Editorial européen : pauvreté et exclusion sociale en Europe
D’Athènes à Lisbonne, de l’Italie à l’Espagne, des centaines de milliers de citoyens
européens sont descendus dans la rue pour protester contre les politiques d’austérité,
préoccupés par leur avenir et celui de leurs enfants. Dans ce contexte, l’UER, agence
qui réunit les radios et télévisions européennes et d’autres pays du monde, organise
le 29 novembre une journée de sensibilisation sur le thème « Pourquoi la pauvreté
? ». Lors de cette mobilisation, à laquelle Radio Vatican participera, des documentaires
télévisuels, des émissions radios, et des initiatives sur le web et sur les réseaux
sociaux seront diffusés.
La crise, évidemment, n’est plus seulement
économique. Elle touche le modèle de société et l’éthique dans les rapports individuels
et collectifs. C’est une crise qui met en question les classes dirigeantes et le monde
du travail, le monde politique et la société civile, les églises et les communautés
des autres religions. Avec des conséquences inattendues. Nous sommes tous contraints
d’assumer des responsabilités de manière égale . Une prise de responsabilité qui pourrait
se résumer en trois mots : sobriété, justice et charité.
Il devient
de plus en plus évident que les comportements individuels et collectifs induisent
les choix des politiques, du monde économiques et des administrations. C’est pour
cela que sont utilisés aujourd’hui les moyens de communication pour orienter de tels
comportements. La sobriété implique le respect de la dignité des personnes
comme des ressources matérielles, la politesse envers ces personnes ; elle exige un
usage qui soit bénéfique à tous et pas seulement à soi-même.
Si l’on regarde
les chiffres, les données sont éloquentes. En Europe, 80 millions de personnes vivent
sous le seuil de pauvreté, soit 16 % de la population européenne. La majorité sont
des femmes et des enfants qui sont à eux seuls environ vingt millions.
Nous
devons donc faire une place à la justice, « qui conduit à donner à l’autre
ce qui est à « lui », ce qui lui revient en raison de son être et de ce qu’il fait
», comme l’a écrit Benoît XVI dans l’encyclique Caritas in Veritate, sur le développement
humain intégral. Le chômage, en augmentation parmi les jeunes, les immigrés et les
personnes peu qualifiées, n’est pas seulement un problème économique. Il prive ces
personnes de leur place dans la société, humilie leur possible contribution à la croissance
des pays respectifs, les empêche d’être des acteurs de leur propre avenir et de celui
de leurs familles. Dans cette situation bloquée, le risque d’alimenter, comme l’ont
écrit les évêques italiens, « la colère des personnes honnêtes, auquel s’ajoute le
cri des exclus, de ceux qui se sentent aujourd’hui fondamentalement étrangers à la
société, sans parole, inaudibles », existe.
L’Union européenne a appelé sa
plateforme contre la pauvreté et l’exclusion sociale, un cadre européen pour la cohésion
sociale et territoriale. Comme il s’agit d’hommes et de femmes, ajoutons que dans
ce cadre-là, la charité peut être reconnue comme un élément fondamentalement
important dans les relations humaines, même de nature publique, pour motiver l’espoir
et stimuler le concours de tous. Comme l’a rappelé Benoît XVI, la « cité de l’homme
» n’est pas seulement soutenue par des rapports de droits et de devoirs, mais d’abord
et avant tout par des relations de gratuité, de miséricorde et de communion.
Ce
développement des peuples dépend surtout de la reconnaissance du fait que nous sommes
une seule et même famille qui collabore en vraie communion et qui est constituée de
sujets qui ne vivent pas simplement l’un à côté de l’autre.