Au Gabon, on prie pour les victimes de crimes rituels
Journée très particulière au Gabon vendredi. Pour la première fois, le 28 décembre,
solennité des saints Innocents, est une journée de prière pour les victimes de crimes
rituels. Une initiative de la Commission Justice et Paix de la conférence épiscopale
gabonaise. A Libreville, une marche est organisée et une messe devait également être
célébrée en mémoire des victimes innocentes.
Le problème des crimes rituels
prend de l’ampleur dans le pays et tend à devenir un phénomène de société. Selon l’association
gabonaise de lutte contre les crimes rituels, près de 40 assassinats auraient ainsi
été perpétrés depuis le début de l’année.
Jean-Elvis Ebang Odo est le président
de l’ALCR. Lui-même a perdu son fils, lors d’un crime rituel.
Lors
de leur réunion plénière de janvier 2012, la Conférence épiscopale du Gabon s’est
prononcée sans équivoque contre les crimes rituels qui tendent à être banalisés au
Gabon. Une Journée nationale de prières pour les «victimes innocentes de toute forme
de violence » a été instituée chaque 28 décembre, en la solennité des Saints Innocents,
ces enfants nouveaux nés mis à mort sur ordre du roi Hérode, qui craignait de perdre
son pouvoir temporel, son trône, lors de la Naissance du Messie. Nous vous livrons
in extenso le message de la Commission épiscopale Justice et Paix du Gabon, la première
édition de cette Journée nationale de prières. Thème de ce 28 décembre 2012 : « Protégeons
la vie en luttant contre les crimes rituels ». Conférence Episcopale Nationale
du Gabon Commission Episcopale Justice et Paix Message à l'occasion
de la journée du 28 décembre 2012 Chers fidèles, chers hommes et femmes
de bonne volonté, Nous vous adressons, en cette première célébration de
la journée des saints innocents, ce message qui est le vôtre en tant que frères et
soeurs du Christ et en tant que créatures « à l'image de Dieu ». L'assemblée
plénière des évêques du Gabon, réunis en janvier 2012, avait rappelé l'importance
et la nécessité de protéger la vie des fils et filles du Gabon. Les évêques disaient
: « (...) nous rappelons àtous que nul n'a la droit de disposer
ni desa vie ni de celle d'autrui ». Comme pasteurs,
nosseigneurs ont interpellé tout le monde sur la question épineuse des crimes rituels.
Ils portent atteinte à la dignité humaine. D'où cette parole forte de notre Eglise
: « Nouscondamnons avec fermeté ces pratiquescontraires
à toute valeur humaine etchrétienne. Nous vous invitons à plus desolidarité, à plus de vigilance pour touset surtout pour les
plus vulnérables afinde lutter efficacement contre ces pratiques». Par
la même voix, il a été décrété une « journée de prière pour les victimesinnocentes de toute forme de violence » qui se célèbre le 28 décembre
de chaque année. Pour cette première édition, un programme a été donné à
tous les diocèses. C'est l'occasion de réfléchir sur cette question fondamentale
qui continue de défrayer la chronique. Le thème choisi pour cette année : « Protégeons
la vie enluttant contre les crimes rituels ». Beaucoup
d'efforts ont été faits par le gouvernement dans l'optique de punir les coupables.
La chaîne de culpabilité étant longue et parfois nébuleuse, nous demandons à ceux
qui nous gouvernent de ne ménager aucun effort pour atteindre les objectifs fixés
par les lois de notre pays. La vie est précieuse pour tous. Les lois de
notre pays doivent être en faveur de la protection de la vie de tout être humain.
Bien plus, elles doivent pouvoir conduire à ce que « justice soit faite ». Comme
les évêques nous l'avaient dit, « la vie est un don de Dieu. Elle ne doit en
aucun cas être détruite pour quelque avantage que ce soit ». Frères
et soeurs, « l'homme, en effet, dans son intériorité, transcende l'univers
et est l’unique créature que Dieu a voulue par elle-même. C'est la raison pour laquelle
ni sa vie, ni le développement de sa pensée, ni ses biens, ni ceux qui partagent son
histoire personnelle et familiale ne peuvent être soumis à d'injustes restrictions
dans l'exercice de ses droits et de sa liberté » (Compendiumde
la Doctrine sociale de l'Eglise, n° 133) Notre Seigneur Jésus-Christ n'a
pas hésité à nous sauver. Dans sa mission terrestre, il n'a pas eu peur de redonner
à l'Homme sa dignité. Parfois, en bravant l'ordre établi du sabbat, il a soigné et
guéri les malades et il a libéré l'homme de l'emprise du mauvais. Le Christ, « Verbede Vie » (1Jn 1, 1) nous donne sa vie pour qu’à notre tour, nous puissions
la protéger et faire que tous les hommes aient cette vie qui vient de Dieu. Frères
et soeurs, que cette première journée nous fasse prier pour le changement de mentalités
des commanditaires et des criminels responsables de ces crimes odieux ; qu’elle nous
permette d’entamer une réflexion sur les lois de notre pays en la matière. Que
le Christ, fait homme, soit avec vous ! Joyeux Noël à tous ! Commission
épiscopale Justice et Paix du Gabon