Benoît XVI s'interroge sur les défis de l'éducation
République de Guinée, Saint-Vincent et les Grenadines, Niger, Zambie, Thaïlande, Sri
Lanka. Six pays dont les nouveaux ambassadeurs extraordinaires et non-résidents près
le Saint-Siège ont été reçus jeudi matin par le Pape pour la présentation de leurs
lettres de créances. Benoît XVI s’est adressé à eux de manière collective avec un
discours centré sur l’un des défis de notre époque, l’éducation. Les problématiques
liées à l’autorité des enseignants aujourd’hui contestée, mais surtout les questionnements
face aux nouvelles technologies, qui dans le contexte de l’enseignement, favorisent
souvent la paresse intellectuelle.
Compte-rendu de Bernard Decottignies
L’éducation
se fait aujourd’hui dans des contextes où l’évolution des modes de vie et de connaissance
crée des ruptures humaine, culturelle, sociale et spirituelle inédites dans l’histoire
de l’humanité. Les réseaux sociaux, autre nouveauté, ont tendance à substituer les
espaces naturels de société et de communication en devenant souvent l’unique référence
de l’information et de la connaissance. La famille et l’école ne semblent plus être
le terreau fertile premier et naturel où les jeunes générations puisent la sève nourricière
de leur existence.
L'autorité du corps enseignant est mise à mal
A
cette première constatation, Benoît XVI a ajouté les questions liées aujourd’hui à
l’autorité des enseignants et des professeurs remise en cause. Le Pape s’interrogeant
par ailleurs sur la compétence de certains enseignants, pas exempte de partialité
cognitive et de carence anthropologique, excluant ou diminuant ainsi la vérité sur
la personne humaine. Cette vérité, déclarait Benoît XVI, n’est pas une somme d’éléments
qu’on peut isoler et manipuler selon son goût.
L’école et l’université
semblent être devenues incapables de projets créateurs portant en eux une téléologie
transcendantale apte à séduire les jeunes dans leur être profond, si bien que ceux-ci,
néanmoins inquiets pour leur avenir, sont tentés par le moindre effort, le minimum
suffisant et le succès facile utilisant parfois de manière inappropriée les possibilités
offertes par la technologie contemporaine.
Autre constat du Pape : Beaucoup
voudraient réussir et atteindre vite un statut social et professionnel importants
tout en faisant fi de la formation, des compétences et de l’expérience requises. Mais
le monde actuel et les adultes responsables n’ont pas su leur donner les repères nécessaires.
Le dysfonctionnement de certaines institutions et de certains services publics et
privés ne pourrait-il pas être expliqué par une éducation mal assurée et mal assumée
?
Consolider l'autorité morale et favoriser une saine anthropologie
Benoît
XVI propose alors des pistes : favoriser l’éducation des nouvelles générations grâce
à la promotion d’une saine anthropologie, base indispensable pour toute éducation
authentique. Travailler à la consolidation de l’autorité morale – comprise comme
appel à une cohérence de vie – nécessaire pour une véritable et saine éducation des
jeunes générations. Et le Pape d’ajouter : le droit à une éducation aux justes valeurs
ne doit jamais être nié ou oublié. Le devoir d’éduquer à ces valeurs ne doit jamais
être tronqué ou affaibli par un quelconque intérêt politique national ou supranational.
Avec l’éducation à la rectitude du cœur et de la pensée, les jeunes ont
aussi besoin, aujourd’hui plus que jamais , d’être éduqués au sens de l’effort et
de la persévérance dans les difficultés. Il faut leur apprendre que tout acte que
pose la personne humaine doit être responsable et cohérent avec son désir d’infini,
et que cet acte accompagne sa croissance en vue de la formation à une humanité toujours
plus fraternelle et libérée des tentations individualistes et matérialistes.
Enfin,
Benoît XVI a tenu à rappeler à ces ambassadeurs que l’Église apporte sa contribution
spécifique à la promotion de l’homme par l’éducation des enfants et des jeunes. Et
cela par ses structures éducatives, caritatives et sanitaires, le Pape demandant aux
gouvernants des pays représentés lors de cette audience à continuer à permettre à
l’Église d’y travailler.