En Belgique, les élèves musulmans aiment l'école catholique
L’Europe se déchristianise, l’islam avance. Certains prophètes de malheur tirent la
sonnette d’alarme et seraient peut-être tentés de déclencher une guerre de religion.
Mais sur le terrain, la réalité réserve parfois des surprises et des occasions de
rencontre insoupçonnées.
Ainsi, dans certaines écoles catholiques de Belgique,
les élèves de confession musulmane sont aujourd’hui majoritaires. Il y a des crucifix
dans les salles de classe et pourtant les élèves musulmans s’y sentent plus libres
que dans les écoles publiques - explique le correspondant à Bruxelles du quotidien
italien Corriere della sera.
Selon les sociologues et les instituts de sondage,
les parents musulmans préfèrent les institutions catholiques parce qu’ils les considèrent
comme de meilleure qualité ; parce qu’on y vénère un seul Dieu, loin du scepticisme
laïc qui caractérise le secteur public et parce que la diversité des sensibilités
et des opinions y est respectée, selon la meilleure tradition chrétienne. De plus,
sous la protection du crucifix, on y ferme souvent un œil quant à l’interdiction pour
les filles de porter le voile islamique à l’école.
Des cours de Coran dans
les écoles catholiques ? Risques d'ambiguïté
Pourtant sur la toile, le
directeur du Secrétariat général de l’enseignement catholique de Belgique, Etienne
Michel, a été qualifié de traître quand il a lancé l’idée de permettre aux élèves
musulmans des écoles catholiques de suivre un cours de religion islamique, même si
le cadre légal l’exclut actuellement. Le corps enseignant et les parents d’élèves
sont globalement d’accord ; en revanche l’archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr Leonard,
y voit un risque d’ambigüité et souligne que dans les pays musulmans, on n’organise
pas de cours de catholicisme pour les chrétiens à l’école.
Etienne Michel
affirme que les catholiques veulent construire une société multiculturelle et favoriser
un vrai dialogue inter-convictionnel. Selon lui, la relégation du religieux dans la
sphère privée n’offre aucune solution aux risques de dérives fondamentalistes. Certains
de ses détracteurs craignent, au contraire ,que la présence religieuse dans la sphère
scolaire n’accentue les différences et les identités.