Séisme de l’Aquila : six ans de prison pour les scientifiques qui n’ont pas prévu
la catastrophe
En avril 2009, la terre de l’Aquila, dans la région des Abruzzes dans le centre de
l’Italie, tremblait. Plus de trois cents personnes ont alors trouvé la mort dans le
séisme. Trois ans après, la justice se prononce sur la responsabilité de sept scientifiques
accusés d’avoir sous-estimé les risques de la catastrophe. Le tribunal de l’Aquila
les a condamnés ce lundi à six ans de prison pour « homicide par imprudence ».
Les
six experts de la Commission « grands risques » et le sous-directeur de la Protection
civile italienne ont donc écopé d’une peine plus lourde que celle requise par le procureur
qui avait demandé quatre ans.
Une semaine avant le séisme du 6 avril 2009,
les scientifiques s’étaient réunis mais ils n’avaient donné aucune information alarmante
malgré l’activité sismique que présentait déjà la région. Aucune alerte n’avait donc
été lancée, et en conséquence, aucune décision préventive d’évacuation de certains
bâtiments n’avait été lancée. C’est ce défaut d’information qui a été sanctionné.
La défense avait réclamé l’acquittement des scientifiques, arguant du fait qu'il est
impossible de prévoir un tremblement de terre.
Satisfaction des proches
des victimes
Cette condamnation devrait aussi faire du bruit chez les
scientifiques en Italie : plus de cinq mille d’entre eux avaient adressé une lettre
ouverte au président de la République Giorgio Napolitano affirmant qu'il est impossible
de prédire un séisme, prenant ainsi la défense de leurs collègues.
Du côté
des victimes, la joie est mesurée, le verdict ne « rendant bien sûr pas les morts
» à leurs familles. La vraie colère reste surtout dirigée envers un Etat où la corruption
et la mafia ne sont jamais loin et où des bâtiments friables sont encore construits
dans des zones que l’on sait à risque. (Olivier Bonnel)
(Photo : la préfecture
de L'Aquila détruite par le séisme du 6 avril 2009)