez n’ont jamais été très bonnes et ont connu des hauts et des bas. C’est
pourquoi, Mgr a tenu à préciser que l’Eglise catholique n’entendait pas entrer dans
le débat sur l’interprétation de la Constitution.
Relations en dent de
scie entre Eglise et pouvoir
Ainsi, fin juillet 2012, l’archevêque de Caracas
avait rencontré quinze membres du comité de coordination de l’Assemblée nationale.
Lors de cette rencontre, le cardinal Urosa avait pu s'exprimer librement, déclarant
notamment que le « socialisme marxiste » prôné par Hugo Chavez s’apparentait au communisme.
Il avait également rappelé que la Constitution du pays garantissait les droits de
chaque citoyen, et donc également des évêques, concernant « la participation libre
» dans la vie nationale, l’accomplissement de « responsabilités sociales » et la «
promotion du bien commun ». Cette rencontre faisait suite à un contentieux plus vieux
entre l’Eglise et le régime portant sur une éventuelle révision du Concordat entre
l’Eglise et l’Etat vénézuélien.
Tout était partie d’un échange peu aimable
entre le cardinal Urosa et le président Chavez. L’archevêque de Caracas s’était attiré
les foudres du gouvernement qu’il avait accusé d’acheminer le pays vers une dictature
marxiste. Le président avait répondu en le traitant de troglodyte et en demandant
la révision du Concordat. (avec l’AFP)
(Photo : Mgr Padron, président
de la CEV au centre, avec à gauche, le cardinal Urosa Savino et Mgr Parolin à droite
le 7 janvier 2013)