Le Pape entame la seconde journée de son 24ème voyage apostolique. Ce vendredi, Benoît
XVI a signé l’Exhortation apostolique du Synode de 2010 sur le Moyen-Orient en la
basilique grecque-melkite Saint-Paul à Harissa. Benoît XVI a évoqué le « cri anxieux
» des chrétiens orientaux, louant aussi leur courage. Dans l’avion le menant à
Beyrouth, le Pape a parlé du conflit syrien, réclamé la fin de l'importation d'armes,
car « sans les armes la guerre ne pourrait continuer. » Benoît XVI a jugé favorablement
le printemps arabe à condition que « le cri de la liberté si important, si positif,
n’oublie pas un aspect, une dimension fondamentale de la liberté : la tolérance. »
Enfin, le Pape n’a pas manqué de saluer le modèle libanais de coexistence pacifique
entre l’Islam et le Christianisme.
Le Père Federico Lombardi, le directeur
de la Salle de presse du Saint-Siège dresse un bilan de cette première journée de
voyage
Olivier
Bonnel : Lors de la signature de l’exhortation apostolique, Benoît XVI a tenu
un discours qu’attendaient les chrétiens d’Orient, il leur a livré un message d’espérance.
Le
Père Lombardi : L’exhortation apostolique est un document important, c’est la
conclusion d’un chemin et l’ouverture d’une autre étape, car maintenant il faut la
mettre en pratique, réfléchir au sein des différentes communautés, voir quelles conséquences
pratiques cela peut avoir dans la vie des personnes et des communautés (…) et naturellement,
c’est l’espoir du Pape, mais pas seulement, de toute l’Eglise universelle avec lui.
C’est un engagement de solidarité de l’Eglise universelle pour aider les chrétiens
du Moyen-Orient qui vivent dans une situation souvent de difficultés ou de peur ou
de souffrance pour qu’ils continuent de s’engager, car cette région est importante
pour toute l’Eglise. C’est la région des lieux saints, de l’origine du christianisme
et de l’origine des religions monothéistes. Alors, nous ne pouvons pas perdre une
présence ici : une présence conviviale et fraternelle avec les autres croyants qui
ne sont pas chrétiens. Il faut être ici, c’est en quelque sorte, être présent dans
la région de nos racines et on doit tous se sentir originaire de cette région.
Olivier
Bonnel : Benoît XVI est arrivé dans une région en proie aux tensions, des tensions
qui se font sentir jusque dans le nord du Liban, à Tripoli. Beaucoup aimerait qu’il
parle de la Syrie, de la Palestine, est-ce qu’on peut s’attendre à une parole de sa
part sur ces sujets là ?
Le Père Lombardi : Le Pape ne vient pas au
Liban comme un homme politique qui a un pouvoir, politique ou militaire, pour résoudre
avec son autorité beaucoup de questions. Son autorité est une autorité morale et religieuse,
c’est important aussi. C’est plus fondamental, car c’est l’autorité avec laquelle
on crée des attitudes d’esprit, on anime une éducation de cœur et de mentalité qui
est absolument nécessaire pour bâtir la paix, pas seulement comme un équilibre des
forces, mais comme une vraie entente entre des personnes différentes qui se respectent,
qui s’aiment et qui sont capables de pardon et de réconciliation. Et cela, c’est déjà
un grand service. Chacun a apporté ce qu’il a. Le Pape vient sans arme. Alors on peut
rire de lui, on peut dire « qu’est ce que tu viens faire ici. Tu n’as aucun pouvoir
», mais il vient avec les armes de l’esprit, ça c’est autre chose. C’est plus profond
et essentiel.