La compagnie de Jésus rend hommage au père Jacques Berthieu
Le père Jacques Berthieu sera canonisé à Rome le 21 octobre prochain avec six autres
bienheureux. Le jésuite français (1838-1896), prêtre et missionnaire à Madagascar,
fut déclaré bienheureux martyr de la foi et de la chasteté par le pape Paul VI en
1965 durant le Concile Vatican II. Le jour de sa canonisation coincide avec la Journée
mondiale des missions et s’inscrit au cœur de l’Année de la Foi et du Synode des Evêques
sur la Nouvelle Evangélisation.
Le père Berthieu, un martyre
Dans
une lettre adressée à toute la compagnie de Jésus, le supérieur général, le père Adolfo
Nicolas, rappelle les étapes de la vie et du martyre de Jacques Berthieu. Né le 27
novembre 1838 sur le domaine de Montlogis, à Polminhac, en Auvergne, au centre de
la France, où ses parents étaient fermiers, Jacques Berthieu fit ses études au séminaire
de Saint-Flour, avant d’être ordonné prêtre de ce diocèse en 1864 et nommé vicaire
à Roannes-Saint-Mary où il restera neuf ans. Désirant partir évangéliser dans des
contrées lointaines et fonder sa vie spirituelle sur les Exercices de Saint Ignace,
il demande son admission dans la Compagnie de Jésus et entre au noviciat à Pau en
1873. Il quitte en 1875 le port de Marseille vers deux îles au large de Madagascar,
la Réunion puis Sainte-Marie (alors sous dépendance de la France et aujourd’hui appelée
Nosy Bohara) où il étudie la langue malgache et se forme à la mission.
En
1881, le père Berthieu est à Madagascar. En 1895, l’insurrection des Menalamba (les
toges rouges) contre les colonisateurs vise également les chrétiens. Le 8 juin 1896,
lesMenalamba font irruption dans le village et finissent par trouver Jacques Berthieu
qui s’était caché dans la maison d’un ami protestant ; ils s’emparent de lui et le
dépouillent de sa soutane. A Ambiatibe, village situé à 50km au nord d’Antananarivo,
après délibération, décision est prise de le tuer. Il sera fusillé.
La
sainteté du père Berthieu
Le père Nicolas rend également hommage à Jacques
Berthieu. D’abord au missionnaire qu’il était. Il multiplie les efforts en vue de
« promouvoir l’instruction scolaire, la construction de bâtiments, l’irrigation
et le jardinage ou la formation agricole » souligne le père Nicolas. Il fut également
un infatigable catéchiste. Le supérieur des jésuites cite le père Berthieu : «
Dieu sait, disait-il, si j’aime encore le sol de la patrie et de la terre chérie d’Auvergne.
Cependant Dieu me fait la grâce d’aimer bien plus encore ces champs incultes de Madagascar,
où je peux seulement pêcher à la ligne quelques âmes pour Notre Seigneur… La mission
progresse, bien que les fruits ne soient encore qu’en espérance en bien des endroits
et peu visibles en d’autres. Mais que nous importe, pourvu que nous soyons de bons
semeurs ? Dieu donnera la croissance en son temps ».
Le père Berthieu était
aussi un homme de prière. « Son amour de Dieu était tel qu’on l’appelait « tia
vavaka » (pieux) », souligne le père Nicolas. « On le voyait toujours le chapelet
ou le bréviaire à la main. Sa foi s’exprimait dans sa piété envers le Saint Sacrement,
la Messe étant le foyer de sa vie spirituelle. le rosaire était sa prière favorite,
qu’il récitait quand on le conduisit à la mort. Il révérait aussi Saint Joseph »
Dans
sa lettre, le père Nicolas, insiste également sur les caractères pastoraux du père
Berthieu. « Il ne cachait pas - rappelle-t-il - les exigences de la vie
chrétienne, à commencer par l’unité et l’indissolubilité du mariage monogame. La polygamie
étant monnaie courante à l’époque, il dénonçait l’injustice et les abus qui en découlent,
s’attirant de la sorte autant d’ennemis, surtout parmi les détenteurs du pouvoir »