Synode : la charité, pilier de la nouvelle évangélisation
Deuxième journée de travaux pour les pères synodaux, experts et auditeurs venus des
5 continents actuellement réunis au Vatican à l’occasion de la XIII° assemblée générale
ordinaire du Synode des évêques consacrée à "la Nouvelle évangélisation pour la transmission
de la foi chrétienne".
Les précisions d'Hélène Destombes :
C’est
Monseigneur Joseph Absi, archevêque titulaire de Tarse des Grecs-Melkites, évêque
auxiliaire et Protosyncelle de Damas des Grecs-Melkites, qui a ouvert ce mardi matin
la troisième congrégation générale, avec une méditation spirituelle. Le secrétaire
générale du Synode, Monseigneur Nikola Eterovic, a ensuite pris la parole pour annoncer
que toute l'assemblée des pères synodaux s'engageait, à la demande des évêques syriens,
à prier pour la Syrie, meurtrie par les violences. 255 pères synodaux étaient présents
dans la salle.
Près de 30 participants se sont succédés à la tribune du synode
mardi matin abordant, en cinq minutes précises - c’est le temps qui leur est accordé
- des thématiques aussi variées que les pays représentés : nécessité d’un rapport
renouvelé entre foi et culture, importance des sacrements, en particulier celui du
baptême, rôle des migrants dans la nouvelle évangélisation, formation des prêtres
ou encore place des paroisses.
L'Eglise appelée à un examen de conscience
Dans
ce foisonnement d’idées, une ligne directrice a émergé : le renouvellement doit venir
du sein même de l’Eglise. Une Eglise appelée à un examen de conscience, qui doit apprendre
l’humilité, le respect et le silence. C’est le souhait formulé par l’un des pères
synodaux.
Et pour accompagner la communauté ecclésiale dans ce cheminement,
deux mots-clefs : profession de foi et charité. Deux piliers de la nouvelle évangélisation,
comme l’a rappelé Benoît XVI dès l’ouverture des travaux du synode lundi. Des paroles
qui résonnent de façon toute particulière pour Michel Roy, secrétaire général de Caritas
internationalis.
"Auprès des personnes qui sont en recherche de sens, parce
que la société ne leur offre pas de sens, explique Michel Roy, la charité fait partie
de la première annonce. Et la charité est surement aujourd’hui un instrument de revivification
de la culture."
"Nous, en tant qu’Eglise, mais aussi les Eglises de manière
générale, et au-delà, les religions, avons à réinsuffler de l’esprit dans la société,
dans la culture, poursuit le secrétaire général de Caritas internationalis. Et la
charité, l’acte de solidarité avec les autres, le retissage du lien social qui est
détruit par cette culture moderne, permet de réinsuffler de la vie."
Former
les agents pastoraux
L’action socio-caritative : dimension constitutive
de l’évangélisation. Dans le monde entier de nombreux bénévoles ou salariés offrent
leur participation à l’Eglise à travers des œuvres caritatives. Ils contribuent chaque
jour à faire du service et du témoignage un instrument d’évangélisation. Il est nécessaire
pour Michel Roy que leur rôle soit valoriser d’où l’importance de la formation :
"Je
crois qu’il faut que l’Eglise reconnaisse comme agents pastoraux, acteurs de l’Evangélisation,
tous les salariés et tous les bénévoles qui travaillent dans l’action socio-caritative
de l’Eglise. Et que par conséquent, elle les forme, elle leur propose des formations."
"Dans les diocèses, ajoute Michel Roy, les formations proposées aux agents
pastoraux souvent ne touchent pas les acteurs de la charité. Donc faire en sorte qu’ils
soient englobés, qu’ils participent de la même démarche. Parce que l’Eglise d’aujourd’hui
a besoin de ça. Et les Caritas d’aujourd’hui ont besoin de ça pour être de vrais témoins
de l’amour du Christ, au-delà de la solidarité.
Etre baptisés signifie être
évangélisateurs
Etre de vrais témoins de l’amour du Christ, c’est bien
ce à quoi sont appelés tous les baptisés, qui doivent, comme l’a indiqué Mgr Salvatore
Fisichella, président du conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation,
non pas faire preuve d’autosuffisance, mais retrouver le fondement de leur foi, communiquer
au monde la joie d’être chrétiens et avoir pleine conscience qu’être baptisés signifie
être évangélisateurs.
Mgr Léonard rend grâce pour l'apport massif, bien
que peu valorisé, des femmes à l'évangélisation
Evangélisatrice, les femmes
le sont, et trop souvent dans l'ombre. Dans son intervention ce mardi en salle du
Synode, l'archevêque de Malines-Bruxelles en Belgique affirme que les 2/3 des effectifs
de l'Eglise sont des femmes et que beaucoup d'entre elles « se sentent discriminées
». Pour Monseigneur André Léonard, « il est temps de dire clairement que si l'Eglise
n'ordonne pas de femmes prêtres, ce n'est pas parce qu'elles seraient moins capables
ou moins dignes! Au contraire ! ». « C'est uniquement, poursuit-il, parce que le prêtre
n'est pas seulement un "ministre du culte", mais un représentant du Christ Epoux venus
épouser l'humanité ». Le président de la Conférence épiscopale belge a ainsi appelé
les pères synodaux à rendre grâce pour l'apport massif des femmes à l'évangélisation.
Monseigneur Léonard invite même à adopter des « gestes forts pour le signifier clairement
». « Sans femme heureuse, reconnues dans leur être propre et fières d'appartenir à
l'Eglise, il n'y aura pas de nouvelle évangélisation", a-t-il conclu.
(Photo
: le pape et les pères synodaux lors de la troisième congrégation générale du Synode,
mardi matin)