Le Prix Sakharov du Parlement européen à deux opposants iraniens
Le cinéaste iranien Jafar Panahi et sa compatriote l'avocate Nasrin Sotoudeh, condamnés
à de lourdes peines dans leur pays, ont été désignés vendredi lauréats du Prix Sakharov
du Parlement européen, une distinction qui survient alors que l'Union européenne vient
de renforcer ses sanctions contre Téhéran.
L'attribution de ce prix, décidée
à l'unanimité des groupes politiques du Parlement, doit être interprétée comme un
"non très clair au régime iranien", qui "ne respecte aucune des libertés fondamentales",
a souligné le président de l'institution, Martin Schulz, devant les députés réunis
en plénière à Strasbourg.
M. Schulz a appelé les autorités iraniennes à "tout
faire pour faciliter le voyage" à Strasbourg des deux lauréats, en vue de la cérémonie
de remise du prix prévue le 12 décembre. Or, l'une des récipiendaires est en prison,
l'autre est assigné à résidence.
L'avocate Nasrin Sotoudeh est l'une des grandes
figures de la défense des droits de l'Homme en Iran où elle a été condamnée en janvier
2011 à 11 ans de prison et 20 ans d'interdiction d'exercer son métier d'avocate pour
son action notamment aux côtés du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi.
Distingué
par les plus grands festivals internationaux mais interdit en Iran où ses satires
sociales grinçantes lui ont valu d'être considéré comme subversif par les autorités,
le cinéaste Jafar Panahi, 52 ans, a été arrêté alors qu'il préparait un film sur les
manifestations contre la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en
juin 2009. Assigné à résidence à Téhéran, il a été condamné en octobre 2011 à six
ans de prison et 20 ans d'interdiction de réaliser ou écrire des films, voyager ou
s'exprimer, pour "propagande contre le régime".
Malgré le militantisme du cinéaste
iranien, Jean-Michel Frodon, rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, affirme que
le cinéma de Jafar Panahi n’est pas militant ou politique.