Benoît XVI aux jeunes de Taizé: "Le doute ne fait pas de vous des incroyants!"
L’esprit de Taizé a envahi samedi après-midi la Place Saint-Pierre. Silence, prière,
chants et extraordinaire recueillement, autour de Benoît XVI. Quelque 40 000 jeunes
chrétiens, catholiques, orthodoxes et protestants, venus de toute l’Europe se sont
en effet donné rendez-vous dans la Ville éternelle, pour la 35° étape du pèlerinage
de confiance sur la terre, organisé tous les ans par la Communauté œcuménique fondée
par Frère Roger en 1940.
C’est la première fois depuis 1987 que Rome accueille
une rencontre de Taizé. La précédente s’était déroulée à Berlin en 2011. Temps fort
de cette édition romaine : la rencontre avec Benoît XVI ce samedi en début de soirée.
Malgré la saison, il a fallu l’organiser en plein air, sur la place Saint-Pierre,
en raison de l’affluence. Car aux 40.000 jeunes se sont ajoutés de nombreux fidèles
des paroisses romaines, et d’autres régions italiennes.
Benoît XVI, en diverses
langues, a invité ces jeunes à être coresponsables de l’Eglise, à œuvrer pour l’unité
des chrétiens et pour un monde meilleur, à devenir de petites lumières pour ceux qui
les entourent. « Parfois le mal et la souffrance des innocents créent en vous le doute
et le trouble », leur a-t-il dit. « Et le oui au Christ peut devenir difficile. Mais
ce doute ne fait pas de vous des incroyants ! »
Le Pape demande aux jeunes
de Taizé d’être des chercheurs de communion
C’est un hommage appuyé que
Benoît XVI a rendu à frère Roger : « Témoin infatigable de l’Évangile de paix et de
réconciliation, animé par le feu d'un œcuménisme de la sainteté, frère Roger a encouragé
tous ceux qui passent par Taizé à devenir des chercheurs de communion. » Le Pape
précisait que dès le lendemain de sa mort, il s’était dit que « nous devrions écouter
de l'intérieur son œcuménisme vécu spirituellement et nous laisser conduire par son
témoignage vers un œcuménisme vraiment intériorisé et spiritualisé. » Benoît XVI
invitait alors les jeunes dans le sillage de frère Roger à se faire porteurs de ce
message d'unité, assurant son jeune auditoire de l’engagement irrévocable de l’Eglise
catholique à poursuivre la recherche de chemins de réconciliation pour parvenir à
l’unité visible des chrétiens.
Benoît XVI fait confiance aux jeunes
«
Au retour chez vous, dans vos divers pays, je vous invite à découvrir que Dieu vous
fait coresponsable de son Église, dans toute la diversité des vocations. Cette communion
qu'est le Corps du Christ a besoin de vous et vous y avez toute votre place. C'est
à partir de vos dons, de ce qu'il y a de spécifique à chacun de vous, que l'Esprit
Saint façonne et fait vivre ce mystère de communion qu'est l’Église, en vue de transmettre
la bonne nouvelle de l'Évangile au monde d'aujourd'hui. »
« Chers jeunes amis,
le Christ ne vous retire pas du monde. Il vous envoie là où la lumière fait défaut
pour que vous la portiez à d'autres. Oui, vous êtes tous appelés à être de petites
lumières pour ceux qui vous entourent. Par votre attention à une plus équitable répartition
des biens de la terre, par votre engagement pour la justice et pour une nouvelle solidarité
humaine, vous aiderez ceux qui sont autour de vous à mieux comprendre combien l'Évangile
nous conduit à la fois vers Dieu et vers les autres. Ainsi, avec votre foi, vous contribuerez
à ce que se lève une confiance sur la terre. Soyez donc plein d’espérance ! »
La
proposition originale de frère Aloïs, prieur de la communauté
Frère Aloïs,
dans son intervention, a voulu apporter le témoignage d'espérance d'un grand nombre
de jeunes Africains avec lesquels ils étaient réunis voici un mois à Kigali, au Rwanda.
Ils venaient de 35 pays, entre autres du Congo, du Nord-Kivu, pour vivre un pèlerinage
de réconciliation et de paix. « La grande vitalité de ces jeunes chrétiens est une
promesse pour le futur de l'Église », devait déclarer Frère Aloïs.
Et d’ajouter
: « Ces jeunes Africains ont voulu que nous ramenions avec nous un signe de leur espérance,
des graines de sorgho, pour qu'elles poussent en Europe. Puis-je me permettre, Très
Saint Père, de vous remettre de leur part un petit panier traditionnel rwandais, appelé
« agaseke », avec quelques-unes de ces semences d'espérance venues d'Afrique. Peut-être
pourraient-elles être semées et fleurir dans les jardins du Vatican ? »