2012-12-06 08:26:00

À Madagascar, le peuple pris en otage de l'impasse politique


Le blocage politique continue à Madagascar: depuis plus de trois ans, le pays attend des élections et l’affrontement entre les deux Présidents Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana ne fait qu’accroitre les tensions. Il y a quelques jours, l’Église malgache a publié une lettre pastorale dans laquelle elle dénonce sévèrement la classe politique, responsable d’une véritable spoliation des richesses du pays et dont la lutte fratricide prend le peuple en otage.

Dans leur lettre pastorale, les évêques malgaches adoptent un ton sans concession : « Nous constatons chaque jour cette inexistence de l'Indépendance de notre pays » affirment –ils. Les évêques citent quelques exemples de la manière dont l'indépendance nationale est compromise.

Ainsi la spoliation des richesses nationales (« bois de rose, fer, pierres précieuses, pétrole, bœufs et confiscation des terrains ») par le biais de contrats injustes au profit d'intérêts économiques étrangers. Le règne de l'anarchie (« corruption, cambriolages, feux de brousse, assassinats, avortements, prolifération des armes à feu, et agents du service de l'ordre qui profitent de leur pouvoir pour massacrer les pauvres gens »).


Un peuple qui aspire au changement


La lettre propose un certain nombre de suggestions afin de faire sortir Madagascar de la crise : décentralisation administrative préservant toutefois l'unité nationale, renforcement du système éducatif et du système sanitaire, indépendance réelle, en premier lieu culturelle et idéologique (« Ne cherchons pas uniquement à imiter les autres nations ou bien à attendre continuellement des aides extérieures, mais servons-nous de nos capacités pour exploiter nos richesses et pour rechercher nous mêmes des solutions à nos difficultés »


L’histoire politique du peuple malgache est ainsi celle d’un pays privé de ses droits et où la communauté internationale a aussi sa part de responsabilité, comme l’affirme le père Sylvain Urfer. Ce jésuite installé dans l’île en 1974 a crée le SEFAFI à Tananarive, un observatoire de la vie publique qui produit de nombreuses analyses sur la vie politique et socio-économique de Madagascar. Le père Sylvain Urfer est interrogé par Olivier Bonnel RealAudioMP3

(Photo: des manifestants dénonçant le blocage politique, le 19 mai 2012 à Tananarive, la capitale malgache)







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