2012-11-19 13:35:58

Editorial européen : pauvreté et exclusion sociale en Europe


D’Athènes à Lisbonne, de l’Italie à l’Espagne, des centaines de milliers de citoyens européens sont descendus dans la rue pour protester contre les politiques d’austérité, préoccupés par leur avenir et celui de leurs enfants. Dans ce contexte, l’UER, agence qui réunit les radios et télévisions européennes et d’autres pays du monde, organise le 29 novembre une journée de sensibilisation sur le thème « Pourquoi la pauvreté ? ». Lors de cette mobilisation, à laquelle Radio Vatican participera, des documentaires télévisuels, des émissions radios, et des initiatives sur le web et sur les réseaux sociaux seront diffusés.


La crise, évidemment, n’est plus seulement économique. Elle touche le modèle de société et l’éthique dans les rapports individuels et collectifs. C’est une crise qui met en question les classes dirigeantes et le monde du travail, le monde politique et la société civile, les églises et les communautés des autres religions. Avec des conséquences inattendues. Nous sommes tous contraints d’assumer des responsabilités de manière égale . Une prise de responsabilité qui pourrait se résumer en trois mots : sobriété, justice et charité.

Il devient de plus en plus évident que les comportements individuels et collectifs induisent les choix des politiques, du monde économiques et des administrations. C’est pour cela que sont utilisés aujourd’hui les moyens de communication pour orienter de tels comportements. La sobriété implique le respect de la dignité des personnes comme des ressources matérielles, la politesse envers ces personnes ; elle exige un usage qui soit bénéfique à tous et pas seulement à soi-même.

Si l’on regarde les chiffres, les données sont éloquentes. En Europe, 80 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, soit 16 % de la population européenne. La majorité sont des femmes et des enfants qui sont à eux seuls environ vingt millions.

Nous devons donc faire une place à la justice, « qui conduit à donner à l’autre ce qui est à « lui », ce qui lui revient en raison de son être et de ce qu’il fait », comme l’a écrit Benoît XVI dans l’encyclique Caritas in Veritate, sur le développement humain intégral. Le chômage, en augmentation parmi les jeunes, les immigrés et les personnes peu qualifiées, n’est pas seulement un problème économique. Il prive ces personnes de leur place dans la société, humilie leur possible contribution à la croissance des pays respectifs, les empêche d’être des acteurs de leur propre avenir et de celui de leurs familles. Dans cette situation bloquée, le risque d’alimenter, comme l’ont écrit les évêques italiens, « la colère des personnes honnêtes, auquel s’ajoute le cri des exclus, de ceux qui se sentent aujourd’hui fondamentalement étrangers à la société, sans parole, inaudibles », existe.

L’Union européenne a appelé sa plateforme contre la pauvreté et l’exclusion sociale, un cadre européen pour la cohésion sociale et territoriale. Comme il s’agit d’hommes et de femmes, ajoutons que dans ce cadre-là, la charité peut être reconnue comme un élément fondamentalement important dans les relations humaines, même de nature publique, pour motiver l’espoir et stimuler le concours de tous. Comme l’a rappelé Benoît XVI, la « cité de l’homme » n’est pas seulement soutenue par des rapports de droits et de devoirs, mais d’abord et avant tout par des relations de gratuité, de miséricorde et de communion.

Ce développement des peuples dépend surtout de la reconnaissance du fait que nous sommes une seule et même famille qui collabore en vraie communion et qui est constituée de sujets qui ne vivent pas simplement l’un à côté de l’autre.

Pietro Cocco







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