2013-01-03 15:00:09

La contribution de l’Eglise du Congo-Brazzaville au processus de réconciliation


La République du Congo, plus connue par son appellation de Congo-Brazzaville (pour la différencier de la République démocratique du Congo) est, parmi les Etats de l’aire francophone, le 3è à avoir organisé une conférence nationale souveraine. C’était en février 1991. Tout comme cela fut le cas au Bénin, un an auparavant, et au Gabon, le Congo fit lui aussi appel à un Evêque catholique pour aider le pays à ressouder la nation autour des idéaux de paix et de développement.

Ce fut le Jésuite Ernest Kombo, alors Evêque d’Owando, qui fut choisi pour mener les conférenciers vers l’élaboration de règles consensuelles pour la nation. Il fut élu président de la Conférence nationale souveraine et, avec l’approbation de Rome, il fut choisi pour diriger pendant un an la période intérimaire jusqu’aux élections démocratiques pluralistes qui eurent lieu en juillet 1992. Ensuite, il s’écarta et retourna à son diocèse d’Owando, pour vaquer à ses charges plus spécifiquement pastorales. L’expérience, jugée positive par tous, n’allait pourtant pas de soi !

Le Congo – il s’appelait alors République populaire du Congo ! - avait fait le choix du marxisme léninisme en 1969. Le parti unique, le Parti congolais du Travail, avait prééminence sur l’Etat. Il était dirigé par des idéologues qui ne cachaient pas leur hostilité ou, au moins, leur indifférence face à la religion. Certains tenants du marxisme officiel avaient même milité pour l’idée de transformer églises et lieux de catéchisme en salles de cinéma. En 1977, l’unique cardinal de toute l’histoire du pays, le Cardinal Emile Biayenda, Archevêque de Brazzaville, fut même assassiné. Entre l’Eglise et l’Etat régnait alors une méfiance qui, de temps en temps, culminait en violences. Arrestations de prêtres ou de journalistes catholiques, tortures des hommes d’Eglise, expropriation de terrains, censure sourcilleuse contre l’unique journal catholique La Semaine Africaine etc… n’étaient pas rares.

Aussi, l’appel à un Evêque catholique pour « arbitrer » les joutes d’un forum de communistes, d’anti-communistes ou de communistes réformateurs n’était-il pas un exerce évident, à peine un peu plus d’un an après la chute du Mur de Berlin ! Mais l’Evêque sut rallier dirigeants et opposants congolais à l’idée que l’action politique ne pouvait pas se fonder sur l’opposition systématique, ni sur la méfiance violente ; que la Parole de l’Evangile s’adressait à chacun, quelle que soit sa conviction, et restait une parole d’apaisement pour tous.

Surtout, Mgr Ernest Kombo toucha la fibre de toute la Nation congolaise lorsqu’il déclara que, athées ou non, «
les fils d’un même pays peuvent au moins s’accorder suc 3 des 10 Commandements de Dieu qui ont particulièrement bafouées au Congo : Tu ne mentiras point ! Tu ne voleras point ! Tu ne tueras point ! ». Une véritable « standing ovation » salua les propos de l’homme d’Eglise. Le lendemain, les journaux pouvaient titrer : «
le Congo vient enfin de se retrouver en tant que Nation ».

La conduite provisoire des affaires de l’Etat par un Evêque avisé sut épargner au Congo les violences qui ont salué un peu partout en Afrique la recomposition du monde post-bipolaire. Monde politique, société civile et confessions religieuses surent engager un dialogue sans apriori, et asseoir la paix. De fait, dès que Mgr Ernest Kombo remit le pouvoir aux politiques, après avoir dirigé les premières élections démocratiques et pluripartites du pays, le Congo ne tarda pas à plonger dans une première guerre civile (1992). Deux autres allaient suivre en 1993 et en 1997.

Albert Mianzoukouta, Programme Français-Afrique (Radio Vatican)







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