Message du Synode au Peuple de Dieu sur la Nouvelle Evangélisation
C’est par de longs et chaleureux applaudissements que le Synode des Evêques a accueilli
vendredi matin le « Message au peuple de Dieu », synthèse des trois semaines de travaux
sur les défis de la Nouvelle Evangélisation.
Le document a été lu par plusieurs
intervenants en cinq langues : italien, français, espagnol, anglais et allemand. Ce
texte de plus de dix pages rappelle que la nouvelle évangélisation est une urgence
pour le monde, il invite les chrétiens à annoncer l’Evangile avec courage et sérénité,
en dépassant la peur dans la foi.
Les précisions d'Hélènes Destombes :
Au début du
document, les évêques évoquent le passage évangélique de Jean qui raconte la rencontre
de Jésus avec la Samaritaine au puits: c'est l'image de l'homme contemporain, tenant
une cruche vide, qui a soif et nostalgie de Dieu, et vers qui l'Église doit aller
pour rendre présent le Seigneur. Comme la Samaritaine, celui qui rencontre Jésus ne
peut pas ne pas devenir le témoin de l'annonce de salut et d'espérance de l'Évangile.
Raviver
une foi qui risque de s'éclipser
En ce qui concerne plus spécifiquement
le contexte de la nouvelle évangélisation, le Synode rappelle le besoin de raviver
une foi qui risque de s'éclipser dans les contextes culturels actuels et qui s'affaiblit
même chez de nombreux baptisés. La rencontre avec le Seigneur, qui révèle que Dieu
est amour, ne peut avoir lieu que dans l'Église, comprise comme forme de communauté
accueillante et expérience de communion; à partir de là, les chrétiens deviennent
des témoins dans d'autres lieux aussi.
Toutefois, l'Église confirme l'idée
que pour évangéliser il faut tout d'abord être évangélisé et lance un appel à la conversion
- en commençant par elle même -, parce que les faiblesses des disciples de Jésus pèsent
sur la crédibilité de la mission. Conscients du fait que le Seigneur est le guide
de l'histoire et que le mal n'aura pas le dernier mot, les évêques invitent les chrétiens
à vaincre la peur par la foi et à regarder le monde avec courage et sérénité car,
bien que rempli de contradictions et de défis, ce monde demeure celui que Dieu aime.
Pas de pessimisme, et pas de nouvelles stratégies
Pas de pessimisme,
alors: la mondialisation, la sécularisation et la nouvelle donne de la société, les
migrations, avec toutes les difficultés et les souffrances qu'elles comportent, doivent
représenter des opportunités d'évangélisation. En effet, il ne s'agit pas de trouver
de nouvelles stratégies pour diffuser l'Évangile comme un produit de marché, mais
de découvrir comment les personnes approchent Jésus.
Le message considère la
famille comme le lieu naturel de l'évangélisation et confirme qu'elle doit être soutenue
par l'Église, par la politique et par la société. À l'intérieur de la famille, il
souligne le rôle spécial que jouent les femmes et rappelle la situation douloureuse
des personnes divorcées et remariées: tout en confirmant la discipline relative à
l'accès aux sacrements, il insiste que ces personnes ne sont pas abandonnées par le
Seigneur et que l'Église est une demeure accueillante pour tous.
La famille,
les paroisses, les jeunes
Le message cite également la vie consacrée, témoin
du sens supraterrestre de l'existence humaine, et les paroisses comme centres d'évangélisation;
il rappelle l'importance de la formation permanente pour les prêtres et les religieux,
et invite les laïcs (les mouvements et les nouvelles réalités ecclésiales) à évangéliser
en restant en communion avec l'Église. La nouvelle évangélisation trouve une coopération
souhaitable avec les autres Églises et communautés ecclésiales, animées elles aussi
par le même esprit d'annonce de l'Évangile. Une attention particulière est portée
sur les jeunes dans une perspective d'écoute et de dialogue pour racheter, et non
pas mortifier, leur enthousiasme.
Le message considère ensuite le dialogue,
décliné sous différentes formes: avec la culture, qui a besoin d'une nouvelle alliance
entre foi et raison, avec l'éducation, avec la science qui, quand elle ne confine
pas l'homme au matérialisme, devient une alliée de l'humanisation de la vie, avec
l'art, avec le monde de l'économie et du travail, avec les malades et ceux qui souffrent,
avec la politique, à laquelle un engagement désintéressé et transparent en faveur
du bien commun est demandé, avec les autres religions. En particulier, le Synode confirme
que le dialogue interreligieux concourt à la paix, rejette le fondamentalisme et dénonce
la violence à l'encontre des croyants.
La contemplation et le silence
Le
message rappelle les possibilités qu'offrent l'Année de la Foi, la mémoire du Concile
Vatican II et le Catéchisme de l'Église catholique. Enfin, il indique deux expressions
de la vie de foi particulièrement significatives pour la nouvelle évangélisation:
la contemplation, où le silence permet d'accueillir au mieux la Parole de Dieu, et
le service aux pauvres, dans l'optique de reconnaître le Christ sur leurs visages.
Dans
la dernière partie, le message se tourne vers les Églises des différentes régions
du monde et adresse à chacune d'entre elles des paroles d'encouragement pour l'annonce
de l'Évangile: aux Églises d'Orient, il exprime le souhait qu'elles puissent pratiquer
la foi dans des conditions de paix et de liberté religieuse; à l'Église d'Afrique,
il recommande de développer l'évangélisation à travers la rencontre avec les anciennes
et les nouvelles cultures, et fait appel aux gouvernements pour qu'ils mettent un
terme aux conflits et aux violences.
A chaque Eglise un message et un encouragement
Les
chrétiens d'Amérique du Nord, qui vivent dans une culture où abondent les expressions
qui éloignent de l'Évangile, doivent se tourner vers la conversion et être ouverts
à accueillir les immigrés et les réfugiés. L'Amérique latine est invitée à vivre la
mission permanente pour faire face aux défis actuels, comme la pauvreté, la violence
même dans les nouvelles conditions de pluralisme religieux. L'Église en Asie, bien
qu'étant une petite minorité, souvent placée en marge de la société et persécutée,
est encouragée et exhortée à rester ferme dans la foi.
L'Europe, bien que
marquée par une sécularisation parfois agressive et blessée par les régimes passés,
a créé une culture humaniste capable de donner un visage à la dignité de la personne
et à l'édification du bien commun; les chrétiens européens ne doivent pas se laisser
abattre par les difficultés du présent, mais ils doivent les percevoir comme un défi.
À l'Océanie, enfin, il est demandé de s'engager encore à prêcher l'Évangile.
Enfin,
le message se termine en implorant l'intercession de Marie, Étoile de la nouvelle
évangélisation.