Au Portugal, les organisations catholiques et l'Eglise dénoncent l'augmentation de
la pauvreté
« Nous constatons actuellement une énorme régression sociale qui frappe surtout les
plus faibles, portant à une augmentation de la pauvreté, de l’insécurité, de la violence
et d’autres problèmes sociaux », peut-on lire dans le communiqué des Mouvements des
Ouvriers catholiques publié par l’Agence Ecclesia, communiqué dont une copie est parvenue
à l’Agence Fides. L’Association des ouvriers catholiques et la Jeunesse catholique
du Portugal ont qualifié, dans une déclaration officielle conjointe, de « grande régression
sociale » la proposition de budget de l’Etat proposée par le gouvernement pour 2013.
Le mouvement Ligue des Ouvriers catholiques (LOC), le Mouvement des travailleurs chrétiens
(MTC) et le Mouvement Jeunesse ouvrière catholique (JOC) parlent « d’injustices »
au sein de la proposition du gouvernement.
Le document critique également la
réduction des différents bénéfices sociaux : « Il s’agit d’une claire dévaluation
du travail humain et de mépris pour les droits des travailleurs ». « Ces options attaquent
violemment les revenus du travail et des plus pauvres ; montrent l’incapacité de combattre
la corruption, la fraude fiscale et la promiscuité entre intérêts privés et services
publics ; montrant également l’irresponsabilité dans la gestion financière du secteur
bancaire ». La note conclut : « A nous tous, jeunes, adultes, personnes âgées et enfants,
il appartient donc d’être conscients de la réalité, de repenser les valeurs sur lesquelles
nous voulons construire la société et d’agir de manière cohérente ».
Déjà
fin septembre, l'Eglise portugaise s'inquiétait
« Basta, ça suffit. Ce
n’est pas l’austérité qui sauvera le Portugal. » L’évêque des forces armées portugaises,
Mgr D. Januário Torgal Ferreira, dénonçait ce qu’il qualifie « d’attaque atroce contre
les travailleurs ». L’évêque réagissait ainsi aux dernières mesures d’austérité annoncées
par le premier ministre qui prévoient une forte augmentation des cotisations sociales
des travailleurs du public comme du privé. Des décisions qui pèseront très lourd sur
le porte-monnaie des Portugais en 2013. Plus mesuré dans ses propos, l’archevêque
de Braga s'inquiétait lui aussi. Mgr Jorge Ortiga, qui préside la commission de l’action
sociale des évêques, se demandait il y a quelques semaines jusqu’à quel point « ce
peuple aux douces mœurs sera capable de résister » . Mgr Ortiga insistait sur les
difficultés croissantes des familles de moins en moins capables de supporter les charges
et les coûts inhérents au fonctionnement des ménages.
Rappelons que le Conseil
permanent de la conférence épiscopale s’est réuni à Fátima lundi 17 septembre. Les
évêques y ont appelé « au respect de la stabilité politique » et réclamé dans le même
temps à ce que le gouvernement écoute le peuple. Dans une note publiée à la suite
de la réunion, l’Église rappelle les principes fondamentaux qu’elle défend en matière
d’économie et finances : en faveur de liberté économique à condition toutefois que
les profits soient mis à la disposition du bien commun. Elle appelle dans ce contexte
à une « rénovation culturelle ».
Le réseau Caritas et les paroisses à la
rescousse
Les réseaux de l’Église dans le domaine social tirent la sonnette
d’alarme. En un an, les demandes d’aide auprès de Caritas ont augmenté de 50 %. Les
évêques ont créé un « Fonds Social Solidaire » confié à Caritas qui gère 500 000 €
destinés à régler ces questions. Ce fonds sert aussi à l’aide à la création de petites
entreprises, en fournissant du matériel nécessaire à l’activité. De leur côté, les
1 100 centres paroissiaux du pays qui gèrent l’action sociale habituelle de l’Église
multiplient les initiatives pour récolter des dons. Les Caritas diocésaines et les
paroisses ont créé des « réfectoires sociaux » afin de garantir un repas par jour
aux nécessiteux, mais aussi aux « nouveaux pauvres », ces personnes ayant perdu leur
emploi, prisonnières des dettes contractées lors de la période de relative abondance
qui a précédé cette crise grave. (Fides, La Croix)
(Photo: un homme le long
du Tage à Lisbonne, le 29 octobre)