Mali : démission du Premier ministre après son arrestation
Le Mali replonge dans la crise politique. Dans la nuit, le Premier ministre Cheik
Modibo Diarra a annoncé sa démission et celle de son gouvernement après avoir été
arrêté chez lui sur ordre du capitaine Amadou Haya Sanogo, le militaire qui renversa
le président Amadou Toumani Touré en mars dernier. Le chef du gouvernement n’a donné
aucune explication à ces derniers événements. On sait juste qu’il devait se rendre
à Paris lundi soir pour y passer des examens médicaux.
Mardi devaient s’ouvrir
des concertations nationales convoquées par le gouvernement de transition de M. Diarra.
Ces discussions avaient pour but d’établir une « feuille de route » pour les mois
à venir entre tous les acteurs politiques, militaires, sociaux et organisations de
la société civile afin de mettre un terme définitif à la crise politique qui paralyse
le Mali depuis le coup d’Etat du 22 mars.
Intervention internationale dans
le Nord ?
L’un des principaux points de désaccords entre le Premier ministre
démissionnaire et l’ancien chef de la junte porte sur l’intervention militaire internationale
censée libérer les territoires du nord du pays aux mains des groupes islamistes. Cheik
Modibo Diarra y est favorable, le capitaine Sanogo y est opposé. Mais pour l’instant
rien ne laisse penser que cette divergence de vue soit l’unique raison du départ du
chef du gouvernement et de son arrestation.
Ce coup de théâtre dans la crise
malienne intervient alors que l’Union européenne a décidé lundi de lancer sa mission
visant à former, entraîner et réorganiser l’armée malienne en pleine déconfiture après
sa défaite face aux groupes islamistes. Cette mission doit se dérouler au cours de
l’année 2013 et son objectif final n’est autre que de reconquérir le Nord. Quatre-cents
militaires européens dont deux-cent cinquante formateurs doivent se rendre au Mali
dès le premier trimestre de l’année prochaine.
Les seuls bénéficiaires de
cette démission semblent être les islamistes qui continuent d’étendre leur emprise
sur tout le Nord, y appliquant la charia avec de plus en plus de rigueur, consacrant
de fait la partition du pays, déjà effective depuis le début de l’année. (avec AFP)