Point de vue : un jeune français rencontre les chrétiens d'Orient
Nous vous faisions découvrir il y a quelques mois, le projet « 1001 foi », le périple
de deux jeunes français, Vincent et Maxime, à travers le Moyen-Orient, à la rencontre
des communautés chrétiennes locales. L’aventure humaine et spirituelle a commencé
en septembre, au lendemain de la visite de Benoît XVI au pays du Cèdre. Vincent est
finalement seul, à bord de sa 4L customisée, à parcourir les 21 000 kilomètres prévus
: d’abord le Liban, puis la Turquie, et l’Irak, où il a séjourné près d’un mois avant
de se rendre dans l’ouest iranien. Nous avons réussi à le joindre par téléphone.
Il confie à Manuella Affejee ses premières expériences en Turquie et en Irak, revient
sur les nombreuses rencontres qui l’ont marqué, et sur les diverses réalités qui lui
ont été données de voir.
Les chrétiens oubliés de Turquie
Première
étape en Turquie : Antakya, ou Antioche, haut-lieu du christianisme antique. Là, fleurit
une des premières communautés de fidèles ; ils y reçurent pour la première fois le
nom de « chrétiens » (Actes des Apôtres 11, 26). Cette présence chrétienne pluriséculaire
se voit aujourd’hui réduite à peau de chagrin. Vincent a en effet rencontré les quelque
80 chrétiens de rite latin qui y restent, et qui se réunissent dans une simple salle
: « ils sont tolérés, mais vivent de manière un peu cachée ». Poursuivant sa route
vers le Kurdistan turc, Vincent découvre une communauté beaucoup plus importante de
chrétiens de rite syriaque orthodoxe, porteurs d’une liturgie résolument différente
du rite latin. « Ils chantent et prient en araméen, la langue du Christ, c’est très
proche des Juifs, ils prient autour du Livre… Sur le plan personnel, c’était très
beau et très fort ». Outre la beauté d’une liturgie, c’est la réalité, difficile,
vécue par cette communauté que perçoit Vincent. Une réalité marquée par divers problèmes
de discrimination, de litiges sur les terres, ou de volonté d’expropriation du gouvernement,
avec laquelle les syriaques orthodoxes doivent composer. Beaucoup se laissent tenter
par les sirènes de l’émigration, si bien que sur les 60 000 fidèles que l’on comptait
dans les années 1960, il n’en reste plus que 3 000.
Ecoutez :
L’Irak
: l’hémorragie chrétienne continue
Autre étape du voyage, autre réalité.
Vincent arrive à Erbil, dans le Kurdistan irakien, lieu-refuge de nombreux chrétiens.
« Avant, les chrétiens étaient à peu près 800 000 ; depuis la chute de Saddam Hussein,
depuis la guerre, explique Vincent, ils sont moitié moins, soit 300-400 000 ». Victimes
de vagues d’attentats ciblés, de menaces et d’intimidation, beaucoup ont choisi la
fuite, l’exil, ou sont remontés dans le nord de l’Irak, où ils bénéficient d’une relative
tranquillité. « Ici le futur n’est pas rose pour les chrétiens, témoigne Vincent.
La plupart cherchent à émigrer (…), les villages se dépeuplent, je suis arrivé dans
des villages où les rues étaient désertes, ça fait un peu mal au cœur ». L’émigration
n’est pas choisie de gaieté de cœur, loin s’en faut ; mais la précarité constante,
auxquelles s’adjoignent les difficultés économiques, poussent des familles entières
à partir en Europe, au Canada, en Australie. « Ces gens sont attachés à leur terre,
ils partent à contre-cœur, et personne n’en parle », constate encore Vincent. C’est
bel et bien le futur d’une communauté entière qui est menacé.
Des rencontres,
des rites, et le Livre d’Orient
Vincent se familiarise aussi avec les richesses
du christianisme d’Orient, au travers de rencontres mémorables et touchantes, au travers
aussi du pluralisme fascinant des rites assyrien, syriaque, chaldéen, etc. Passée
la barrière de la méfiance instinctive, -le fait de partir à la rencontre des chrétiens
d’Orient dans une 4L bariolée est pour le moins inhabituel !-, les chrétiens n’hésitent
pas à se confier à Vincent, et participent volontiers à l’écriture du Livre d’Orient,
lequel recueille pléthore d’intentions de prières et de témoignages. L’aventure
suscite l’intérêt : la page facebook et le blog de 1001 foi attirent toujours plus
de visiteurs, notamment « des gens d’ici, d’Orient, d’Irak, de Turquie, du Liban,
précise Vincent. Ca marche et ça fait plaisir ! »
Ecoutez :
Vous
pouvez suivre, et soutenir, le voyage de Vincent via la page facebook, et le blog
de 1001 Foi.