L'Eglise italienne prend fait et cause pour Mario Monti
Le cardinal Angelo Bagnasco, président de la Conférence épiscopale italienne, n’aura
pas tardé à réagir, se disant préoccupé par la démission du Premier ministre italien,
Mario Monti. Dans un entretien publié lundi dans le quotidien milanais "Corriere
della Sera", il demande de "ne pas réduire à néant les sacrifices d’une année".
L'Eglise
est "abasourdie" par l'irresponsabilité de certains hommes politiques italiens qui
"pensent à s'installer alors que la maison brûle encore", a dénoncé lundi le chef
des évêques italiens, dans une critique indirecte à Silvio Berlusconi. "Cela confirme
l'enracinement d'une crise qui n'est pas seulement économique mais culturelle et morale",
a-t-il observé.
Depuis un an, "le gouvernement technique a mis à l'abri (le
pays) de capitulations humiliantes et hautement risquées", a déclaré le cardinal Angelo
Bagnasco, président de la Conférence épiscopale italienne, prenant implicitement la
défense du bilan du gouvernement de techniciens de Mario Monti.
"La plus grande
préoccupation est la tenue de notre pays et donc la cohésion sociale. Jusqu’à quand
l’Italie y parviendra?", s’interroge le cardinal Bagnasco. Il voit la fin anticipée
d’une législature comme un signal négatif pour la politique et pour le pays.
Voir
les fruits de la politique de rigueur
"On ne peut réduire à néant les sacrifices
d’un an, qui sont souvent retombés sur les couches les plus fragiles de la population",
en référence au programme de rigueur du gouvernement Monti, qui a imposé de lourds
sacrifices notamment en matière fiscale aux classes moyennes, en vue d'assainir le
pays.
Pour l’archevêque de Gênes, la politique de rigueur mise en place par
Mario Monti doit être poursuivie. Les grands sacrifices qui ont été demandés doivent
donner des fruits concrets. Le cardinal Bagnasco critique aussi les partis italiens.
"Pendant trop longtemps, les partis ont été incapables de parvenir à des décisions
difficiles et de parler le langage de la franchise, et non celui de la démagogie facile".
Licencier
Mario Monti, une grave erreur
Et comme si la charge du Cardinal Bagnasco
ne suffisait pas, le président de la Commission pour le Travail, la Justice et la
Paix de la Conférence épiscopale italienne est lui aussi monté au créneau dans un
entretien à Radio Vatican. Mgr Giancarlo Bregantini a déclaré que « licencier Mario
Monti en ce moment était une grave erreur, et que la marche à suivre serait plutôt
d’accomplir ce qui est en cours que de l’interrompre, surtout de manière aussi brutale
et polémique. » Il précisait que les « préoccupations exprimées par le Cardinal Bagnasco
n’étaient pas de nature personnelle, mais de nature sociale ».
Mario Monti
a déclaré le 8 décembre au président Giorgio Napolitano son intention de démissionner
dès que le Parlement aura accepté la "loi de stabilité". Il "ne juge pas possible
de poursuivre son mandat et a manifesté en conséquence son intention de présenter
sa démission", indique le communiqué du Quirinal, la présidence de la République.
Sa décision fait suite à l’annonce de Silvio Berlusconi de se présenter aux prochaines
élections législatives, début 2013. (Avec Afp, Agi, Apic/Imedia)