Sécularisation, pauvreté, narcotrafic : le Pape pointe du doigt les problèmes du continent
américain
Dimanche soir dans la basilique Vaticane le Pape a salué les participants au congrès
international « Ecclesia in America » organisé par la Commission pontificale pour
l’Amérique latine et les Chevaliers de Colomb. Benoît XVI s’est rendu dans la basilique
vers 19h05 pendant la célébration de la messe d’inauguration du congrès présidée par
le cardinal Ouellet, préfet de la Congrégation de la congrégation pour les évêques
et Président de la Commission pontificale pour l'Amérique latine. Dans son discours
le Pape a rappelé les nombreux défis du continent américain – sécularisation, pauvreté,
narcotrafic – en invitant les fidèles à la nouvelle évangélisation basée sur l’amour
et la vérité du Christ.
Les migrations, la violence, la corruption : les
maux du continent américain
C’est sans détours que le Pape a mis en exergue
les problèmes rencontrés par le continent américain aujourd’hui. Benoît XVI s’exprimant
en espagnol dans un premier temps a rappelé la douloureuse situation de l’Amérique
latine : les migrations, la violence, la corruption, le commerce des armes, la pauvreté
causée par des systèmes économiques, politiques et sociaux « discutables ».
Ces questions importantes qui suscitent la « préoccupation » de l’Eglise méritent
d’être étudiées avec attention a insisté Benoît XVI.
L’Eglise a poursuivi le
Pape en anglais, est convaincue que « la lumière d’une solution appropriée »
ne doit pas être recherchée seulement sur le plan technique, mais exige « une rencontre
avec le Christ vivant » conduisant à des attitudes fondées sur « l'amour et
la vérité ». Ainsi Benoît XVI a invité les participants au congrès à proclamer
sans réserve, librement et avec enthousiasme l’Evangile en Amérique car « il n’y
a pas d’œuvre plus gratifiante et de service plus grand » pour ceux qui « ont
soif de Dieu ».
Il est essentiel a noté le Pape que tous les agents pastoraux
soient purifiés et fortifiés « dans leur vie intérieure » par le biais d'une
relation sincère avec le Seigneur, une catéchèse adéquate et l'apprentissage continu
« fidèle à la parole de Dieu et au Magistère de l'Eglise » afin de répondre
« aux questions et aspirations les plus profondes du cœur humain ».
Le
cardinal Ouellet appelle à rester fidèle au courage des missionnaires du continent
Le
cardinal Marc Ouellet, président de la Commission pontificale pour l'Amérique latine
a lancé un appel de conversion, de communion et de solidarité à l'Eglise américaine,
soulignant l'importance de rester fidèle au courage des missionnaires, des saints
et des martyrs qui ont fait de l'Amérique une «terre sainte», où vivent désormais
« plus de la moitié des catholiques du monde ».
Inauguré en la basilique
Saint-Pierre, le congrès internationale «Ecclesia in America» se tiendra dans la Salle
du Synode au Vatican et prendra fin mercredi 12 décembre, jour de la Fête de la Vierge
de Guadalupe, Mère de toute l'Amérique.
Voici le texte de l'homélie du cardinal
Ouellet : ECCLESIA IN AMERICA Messe d’ouverture du Congrès
international à l’occasion du 15ième anniversaire du Synode des Évêques
sur l’Amérique Basilique Saint-Pierre-de-Rome 9 décembre 2012 « Peuple
de Dieu, voici que le Seigneur va venir pour sauver tous les hommes. Le Seigneur fera
retentir sa parole pour la joie de votre cœur » Accueillons, chers amis,
cette promesse de Dieu qui résonne au cœur de l’Avent et qui nous remplit déjà d’espérance
et de joie. Accueillons-la joyeusement dans la foi de Pierre et de Marie, au centre
de la catholicité, en portant ici les intentions de l’Amérique et sa réponse à l’appel
du pape Jean Paul II: Désormais au seuil du troisième millénaire chrétien, et en
un temps où sont tombées de nombreuses barrières et frontières idéologiques, l'Église
ressent comme un devoir inéluctable d'unir spirituellement, et davantage encore, tous
les peuples qui forment ce grand continent et, en même temps, dans le cadre de la
mission religieuse qui lui est propre, d'impulser un esprit solidaire entre eux tous. Animés
par cette vision prophétique du Bienheureux Jean-Paul II et engagés dans sa réalisation,
nous voici rassemblés, évêques, prêtres, religieuses et laïcs pour faire le point
sur la mise en œuvre de l’Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in America.
