Interpol, un instrument nécessaire pour lutter contre la violence
« Interpol revêt une importance remarquable en vue de la réalisation du bien commun
» : Benoît XVI a salué vendredi matin les participants de la 10ème assemblée générale
d’Interpol (organisation internationale de coopération policière). Réunis à Rome depuis
lundi, les représentants des 190 pays membres, dont fait partie la Cité de l’Etat
du Vatican depuis 2008, ont mené une réflexion sur la lutte contre la criminalité.
Ils ont aussi élu Présidente Mireille Ballestrazzi, une Française de 58 ans, déjà
vice-présidente pour l’Europe du comité exécutif d’Interpol, première femme à occuper
le poste de présidente d’Interpol.
Dans son discours lu en anglais, français
et espagnol, Benoît XVI, au-delà de l’hommage rendu aux policiers, a rappelé quelques
éléments fondamentaux de la lutte contre la violence sous toutes ses formes. Compte-rendu
de Xavier Sartre
Criminalité
et violence multiformes
« La violence criminelle est un phénomène si dangereux
qu’il constitue un grave facteur de déstabilisation de la société, et parfois, met
à dure épreuve la suprématie même de l’Etat ». Le Pape n’a pas caché son inquiétude
face au développement des activités qui revêtent des aspects très divers : « traite
des personnes, trafics de biens ou de substances, telles la drogue, les armes, les
marchandises contrefaites jusqu’aux médicaments qui tuent au lieu de soigner ».
Benoît
XVI a fustigé en français "ces crimes qui brisent les barrières morales progressivement
érigées par la civilisation et proposent une nouvelle forme de barbarie". Le terrorisme,
"à partir d'une stratégie subversive typique de certaines organisations extrémistes,
s'est transformé en un réseau obscur de complicités politiques, en utilisant aussi
des moyens techniques sophistiqués, des ressources financières considérables et en
élaborant des projets à vaste échelle", a dénoncé le pape.
Evoquant la violence
criminelle, "responsable chaque année de la plus grande partie des décès par mort
violente dans le monde", Benoît XVI a fustigé "la traite des personnes, une forme
moderne d'esclavage". Il a aussi dénoncé "les trafics de biens ou substances, telles
la drogue, les armes, les marchandises contrefaites, jusqu'au trafic de médicaments,
utilisés en grande partie par les pauvres, médicaments qui tuent au lieu de soigner". "Ce
commerce illicite devient encore plus exécrable quand il concerne les organes humains
de victimes innocentes: elles subissent des drames et des outrages que nous espérions
dépassés pour toujours depuis les tragédies du XXème siècle".
La réponse "ne
peut être simplement déléguée aux forces de l'ordre, mais réclame la participation
de toutes les instances qui peuvent influer sur ce phénomène", pas seulement "les
institutions et organismes interétatiques", a-t-il insisté en espagnol. "La société
doit être impliquée: familles, centres éducatifs --écoles, entités religieuses--,
moyens de communication sociaux et tous les citoyens", a-t-il encore recommandé.
Lutter
contre cette criminalité et la violence qui en découle est donc nécessaire car « elle
blesse profondément la dignité humaine et constitue une offense à l’humanité entière
». Mais cette lutte « doit toujours être conduite dans le respect des droits de l’Homme
et des principes d’un Etat de droit ». Elle « doit aussi viser au repentir et à la
correction du criminel qui demeure toujours une personne humaine, sujets de droits
inaliénables, et comme tel, ne doit pas être exclu de la société mais doit être récupéré
».
La société toute entière doit s’impliquer
Au-delà de la simple
répression, Benoît XVI va plus loin : il faut qu’elle soit « accompagnée d’une courageuse
et lucide analyse des motivations sous-jacentes à de telles actions criminelles inacceptables
», comme le sont notamment les « facteurs d’exclusion sociale et d’indigence ».
C’est
donc « la société dans son ensemble » qui doit s’impliquer exhorte le Pape. « La réaction
contre la violence et contre le crime ne peut être déléguée aux seules forces de l’ordre
» rappelle-t-il.
Benoît XVI a également remercié Interpol pour sa collaboration
qu’elle offre à la Gendarmerie vaticane spécialement à l’occasion de ses voyages internationaux.
(Photo: la nouvelle présidente d'Interpol, Mireille Ballestrazzi)