Crise : l’Eglise est là pour rappeler que l’homme est au centre de tout
A l’occasion de leur visite ad limina, les évêques français du groupe 1, soit ceux
du Grand Ouest, ont eu l’occasion d’échanger, aussi bien avec le Pape qu’avec les
membres de la Curie romaine, sur les sujets qui préoccupent l’Eglise de France mais
aussi les fidèles. Au-delà de la rencontre personnelle avec Benoît XVI, que certains
rencontraient pour la première fois, ce fut l’occasion de se voir, conseillés, réconfortés
et encouragés. Dans bien des domaines comme celui de la bureaucratisation de l’institution
ou celui de la place des laïcs dans l’Eglise, les évêques ont ainsi pu faire le point.
Ce fut aussi une bonne opportunité pour réaffirmer certains principes avec force.
Or les sujets de friction entre l’Eglise et le gouvernement français, comme le mariage
homosexuel et l’euthanasie, ne manquent pas.
Benoît XVI a rappelé dans son
discours aux trente-deux évêques venus le voir à Castel-Gandolfo vendredi 21 septembre,
que « défendre la vie et la famille dans la société n’est en rien rétrograde », et
que « nous avons là un véritable défi à relever. Mariage et famille sont des institutions
qui doivent être promues et garanties de toute équivoque possible quant à leur vérité.
»
Sur cette question épineuse du mariage entre personnes du même sexe, les
évêques s’exprimeront quand ils disposeront du texte du projet de loi. Les évêques
présents à Rome ont tout de même précisé, comme l’a déclaré Mgr Descubes, archevêque
de Rouen et ancien président du conseil Famille et société de la Conférence des évêques
de France, que « pour nous chrétiens, fondés sur la Parole de Dieu, nous avons une
anthropologie particulière : la nature et la culture sont inséparables, le physique
et l’intention sont inséparables ». « Nous pensons que cette conception de l’homme,
de la femme, du couple et de la famille est bonne non seulement pour nous mais aussi
pour l’humanité et son bonheur ».
La crise, sujet de préoccupation numéro
un des Français
Mais au-delà de ces problématiques polarisantes, il existe
d’autres sujets qui préoccupent les Français et sur lesquels l’Eglise a un message
bien précis. Les évêques ont ainsi, depuis longtemps, mené une réflexion approfondie
sur le rapport entre l’économie et l’homme. « Depuis des années, l’Eglise de France
tire la sonnette d’alarme, rappelle Mgr Descubes. Avant même le début de la crise,
la commission Famille et société, dans un document appelé « repères dans une économie
mondialisée », avait attiré l’attention sur la dérégulation de l’économie et sur le
mauvais fonctionnement de la finance ».
Plus récemment, à la faveur d’une
enquête d’opinion menée avec le journal La Croix, l’archevêque de Rouen a remarqué
que les Français ont tendance à penser que l’homme s’en tire toujours malgré les difficultés,
pensant que « l’on fait le gros dos, que ça passera et qu’on recommencera comme avant
». Or, tient à souligner Mgr Descubes, « le grand enseignement de cette crise, c’est
que l’on ne pourra pas recommencer comme avant si on veut que l’économie soit au service
de l’homme ». Dans ce contexte économique et social difficile, « l’Eglise peut rendre
un service dans notre société : elle n’a pas les solutions politiques et économiques
mais elle est là pour dire : dans les décisions que vous prenez, est-ce-que l’homme
est au centre ? ».
Monseigneur Descubes, archevêque de Rouen, et ancien
président du conseil famille et société de la conférence des évêques de France, au
micro de Xavier Sartre