Benoît XVI : le relativisme génère la violence, pas le monothéisme
(Radio Vatican) Benoît XVI a reçu vendredi matin les membres de la Commission théologique
internationale qui viennent de participer à leur session plénière annuelle sous la
présidence de Mgr Gerhard Ludwig Müller, le préfet de la Congrégation pour la Doctrine
de la Foi. Dans son discours, le Pape a notamment mis en garde contre une mauvaise
interprétation du sensus fidelium, la participation de l’ensemble du Peuple
de Dieu à la mission prophétique du Christ. Il ne s’agit pas d’une sorte d’opinion
publique ecclésiale, qui pourrait contester les enseignements du Magistère. Le sensus
fidei ne peut se développer authentiquement que si le croyant participe pleinement
à la vie de l’Eglise. Cela exige donc une adhésion responsable au Magistère.
Benoît
XVI a souhaité qu’on réagisse avec vigueur contre les préjugés selon lesquels les
religions, en particulier les monothéistes, seraient porteuses de violence parce qu’elles
défendent l’existence d’une vérité universelle. Certains – a-t-il relevé - prétendent
que seul le « polythéisme des valeurs » peut garantir la tolérance et la paix civile
et qu’il respecte l’esprit d’une société démocratique et pluraliste. Pour le Pape,
il est essentiel de rappeler que la foi en un Dieu unique est conforme aux exigences
rationnelles de la réflexion métaphysique, que ces exigences ne sont pas affaiblies,
mais au contraire renforcées par la révélation du mystère du Dieu-Trinité. D’autre
part, par sa vie et par sa mort Jésus montre son refus radical de toute forme de haine
et de violence.
La violence n'est pas inhérente au monothéisme
Si
des formes de violence ont été exercées au nom de Dieu, elles ne doivent pas être
attribuées au monothéisme mais à des facteurs historiques et à l’erreur humaine. C’est
plutôt l’oubli de Dieu qui plonge les sociétés humaines dans une forme de relativisme
qui engendre inéluctablement la violence. Quand on ne permet pas à chacun de se référer
à une vérité objective, le dialogue devient impossible, et la violence, ouverte ou
cachée, devient la règle dans les rapports humains. Sans l’ouverture à la transcendance,
qui permet de trouver des réponses aux interrogations sur le sens de la vie et sur
la manière de vivre selon des principes moraux, l’homme devient incapable d’agir avec
justice et de s’engager en faveur de la paix. La rupture de la relation des hommes
avec Dieu engendre un déséquilibre profond dans les relations entre les hommes eux-mêmes.
Dans son discours, Benoît XVI a par ailleurs souligné que la doctrine sociale
de l’Eglise n’était pas un complément ; elle fait partie de l’ensemble de la doctrine
de la foi. Elle puise ses principes à la source de la foi et s’efforce d’appliquer,
dans la grande diversité des situations sociales, le commandement d’amour de Jésus-Christ.
La théologie a toute sa place dans les universités
Le Pape a
regretté, une fois encore, que dans le contexte culturel actuel certains voudraient
priver la théologie de son statut académique en raison de ses liens intrinsèques avec
la foi ou cherchent à la détacher de sa dimension confessionnelle avec le risque de
la confondre avec les sciences religieuses. La théologie est à la fois confessionnelle
et rationnelle. Sa présence dans les institutions universitaires garantit une vision
ample et intégrale de la raison humaine.
Dans le cadre de l’Année de la Foi,
les membres de la Commission théologique internationale se sont rendus en pèlerinage
à la Basilique Sainte-Marie-Majeure. Ils ont prié pour tous ceux qui s’efforcent de
faire fructifier l’intelligence de la foi au bénéfice de tous les croyants. Ils ont
par ailleurs publié un message qui montre comment les théologiens peuvent participer
à l’élan évangélisateur de l’Eglise en servant fidèlement la vérité de la foi.
Au
début de l’année, la Commission avait publié un document : « La théologie aujourd’hui.
Perspectives, principes et critères », qui présente – a noté le Pape – le code
génétique de la théologie catholique, c’est-à-dire les principes qui définissent son
identité et garantissent son unité dans la diversité de ses productions. Le texte
clarifie les critères à suivre pour une théologie authentiquement catholique, capable
de contribuer à la mission de l’Eglise. (RF)