Liban : le voyage des paroles fortes et des mots choisis
Benoît XVI est rentré dimanche soir à Rome à l'issue d'un voyage de trois jours au
Liban au cours duquel il a appelé la communauté internationale, et particulièrement
les pays arabes, à chercher des solutions aux conflits qui ensanglantent la région,
notamment en Syrie.
Au cours de sa visite, Benoît XVI a insisté sur la coexistence
entre Chrétiens et Musulmans. Le Pape a notamment exhorté les Libanais à refuser tout
ce qui pourrait les désunir et à opter pour la fraternité.
Il a signé durant
son séjour l'Exhortation apostolique "Ecclesia in Medio Oriente", qui donne aux quelque
15 millions de chrétiens d'Orient une feuille de route pour préserver le pluralisme
religieux et culturel de leurs sociétés, les pressant de rester dans le berceau du
christianisme, en dépit de toutes les difficultés.
Notre envoyé spécial,
Olivier Bonnel, tire un bilan de ce voyage :
Le
voyage des mots choisis
"Je prie Dieu pour le Liban, afin qu'il vive dans
la paix et résiste avec courage à tout ce qui pourrait le détruire ou le miner", a
dit le Pape, lors de son dernier discours, à l'aéroport, quelques minutes à peine
avant de quitter le Liban
Le journaliste libanais, Fady Noun, travaille au
quotidien francophone libanais L’Orient Le Jour. Il a suivi le voyage de près.
Ce qu'il a surtout retenu des interventions du Pape, c'est l'appel à éduquer à la
paix.
Pour cet observateur attentif de la vie sociale et politique libanaise,
cet appel du Pape à éduquer est essentiel :
Des
propos recueillis par Olivier Bonnel
Un voyage marqué par deux idées maîtresses
Benoît
XVI a quitté Beyrouth au terme d'une visite de trois jours marquée par deux idées
maîtresses, deux appels pressants : les chrétiens ne doivent pas quitter le Moyen-Orient
; Chrétienté et Islam peuvent non seulement s’entendre mais aussi travailler ensemble,
dans une société plurielle, pour l’établissement de la paix, dans le respect réciproque.
Un voyage avec en toile de fond les souffrances d’une région troublée par
l’incertitude, les conflits, les tensions intercommunautaires, particulièrement en
Syrie, une situation que Benoît XVI n’a pas manqué d’évoquer à plusieurs reprises,
Benoît XVI qui a par ailleurs cité comme modèle la convivialité à la Libanaise. De
nombreux musulmans ont participé aux événements de ces trois journées.
Avant
de repartir, Benoît XVI a laissé une feuille de route aux Eglises du Moyen-Orient
: son exhortation apostolique issue du Synode de 2010. Un texte dense, jalonné de
phrases fortes. De ce voyage restera aussi la ferveur, l’enthousiasme bon enfant,
l’affection manifestées par des foules nombreuses, toutes communautés confondues.
Le Liban doit résister avec courage à tout ce qui pourrait le détruire
ou le miner
A son départ, le Pape a été salué par le président Sleiman.
Les plus hautes autorités civiles et religieuses du pays étaient présentes à l'aéroport.
Et c’est un hommage appuyé que Benoît XVI a rendu au Liban en priant pour qu’il résiste
avec courage à tout ce qui pourrait le détruire ou le miner.Le Pape remercie l’ensemble
du peuple libanais qui forme – dit-il - une belle et riche mosaïque. Il remercie particulièrement
les représentants des communautés musulmanes qui se sont déplacés pour le rencontrer
et la présence a contribué à la réussite de son voyage.
Le monde arabe et
le monde entier auront vu, en ces temps troublés, des chrétiens et des musulmans réunis
pour célébrer la paix. Et Benoît XVI a souhaité que le Liban continue à être un espace
où les hommes et les femmes peuvent vivre en harmonie et en paix les uns avec les
autres pour donner au monde, non seulement le témoignage de l’existence de Dieu, mais
également, celui de la communion entre les hommes, quelle que soit leur sensibilité
politique, communautaire et religieuse !
Le Pape souhaite au Liban de continuer
à permettre la pluralité des traditions religieuses et à ne pas écouter la voix de
ceux qui veulent l’en empêcher. Il souhaite au Liban de fortifier la communion entre
tous ses habitants, quelle que soit leur communauté et leur religion, en refusant
résolument tout ce qui pourrait conduire à la désunion, et en choisissant avec détermination
la fraternité.
(Photo : le Pape, lors de son discours à l'aéroport international
de Beyrouth, juste avant son départ pour Rome)