Il y a quinze ans s’achevait le Synode des évêques pour l’Amérique à partir duquel
Jean-Paul II publia l’exhortation post-synodale Ecclesia in America. A cette occasion,
mais aussi en cette Année de la Foi et en plein anniversaire des cinquante ans du
Concile Vatican II, la Commission pontificale pour l’Amérique latine, et les Chevaliers
de Colomb organisent, avec le concours de l’Institut supérieur des études guadeloupéen,
un congrès international un congrès international Ecclesia in America qui se tiendra
au Vatican du 9 au 12 décembre.
Déjà en 1992, Jean-Paul II affirmait que «
l’Eglise, désormais au seuil du troisième millénaire chrétien et à une époque où tant
de barrières et frontières idéologiques sont tombées, perçoit comme un devoir impérieux
d’unir bien davantage spirituellement tous les peuples qui forment ce grand continent,
et, en même temps, de promouvoir un esprit de solidarité entre eux, en partant de
la mission religieuse qui lui est propre ».
Revenir à l’exhortation apostolique,
« réexaminer l’intuition prophétique de Jean-Paul II et les contenus fondamentaux
de l’exhortation Ecclesia in America » : voilà les objectifs assignés à ce congrès
par le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques et président
de la Commission pontificale pour l’Amérique latine. C’est à ce dernier titre que
le cardinal canadien participe à cette rencontre qui verra converger vers Rome plus
de 250 participants dont une quarantaine de prélats.
Communion et coopération
plus grande
L’unité de l’Eglise et des chrétiens semble bien la préoccupation
majeure des organisateurs de ce congrès. Le chevalier suprême de l’ordre des Chevaliers
de Colomb, Carl Anderson, a rappelé qu’il y avait « un continent, un patrimoine commun
» qui est le christianisme. Le cardinal Ouellet, qui connaît bien l’Amérique latine
pour y avoir notamment enseigné, a souligné que « ce congrès est un symbole de comment
l’Eglise doit être ». Face aux nombreux défis que l’Eglise doit affronter, comme «
la sécularisation, l’impact de la culture mondiale toujours plus lointaine et hostile,
la prolifération des sectes », « le patrimoine de foi chrétienne a toujours plus besoin
d’être revitalisé, reformulé, et réactualisé » a expliqué le cardinal Ouellet.
Le
temps où le Nord regardait ailleurs ou avec une certaine inquiétude le Sud est fini.
Les problématiques sont communes et les dossiers doivent être affrontés via une «
communion et une coopération plus grande ». Le président de la Commission pontificale
pour l’Amérique latine détaille ainsi les enjeux en présence : « l’immigration latino-américaine
vers les Etats-Unis ; le trafic de drogue et les politiques pour le combattre ; l’augmentation
de la violence surtout parmi les plus jeunes ; la culture de la vie et l’institution
de la famille qui souffrent d’une grave agression partout sur le continent ; la liberté
religieuse qui préoccupe aussi un peu partout ; les situations criantes de pauvreté
et de misère ».
Sans unité pas d’action missionnaire ou sociale
Face
à tous ces maux, le mot d’ordre est donc « le sens de la communion au sein de chaque
Eglise et entre Eglises » comme l’a souligné le cardinal Ouellet. « Sans une vraie
et forte unité, il n’y a pas d’action, ni missionnaire ni sociale », a-t-il ajouté.
Le fait que ce congrès sur l’Amérique, de l’Alaska à la Terre de Feu, se déroule au
Vatican montre « la sollicitude universelle d’Eglise qui représentent plus de 50%
des catholiques du monde entier, dans la fidélité au Successeur de Pierre » a conclu
le préfet de la Congrégation pour les évêques.
C’est donc à une grande réflexion
que vont se livrer cardinaux, archevêques et évêques de tout le continent américain,
les supérieurs des divers dicastères de la Curie romaine, les supérieurs généraux
et les supérieures générales des congrégations religieuses, les recteurs et les délégués
des collèges pontificaux et autres personnalités du continent.
Le père Luc
Lalire, en charge du pôle Amérique latine de la Mission universelle de la Conférence
des évêques de France, reconnaît qu’il existe bien un désir d’unité déjà au niveau
d’un pays mais aussi au niveau d’un diocèse. En outre, « il y a une méconnaissance
des communautés à l’intérieur même des pays mais aussi entre pays ». Autre fait marquant
: « on constate un abandon de la foi parmi la nouvelle génération, au-delà du fait
que des fidèles rejoignaient déjà d’autres confessions, notamment les évangélistes
» souligne le père Lalire.
Le père Luc Lalire revient sur les principaux
thèmes abordés lors de la présentation du congrès international Ecclesia in America.
Il est interrogé par Xavier Sartre
(Photo
: une image de la Vierge de Guadalupe, sainte patronne des Amériques)