Jean-Paul Ier n’aura passé que 33 jours sur le trône pontifical. Né le 17 septembre
1912 à Canale d’Agordo, en Vénétie, Albino Luciani est mort le 28 septembre 1978 à
Rome. Son très bref pontificat en fait un personnage méconnu, y compris chez les catholiques.
Luciani reste pourtant très populaire en Italie, où on l’a surnommé « le pape au sourire
». A l’occasion du centenaire de sa naissance, un congrès était organisé ce 8 novembre
au Vatican sur l’héritage intellectuel de Jean-Paul Ier. L’occasion de découvrir des
facettes méconnues d’Albino Luciani.
Un homme de lettres
Pendant
cinq ans, de 1971 à 1974, Albino Luciani publie tous les mois une lettre dans le mensuel
italien « le Messager de Saint Antoine » édité à Padoue. Dans ces courriers, celui
qui est alors patriarche de Venise démontre son envergure intellectuelle: son texte
mensuel est une lettre adressée à un personnage illustre, écrivain, saint ou laïc
dans laquelle, d’un ton doux et parfois facétieux il développe sa pensée. Un livre
vient d’être publié qui rassemble ces missives improbables et poétiques où Luciani
s’entretient avec Marie-Térèse d’Autriche, Dickens ou Péguy, Saint Luc, Carlo Goldoni,
sans oublier Thérèse de Lisieux, Ghoethe ou Chesterton.
Quatre semaines
pour développer une doctrine
Une fois élu pape, Jean-Paul Ier aura l’occasion
de laisser percer une vision et une doctrine singulière, malgré la brièveté de son
pontificat. Ses homélies et audiences générales ont une poésie propre dans un style
particulièrement accessible, comme nous l’explique Sylvie Barnay, professeur à l’Université
de Lorraine et à l’institut catholique de Paris.
De nombreux
fantasmes sur la mort d’un pape
Jean-Paul Ier meurt d’un infarctus dans
la nuit du 28 septembre 1978. Le congrès organisé ce jeudi au Vatican a été l’occasion
de rappeler les fantasmes qui rôdent encore autour de la mort du pontife, dans des
années 70 tourmentées. L’écrivain espagnol Juan Manuel de Prada a ainsi montré en
quoi la mort de Jean-Paul Ier a alimenté une veine littéraire et cinématographique
complotiste, qui aime véhiculer une image caricaturale de l’Eglise que l’on retrouve
par exemple dans Dan Brown aujourd’hui. Une production qui ne doit pas faire oublier,
a souligné le romancier espagnol, que le magistère des pontifes résiste malgré tout
à toutes les tempêtes, que ce soit aujourd’hui sous Benoît XVI ou lors du pontificat-éclair
de Jean-Paul Ier.