Une église saccagée au Niger ; les ambassades occidentales sur le qui-vive
La plus importante église catholique de Zinder, la deuxième ville du Niger, a été
totalement saccagée vendredi, après la prière, par des manifestants islamistes qui
protestaient contre un film américain dénigrant l'islam. Ils ont mis le feu à toute
la documentation et brisé la statue de la Vierge Marie.
Le Conseil islamique
du Niger, plus haute institution religieuse du pays, a condamné avec force le film
islamophobe qui a embrasé le monde musulman, tout en lançant un appel pour que les
églises ne subissent pas de destructions.
Plusieurs responsables chrétiens
sont actuellement gardés par les forces de l'ordre pour assurer leur sécurité. La
tension est retombée, mais, selon les autorités ce n'est qu'un calme précaire. (source
AFP)
Contrairement à l’Europe, les pays musulmans sont restés profondément
religieux. Toute insulte à la foi y est ressentie comme intolérablement choquante.
Leurs valeurs sociétales ne sont pas forcément celles des pays européens où la liberté
d'expression est défendue coûte que coûte, au risque d'offenser les sentiments religieux.
Selon
Reuters, les ambassades occidentales dans le monde arabo-musulman sont demeurées dimanche
en état d'alerte, même si les manifestations meurtrières des jours précédents contre
un film islamophobe diffusé sur internet semblaient perdre de l'ampleur.
L'Allemagne
a demandé à une partie du personnel de son ambassade au Soudan de quitter les lieux,
après l'attaque vendredi du bâtiment par environ 5.000 manifestants, qui ont également
pris d'assaut la représentation américaine.
Les Etats-Unis ont pris des mesures
semblables samedi envers une partie de leur personnel de l'ambassade de Khartoum et
leurs familles, mais le Soudan a rejeté une demande américaine d'envoi de "marines"
pour protéger la sécurité du bâtiment.
Washington a également évacué une partie
du personnel de l'ambassade des Etats-Unis à Tunis, attaquée vendredi, et a demandé
aux ressortissants américains de quitter la capitale tunisienne.
Mohamed Kamel
Amr, ministre des Affaires étrangères de l'Egypte, où des centaines de personnes ont
été arrêtées à la suite des manifestations, a assuré à Hillary Clinton, secrétaire
d'Etat américaine, que les représentations des Etats-Unis étaient efficacement protégées.
Les principales manifestations de dimanche ont eu lieu au Pakistan. A Lahore, quelque
5.000 personnes ont scandé des slogans anti-américains, tandis que la police a bloqué
l'accès à l'ambassade des Etats-Unis, à Karachi.
A Hyderabad, une personne
a été tuée par balle par un tireur qui n'a pas été identifié, au cours d'une manifestation,
et à Muzaffarabad, 300 personnes ont brûlé une effigie du président Barack Obama.
En Turquie, dans la capitale Ankara, un petit groupe de manifestants a brûlé un drapeau
américain dans la rue, alors que la police les retenait à une centaine de mètres de
l'ambassade des Etats-Unis.
A Paris, la sécurité a été renforcée autour de
l'ambassade américaine au lendemain d'un rassemblement d'environ 250 militants islamistes
présumés à proximité du bâtiment. Le parquet de Paris a ordonné aujourd'hui une enquête
sur cette manifestation qui a abouti à 152 interpellations.
L’enquête devra
identifier les organisateurs du rassemblement. Beaucoup de manifestants ont expliqué
être venus après avoir reçu des SMS ou des messages sur les réseaux sociaux.
Leon Panetta, secrétaire américain à la Défense, a affirmé que la situation était
en train de se "stabiliser" mais que les ambassades demeuraient sur leurs gardes face
à une possible recrudescence des violences, cinq jours après la mort de l'ambassadeur
des Etats-Unis en Libye tué lors de l'attaque du consulat américain à Benghazi. "Les
manifestations risquent de continuer pendant les prochains jours", a-t-il prévenu.
Le président du parlement libyen, Mohamed Magarief, a annoncé l'arrestation d'une
cinquantaine de personnes, dont certaines ne sont pas libyennes, pour leur implication
présumée dans l'attaque du consulat de Benghazi.