Le Pape au Corps diplomatique : Appel pour la Syrie et l'Afrique. L'Europe ne doit
pas oublier les plus pauvres
C’est toujours un moment très attendu en début d’année. La cérémonie des Vœux au Vatican
pour le Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège et le discours que le Pape
adresse aux ambassadeurs. Ce sont 179 Etats qui entretiennent actuellement des relations
diplomatiques complètes avec le Saint-Siège. A qui il faut ajouter l’Union Européenne,
l’Ordre militaire de Malte et le Bureau de l’Organisation pour la Libération de la
Palestine, l’OLP. Ce matin, Benoît XVI n’a pas dérogé à la tradition, le Pape rappelant
d’emblée que l’Eglise, depuis ses origines, embrasse tout l’univers. Et qu’elle cherche
sans cesse d’établir avec tous les pays des rapports fructueux, et un dialogue qui
a à cœur le bien intégral, spirituel et matériel de chaque homme. Le Pape précisant
une fois encore qu’il ne faut pas y voir une ingérence dans la vie des états. Le Pape
s’est alors réjoui des Accords bilatéraux signés en 2012 avec le Burundi et la Guinée
Equatoriale, et de celui ratifié avec le Monténégro. Il a rappelé ses voyages à l’étranger,
au Mexique, à Cuba et au Liban, avait une pensée pour Mgr Madtha, le nonce apostolique
en Côte d’Ivoire péri tragiquement il y a un mois dans un accident de la route. Benoît
XVI entrait ensuite dans le vif de son discours aux ambassadeurs. Le compte-rendu
de Xavier Sartre
Le
Pape appelle à un dialogue constructif en Syrie
C’est du thème de la paix
que Benoît XVI est parti, pour souligner que dans l’optique chrétienne, la paix ne
vient pas d’un simple effort humain, mais participe de l’amour même de Dieu. Et c’est
justement l’oubli de Dieu qui engendre la violence. Aux manifestations de l’oubli
de Dieu on peut associer celles dues à l’ignorance de son vrai visage, qui est la
cause d’un fanatisme pernicieux de matrice religieuse. 2012 n’aura pas été épargnée
par cette falsification de la religion.Mais si la paix est don de Dieu, elle est aussi
tâche de l’homme. Elle requiert sa libre adhésion. Et, le Pape de préciser que c’est
avant tout aux autorités civiles et politiques qu’incombe la grave responsabilité
d’œuvrer pour la paix. Elles sont les premières à être appelées à résoudre les nombreux
conflits qui continuent d’ensanglanter l’humanité, à commencer par le Moyen Orient.
Et de citer la Syrie, en renouvelant son appel à un dialogue constructif pour mettre
fin au conflit et à l’urgence de l’aide humanitaire. Benoît XVI demandait ensuite
aux Israéliens et aux Palestiniens de s’engager pour une cohabitation pacifique dans
le cadre de deux États souverains. Il souhaitait la réconciliation des communautés
d’Irak, la poursuite de la pluralité des traditions religieuses au Liban, le respect
de la liberté religieuse en Afrique du Nord, le pape exprimant aux Égyptiens sa proximité
en cette période de transition. Il n’oubliait pas l’Afrique subsaharienne, et ses
guerres, ainsi la Corne de l’Afrique et l’Est de la RDC. Le Nigeria et ses attentats
terroristes surtout contre des chrétiens. Le Mali, la République Centrafricaine.
Benoît
XVI dénonce les différences croissantes entre riches et pauvres
La construction
de la paix, poursuivait le Pape, passe toujours de nouveau par la protection de l’homme
et de ses droits fondamentaux. Il se félicitait d’une Résolution du Conseil de l’Europe,
en janvier de l’année dernière, pour la prohibition de l’euthanasie, mais il regrettait
l’introduction ou l’amplification dans certains pays de législations qui dépénalisent
ou libéralisent l’avortement. Dans cette réflexion sur les conditions de la paix,
le Pape abordait enfin la crise économique et financière actuelle. Elle s’est développée,
selon lui, parce que le profit a été trop souvent absolutisé, au préjudice du travail,
et qu’on s’est aventuré sans retenue sur les voies de l’économie financière, plutôt
que sur les voies de l’économie réelle. S’attachant au sort de l’Union Européenne,
le Pape déclarait : seuls, certains pays iront peut-être plus vite, mais, ensemble,
tous iront certainement plus loin ! Si l’indice différentiel entre les taux financiers
constitue une préoccupation, les différences croissantes entre un petit nombre, toujours
plus riche, et un grand nombre, toujours plus pauvre, devraient provoquer le désarroi.
Il s’agit, en un mot, de ne pas se résigner au « spread du bien-être social », alors
qu’on combat celui de la finance.
Le respect du droit à l’objection de conscience
est indispensable
Pour conclure, le Pape rappelait que la paix sociale
est aussi mise en péril par certaines atteintes à la liberté religieuse : marginalisation
de la religion dans la vie sociale; intolérance ou même de violence envers des personnes,
des symboles identitaires et des institutions religieuses. Pour sauvegarder effectivement
l’exercice de la liberté religieuse, Benoît XVI réclamait une fois encore le respect
du droit à l’objection de conscience. Indispensable dans toute société qui se veut
vraiment libre et démocratique.
Et au passage, dans l’idée qu’il n’y a pas
de paix sans dialogue, le Pape se félicitait de la Déclaration conjointe entre le
Président de la Conférence épiscopale polonaise et le Patriarche de Moscou, signée
au mois d’août dernier, un signe fort donné par les croyants pour favoriser les relations
entre le Peuple russe et le Peuple polonais. Il mentionnait aussi l’accord de paix
conclu récemment aux Philippines, soulignant le rôle du dialogue entre les religions
pour une cohabitation pacifique dans la région de Mindanao.
Au nom de la charité,
Benoît XVI pensait aussi aux victimes des inondations dans le sud-est de l’Asie et
de l’ouragan qui s’est abattu sur la côte orientale des États-Unis d’Amérique. Il
pensait aussi à ceux qui ont subi le fort tremblement de terre, qui a dévasté certaines
régions de l’Italie septentrionale.
( Photo : Benoît XVI reçoit le Corps
diplomatique au Vatican )