2012-12-06 12:24:07

Investir plus et mieux dans l'agriculture pour réduire la faim


Investir davantage et mieux dans l'agriculture est l'un des meilleurs moyens de réduire la faim et la pauvreté tout en sauvegardant l'environnement. Tel est le message clé du rapport annuel de la FAO sur a situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2012, présenté jeudi à la presse à Rome. Dans un monde qui compte plus d'un milliard d'agriculteurs, ces derniers - qui sont, en fait, les plus gros investisseurs dans l'agriculture - devraient être au centre de toute stratégie d'investissement agricole, souligne le rapport. Mais les investissements des agriculteurs sont souvent bridés par un environnement économique défavorable.

«Une nouvelle stratégie d'investissement centrée sur les producteurs agricoles est absolument nécessaire», a déclaré M. José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO. «Le défi consiste à canaliser les investissements vers des secteurs où il peuvent faire la différence. Cela est important pour s'assurer que les investissements procurent des gains économiques et sociaux élevés tout en préservant durablement l'environnement.

Rentabilité des investissements agricoles

De nouvelles données compilées pour ce rapport montrent que les agriculteurs dans les pays à faibles et moyens revenus investissent dans leurs exploitations agricoles plus de 170 milliards de dollars par an, soit environ 150 dollars par personne. C'est trois fois plus que toutes les autres sources d'investissement cumulées, quatre fois plus que les contributions du secteur public, et plus de 50 fois plus que l'aide publique au développement reçue par ces pays.

L'investissement dans l'agriculture est certainement rentable, selon le rapport de la FAO. A titre d'exemple, au cours des 20 dernières années, les pays ayant les taux les plus élevés d'investissement dans les exploitations agricoles ont réalisé les progrès les plus significatifs pour réduire la faim de moitié, un des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

Les régions où la faim et l'extrême pauvreté sont les plus répandues - Asie du Sud et Afrique subsaharienne - ont vu leurs taux d'investissement agricole stagner ou décliner ces trente dernières années.

«Des données récentes montrent des signes d'amélioration mais l'éradication de la faim, notamment dans ces régions, et sa disparition durable nécessitent à la fois des augmentations substantielles du niveau des investissements dans les exploitations agricoles et des améliorations spectaculaires du volume et de la qualité de l'investissement public dans l'agriculture», indique le rapport.

Surmonter les obstacles

Dans de nombreux pays à faibles et moyens revenus, les agriculteurs sont souvent confrontés à la faiblesse des incitations à investir, ajoute le rapport.

Un certain nombre de facteurs peuvent réduire considérablement les incitations à investir, notamment la mauvaise gouvernance, l'absence d'un Etat de droit, un niveau élevé de corruption, des droits de propriété incertains, des pratiques commerciales arbitraires, une forte taxation de l'agriculture par rapport à d'autres secteurs et des infrastructures rurales ainsi que des services publics inadaptés et médiocres.

Les petits exploitants agricoles sont souvent confrontés à des contraintes spécifiques graves, notamment l'extrême pauvreté, des droits de propriété incertains et un faible accès aux marchés et aux services financiers.

Il convient, selon le rapport, de surmonter ces obstacles pour libérer tout le potentiel d'investissement des agriculteurs dans un grand nombre de zones rurales. Le rapport recommande de se concentrer sur un certain nombre de priorités afin de favoriser l'investissement des petits exploitants, à savoir:

les gouvernements et leurs partenaires en matière de développement doivent aider les petits exploitants agricoles à mobiliser leurs propres économies et à améliorer leur accès au crédit;
le renforcement des organisations de producteurs telles que les coopératives permettrait à celles-ci d'aider les petits exploitants à faire face aux risques et à accéder plus facilement aux marchés;
la protection sociale contribue aussi à l'amélioration des avoirs des agriculteurs pauvres.
Une meilleure utilisation des deniers publics

Le rapport exhorte les gouvernements, qui sont en fait la deuxième source d'investissements dans l'agriculture, ainsi que les bailleurs de fonds à allouer les deniers publics (limités par nature) à des postes de dépense fortement favorables à la croissance agricole et à la réduction de la pauvreté, notamment la recherche-développement agricole, les infrastructures rurales et l'éducation.

On constate que dans beaucoup de pays l'investissement dans ces postes procure souvent «des rendements beaucoup plus élevés que les subventions sur les intrants agricoles tels que les engrais». Bien que ces subventions soient populaires politiquement, elles n'offrent généralement pas les rendements les plus performants.

Des investissements sur une grande échelle

Le rapport appelle les gouvernements, les organisations internationales, la société civile et les investisseurs à s'assurer que les grands investissements dans l'agriculture - comme l'acquisition de terres par des entreprises et des fonds privés - sont transparents, responsables, bénéfiques socialement et durable écologiquement.

«Le mot clé est la bonne gouvernance. Nous devons faire en sorte que les investissements répondent à un certain nombre de conditions qui leur permettraient de contribuer à la sécurité alimentaire et au développement local durable», a dit à ce propos le Directeur général de la FAO.

Des instruments comme les nouvelles Lignes directrices volontaires pour la gouvernance responsable de la tenure des terres, des pêches et des forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale, adoptées par le Comité sur la sécurité alimentaire mondiale (CSA), offrent aux gouvernements et aux communautés le soutien nécessaire pour la négociation de contrats profitables et respectueux des droits, des moyens de subsistance et des ressources des personnes les plus vulnérables.

A signaler aussi que le CSA a lancé un processus d'élaboration et de large appropriation de principes pour un investissement agricole responsable, principes qui promeuvent les investissements agricoles en faveur de la sécurité alimentaire et de la nutrition, tout en soutenant la réalisation progressive du droit à une alimentation adéquate dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale.










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