À Madagascar, le peuple pris en otage de l'impasse politique
Le blocage politique continue à Madagascar: depuis plus de trois ans, le pays attend
des élections et l’affrontement entre les deux Présidents Andry Rajoelina et Marc
Ravalomanana ne fait qu’accroitre les tensions. Il y a quelques jours, l’Église malgache
a publié une lettre pastorale dans laquelle elle dénonce sévèrement la classe politique,
responsable d’une véritable spoliation des richesses du pays et dont la lutte fratricide
prend le peuple en otage.
Dans leur lettre pastorale, les évêques malgaches
adoptent un ton sans concession : « Nous constatons chaque jour cette inexistence
de l'Indépendance de notre pays » affirment –ils. Les évêques citent quelques exemples
de la manière dont l'indépendance nationale est compromise.
Ainsi la spoliation
des richesses nationales (« bois de rose, fer, pierres précieuses, pétrole, bœufs
et confiscation des terrains ») par le biais de contrats injustes au profit d'intérêts
économiques étrangers. Le règne de l'anarchie (« corruption, cambriolages, feux de
brousse, assassinats, avortements, prolifération des armes à feu, et agents du service
de l'ordre qui profitent de leur pouvoir pour massacrer les pauvres gens »).
Un
peuple qui aspire au changement
La lettre propose un certain nombre
de suggestions afin de faire sortir Madagascar de la crise : décentralisation administrative
préservant toutefois l'unité nationale, renforcement du système éducatif et du système
sanitaire, indépendance réelle, en premier lieu culturelle et idéologique (« Ne cherchons
pas uniquement à imiter les autres nations ou bien à attendre continuellement des
aides extérieures, mais servons-nous de nos capacités pour exploiter nos richesses
et pour rechercher nous mêmes des solutions à nos difficultés »
L’histoire
politique du peuple malgache est ainsi celle d’un pays privé de ses droits et où la
communauté internationale a aussi sa part de responsabilité, comme l’affirme le père
Sylvain Urfer. Ce jésuite installé dans l’île en 1974 a crée le SEFAFI à Tananarive,
un observatoire de la vie publique qui produit de nombreuses analyses sur la vie politique
et socio-économique de Madagascar. Le père Sylvain Urfer est interrogé par Olivier
Bonnel
(Photo: des
manifestants dénonçant le blocage politique, le 19 mai 2012 à Tananarive, la capitale
malgache)