Le Sierra Leone élit son président, 10 ans après la guerre civile
Ce samedi, de longues files d'attente s'étendent devant les bureaux de vote, qui ont
ouvert ce matin, dans la capitale, comme en province au Sierra Leone. Certains électeurs
ont fait la queue plus de 20 heures pour participer aux élections générales, présidentielles,
législatives, municipales et régionales qui ont lieu ce samedi. 2.6 millions de Sierra
Leonais sont appelés à se rendre aux urnes.
Un bulletin pour tester la démocratie
Il
s’agit du premier scrutin organisé par les seules autorités du Sierra Leone, mais
de la troisième élection présidentielle depuis la fin de la guerre qui a ravagé le
pays entre 1991 et 2002, faisant quelques 120 000 morts. Huit candidats sont en lice
pour la présidence, mais les rues de Freetown ont revêtit les couleurs des partis
des deux principaux candidats.
Le président sortant et candidat du Congrès
de tout le peuple (APC), Ernest Bai Koroma brigue à 59 ans un second et dernier mandat.
Cet ancien entrepreneur peut se vanter d’avoir su attirer de nombreux investisseurs
étrangers dans le pays, permettant ainsi le développement des infrastructures et de
l’électricité dans son pays. Plébiscité en 2007, lors du précédent scrutin, par la
jeunesse du Sierra Leone, celle-ci pourrait cependant, selon les analystes, lui retirer
ses voix lors du scrutin d’aujourd’hui.
Le vote des jeunes sera décisif
«
Tout le monde ne va pas profiter des routes, car tout le monde n’a pas de véhicule
», raconte à l’agence France Presse un des partisans de Julius Maada Bio. A 48 ans,
le candidat du premier parti d’opposition, le Parti du Peuple de Sierra Leone (SLPP)
aurait séduit une large partie de la jeunesse se trouvant sans emploi - entre 60 et
65% des jeunes sont au chômage dans le pays, mais aussi de la population la plus pauvre.
70 % des Sierra Leonais vivent également sous le seuil de pauvreté, dans un pays qui
possède pourtant d’importantes ressources, mine de bauxite, diamant, fer, or et pétrole.
Bilan
du mandat de Komora : des améliotations "cosmétiques" selon ses détracteurs
Julius
Maada Bio est un ancien général et co-auteur d’un putsch en 1992, dirigeant brièvement
ensuite une junte militaire en 1996 avant de rendre le pouvoir aux civils. Il accuse
le président sortant de ne pas avoir su enrayer la corruption et a averti, lors de
son dernier meeting à Freetown jeudi dernier, qu’il ne tolèrerait aucune fraude lors
de la présidentielle. En 2007, le SLPP avait dénoncé des irrégularités dans 500
bureaux de vote. Les observateurs ont estimé à l’époque que cela ne remettait pas
en cause le résultat des urnes et la victoire d’Ernest Komora.
(Photo :
les électeurs font la queue pour aller voter à Freetown)