Le dossier des abus sexuels dans l'Eglise à Malte et en Allemagne
Douze victimes d'abus sexuels de la part de membres du clergé à Malte ont réclamé
réparation jeudi à l'Eglise catholique, en donnant un ultimatum d'une semaine au Vatican
pour s'exécuter. Les victimes, qui ont été abusées par deux prêtres dans un orphelinat
dans les années 1980, ont présenté leur requête dans une lettre au tribunal civil
du Vatican.
Leurs agresseurs, Godwin Scerri et Charles Pulis, qui ont été depuis
exclus de l'Eglise, ont été condamnés à 11 ans de prison en août 2011 et se trouvent
en détention. Mais une cour d'appel a suspendu leurs condamnations ce qui a déclenché
la demande des victimes. La lettre a été adressée aux deux prêtres, à la Société
missionnaire de Saint-Paul qui dirige l'orphelinat, l'archidiocèse de Malte, le Premier
ministre maltais Lawrence Gonzi et son ministre de l'Education.
Les plaignants
accusent les autorités d'avoir eu connaissance des abus et ne pas avoir agi, ce qui
a permis aux prêtres de rester en place, avec un contrôle complet sur leurs victimes. Les
premiers cas de pédophilie ont émergé à Malte en 2003.
L'Eglise allemande
publie une étude entamée en 2011
L'Eglise catholique allemande a annoncé
jeudi qu'au moins 66 religieux étaient accusés de centaines d'abus sexuels sur une
période de 10 ans, précisant que la majorité n'étaient pas pédophiles au sens médical
du terme.
La Conférence épiscopale allemande rendait publique une étude commencée
en avril 2011, qui fait partie de travaux scientifiques lancés après la crise de 2010,
lorsque de centaines de personnes ont révélé avoir été victimes d'abus lorsqu'elles
étaient mineures, entre les années 1950 et les années 1980.
Ces religieux se
sont vus reprochés entre 2000 et 2010 un total de 576 abus sexuels commis sur des
enfants et des adultes. Les trois quarts des 265 victimes étaient de sexe masculin
(75%). Elle précise aussi que les abus se sont produits pour la plupart entre les
années 1960 et 1990. Si 24% des victimes étaient exclusivement des enfants, "seuls
quelques cas" d'abus sexuels étaient liés à une pathologie psychologique, comme la
pédophilie, a indiqué le professeur Norbert Leygraf de la section médico-légale de
hôpital de Duisburg-Essen (ouest) qui a dirigé les travaux, cité dans un communiqué.
Selon
le Pr Leygraf, qui a travaillé sur documents et témoignages, mais sans avoir rencontré
les religieux soupçonnés, la pédophilie observée reflète le taux de prévalence de
la société dans son ensemble. Il a souligné que les faits reprochés étaient "particulièrement
hétérogènes", allant de la sortie à la piscine, aux contacts sexuels entre religieux,
jusqu'à la manipulation des organes génitaux de mineurs, la possession et la consommation
de documents pédopornographiques ou l'abus sexuel de personnes incapables de se défendre.
Près
de 9 fois sur 10 (88%) les cas ont été recensés au sein de la paroisse, à l'école
(9%), à l'internat (6%) ou encore au sein de la famille du religieux (5%). L'évêque
de Trêves, Stephan Ackermann, chargé par la Conférence épiscopale, qui regroupe les
27 diocèses allemands, de faire la lumière sur la question, a salué ces premiers résultats
dans un communiqué. Il a dit y voir une "pierre importante à l'édifice" qui permettra
de mener des stratégies de prévention ciblées visant à "soutenir et sécuriser plus
efficacement la protection de l'enfance et de la jeunesse".
Les recherches
ont été menées conjointement par trois structures de psychiatrie médico-légale allemandes,
l'Institut de Duisburg-Essen, l'hôpital universitaire de Berlin et l'Université de
Ulm (sud). Le champ de recherche portait sur 78 certificats psychiatriques transmis
par 21 diocèses. Depuis début 2010, l'Allemagne est secouée par des révélations
d'abus sexuels sur des enfants et des adolescents dans des institutions appartenant
à l'Eglise, surtout catholique. De nombreux fidèles ont depuis tourné le dos à
l'Eglise. L'an passé, 126.488 catholiques en sont formellement sortis, après 181.000
en 2010, selon des chiffres officiels. L'Eglise a offert 5.000 euros aux victimes,
qui ont jugé cette indemnisation insuffisante