2013-01-07 19:46:58

L’Eglise vénézuélienne veut un respect de la Constitution


Au Venezuela, la maladie, et l’absence qui en résulte, du président Hugo Chavez, continue de préoccuper la population et ses institutions. Le président de la conférence épiscopale du Venezuela (CEV), Mgr Diego Padron, archevêque de Maracaibo, n’apprécie pas les manœuvres de l’exécutif pour contourner l’obligation faite au président élu de prêter serment le 10 janvier devant l’Assemblée nationale à Caracas comme l’exige la Constitution.

« Ce qui est en jeu, c’est le bien commun du pays et la défense de l’éthique. Altérer la Constitution pour réaliser un objectif politique est moralement inacceptable » a notamment déclaré Mgr Padron dans un discours prononcé lors de l’assemblée plénière de la CEV lundi. Si on s’éloigne de la Constitution, « on s'éloigne aussi de l'institution et on tombe dans la lutte pour des parts de pouvoir, dans la violence, dans l'anarchie et l'ingouvernabilité » a-t-il ajouté.

L’Eglise porte-voix des inquiétudes du peuple

La maladie du président vénézuélien « n’est pas un simple accident et il ne peut pas se comparer à un quelconque patient » a-t-il précisé. Cette critique ouverte du gouvernement vise tout particulièrement les propos du vice-président, Nicolas Maduro, qui a expliqué que Hugo Chavez pourrait rester en fonction et prêter serment plus tard devant le Tribunal suprême de justice. Cette option a été fraîchement reçue par l’opposition qui considère que la Constitution doit être appliquée à la lettre et qu’en cas d’absence d’Hugo Chavez, c’est au président de l’Assemblée nationale, Diosdado Cabello, d’assurer l’intérim.

Cette déclaration du président de la CEV n’est pas non plus surprenante. Les relations entre l’épiscopat vénézuélien et Hugo Chavez n’ont jamais été très bonnes et ont connu des hauts et des bas. C’est pourquoi, Mgr a tenu à préciser que l’Eglise catholique n’entendait pas entrer dans le débat sur l’interprétation de la Constitution.

Relations en dent de scie entre Eglise et pouvoir

Ainsi, fin juillet 2012, l’archevêque de Caracas avait rencontré quinze membres du comité de coordination de l’Assemblée nationale. Lors de cette rencontre, le cardinal Urosa avait pu s'exprimer librement, déclarant notamment que le « socialisme marxiste » prôné par Hugo Chavez s’apparentait au communisme. Il avait également rappelé que la Constitution du pays garantissait les droits de chaque citoyen, et donc également des évêques, concernant « la participation libre » dans la vie nationale, l’accomplissement de « responsabilités sociales » et la « promotion du bien commun ». Cette rencontre faisait suite à un contentieux plus vieux entre l’Eglise et le régime portant sur une éventuelle révision du Concordat entre l’Eglise et l’Etat vénézuélien.

Tout était partie d’un échange peu aimable entre le cardinal Urosa et le président Chavez. L’archevêque de Caracas s’était attiré les foudres du gouvernement qu’il avait accusé d’acheminer le pays vers une dictature marxiste. Le président avait répondu en le traitant de troglodyte et en demandant la révision du Concordat. (avec l’AFP)


(Photo : Mgr Padron, président de la CEV au centre, avec à gauche, le cardinal Urosa Savino et Mgr Parolin à droite le 7 janvier 2013)








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