Je suis très heureux de vous saluer tous et de vous remercier chaleureusement d’avoir
accepté l’invitation de la Commission pontificale pour l’Amérique latine, secondée
généreusement par la Fraternité des Chevaliers de Colomb, et de consacrer quelques
jours de cet Avent 2012 à la recherche d’une communion plus profonde et d’une solidarité
plus grande entre nos Églises particulières d’Amérique. Le Synode de 1999 a marqué
une étape importante dans le rapprochement et la collaboration effective entre nos
diocèses d’Amérique du nord et du sud. Nous sommes heureux de rendre grâce à Dieu
ici à Saint-Pierre-de-Rome et d’invoquer l’Esprit Saint ensemble avec Notre-Dame de
la Guadalupe et saint Juan Diego, pour une étape ultérieure de nouvelle évangélisation
du grand continent où se trouvent plus de la moitié des catholiques du monde. La
Parole de Dieu de ce deuxième dimanche de l’Avent nous éclaire sur l’esprit et les
attitudes qui doivent nous animer en ces jours de réflexion et d’espérance. Écoutons
le prophète Baruc:Debout, Jérusalem! tiens-toi sur la hauteur, et regarde vers l'orient:
vois tes enfants rassemblés du levant au couchant par la parole du Dieu Saint; ils
se réjouissent parce que Dieu se souvient (Ba 5, 5). La Parole du Dieu saint qui
nous rassemble, c’est le Christ Seigneur, le Désiré des nations. C’est lui qui monte
de l’Orient comme le soleil levant, lui que l’Amérique a rencontré et embrassé il
y a 500 ans, grâce à la tendresse maternelle de Marie qui a daigné se manifester à
Juan Diego sous les traits métissés de Notre-Dame de la Guadeloupe. Touchée au cœur
par la divine miséricorde révélée dans ces traits, l’Amérique marche depuis lors dans
l’espérance du Dieu qui vient dans le Christ, au milieu des espoirs et des défis du
temps présent. Car Dieu a décidé, poursuit le prophète Baruch, que les hautes montagnes
et les collines éternelles seraient abaissées, et que les vallées seraient comblées:
ainsi la terre sera aplanie, afin qu'Israël chemine en sécurité dans la gloire de
Dieu. (Ba 5, 7) Dieu a décidé de sauver son peuple et de le conduire par des chemins
aplanis vers la gloire de son Royaume. C’est pourquoi le Christ a planté sa tente
en Amérique, surtout parmi les pauvres, et Il a établi sa demeure de gloire parmi
ceux et celles qui partagent son amour. Ses grands bras étendus sur les hauteurs du
Cubilete (Leon, Mexique) et du Corcovado (Rio de Janeiro, Brésil) nous font signe
de rester fidèles au courage des missionnaires, à la persévérance des saints et au
sang des martyrs qui ont fait de l’Amérique une terre sacrée. Réjouissons son
divin cœur en accueillant à notre tour le message de Jean-Baptiste: « Préparez le
chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Tout ravin sera comblé, toute montagne et
toute colline seront abaissées. » (Lc 3, 4-5). L’Église en Amérique a besoin de réentendre
l’appel du Synode de 1999 qui vient d’être relancé pour l’Église universelle par le
récent synode sur la nouvelle évangélisation, un appel à la conversion, à la communion
et à la solidarité. Il n’y a jamais eu d’Église vivante sans une conversion permanente
de ses membres à l’Évangile de Jésus Christ; il ne peut y avoir d’Église vivante sans
une communion profonde et fréquente au Corps du Christ, source jaillissante et cristalline
de son unité; il n’y aura pas d’Église rayonnante et missionnaire en Amérique sans
une solidarité plus concrète et créative entre le Nord et le Sud du continent. Nous
sommes conscients de ces défis, nous voulons les relever avec l’audace des enfants
de Dieu qui comptent sur sa grâce. C’est pourquoi notre présence en cette basilique
est d’abord un acte de foi dans l’esprit de l’Année de la Foi; c’est aussi une supplique
à l’Esprit Saint pour la conversion nécessaire de nos Églises à la communion et à
la solidarité entre tous. La parole de saint Paul aux Philippiens nous remplit
d’espérance : « Puisque Dieu a si bien commencé chez vous son travail, je suis persuadé
qu'il le continuera jusqu'à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus. » (Ph
1, 6) Chers amis, accueillons cette parole de réconfort et d’espérance qui sera
confirmée tout à l’heure par notre Saint Père Benoît XVI, successeur de Pierre et
garant de l’unité de toute l’Église. Disposons nos cœurs d’enfants de Dieu à la bénédiction
du Saint Père. La grâce d’unité et de solidarité plus grande entre nos Églises, nous
venons la puiser au charisme d’unité du successeur de Pierre. Il y a quinze ans c’est
lui, en la personne du bienheureux Jean-Paul II, qui a tracé la route de l’Amérique
vers l’unité. Aujourd’hui, c’est encore lui, en la personne de Sa Sainteté Benoît
XVI, qui confirmera notre élan et nos initiatives de nouvelle évangélisation du continent
américain. Rendons grâce à Dieu pour l’unité de l’Église universelle qui habite et
protège la communion et la solidarité de toutes les Églises particulières. Ce
congrès est placé tout spécialement sous le patronage de Notre Dame de Guadalupe,
la Mère des Amériques, l’Étoile de la Nouvelle Évangélisation. Comme ses enfants bien-aimés,
nous lui confions humblement nos besoins et nos projets de nouvelle évangélisation,
avec la certitude qu’elle nous conduira à bon port, à la joie de son Fils promise
aux pauvres. Ainsi, nous dit saint Paul, dans la droiture, vous marcherez
sans trébucher vers le jour du Christ; et vous aurez en plénitude la justice obtenue
grâce à Jésus-Christ pour la gloire et la louange de Dieu. Amen! Marc Cardinal
Ouellet Préfet de la Congrégation pour les Évêques
(Photo
: Le Pape dans la basilique Vaticane lisant son discours aux participants du Congrès
international « Ecclesia in America »)