Benoît XVI livre une feuille de route aux chrétiens du Moyen-Orient
Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Medio Oriente sur l’Eglise
au Moyen-Orient comme communion et témoignage (Issue du Synode des évêques sur
le Moyen-Orient qui s'était tenu en octobre 2010 au Vatican. Le texte a été signé
par Benoît XVI, le vendredi 14 septembre à Beyrouth)
En trois parties, une
introduction et une conclusion, regroupant une quinzaine de chapitres, le texte : a)
décrit le contexte souvent dramatique du Moyen-Orient « riche par sa diversité,
mais trop souvent contraignant et même violent » caractérisé par les « conflits et
les incertitudes » ; b) décrit les souffrances endurées par de nombreux chrétiens
« placés dans une position souvent délicate….. gagnés par la lassitude et le manque
d’espérance… par un sentiment d’humiliation….victimes désignées lorsqu’il y a des
troubles », qui prennent de plus en plus le chemin de l’exil ; c) Il énonce un
certain nombre de propositions et recommandations, certaines très concrètes.
Fil
conducteur : la nécessité pour les chrétiens de s’unir, au-delà de leurs diversités,
légitimes et historiques, en raison de « l’urgence de l’heure et de l’injustice de
tant de situations». La présence des chrétiens au Moyen-Orient n’est ni nouvelle ni
accidentelle, mais historique. Ils font partie intégrante de la région. L’objectif
est donc d’arrêter leur exode, afin d’assurer la survie du témoignage chrétien au
Moyen-Orient, actuellement menacé.
Or, cela passe par la communion que
tous les membres des Eglises présentes au Moyen-Orient sont appelés à raviver, chacun
selon sa vocation propre. Pour le Pape, le Moyen-Orient où cohabitent diverses Eglises
patriarcales et latine, est un laboratoire qui actualise déjà l’avenir de la situation
ecclésiale.
Le texte se prononce clairement en faveur du pluralisme
: un Moyen-Orient sans ou avec peu de chrétiens n’est plus le Moyen-Orient. Le Pape
demande aux dirigeants politiques et aux responsables religieux d’éviter une politique
ou une stratégie communautariste qui tendrait vers un Moyen-Orient monochrome qui
ne reflètera en rien sa riche réalité humaine et historique. Le monde entier fixe
son attention sur le Moyen-Orient qui cherche sa voie. Le Pape souhaite que cette
région puisse montrer que le vivre ensemble n’est pas une utopie et que la méfiance
et les préjugés ne sont pas une fatalité.
Le ton du texte est imprégné de
compassion, de participation et d’affection mais aussi de lucidité et de franchise.
Tout en exprimant sa proximité avec ces communautés éprouvées, le Pape ne manque pas,
ça et là, d’adresser quelques rappels à l’ordre, par exemple quand il recommande aux
Patriarches et aux évêques une bonne gestion des biens temporels. Ou quand il fustige
le désengagement de certains chrétiens et les accommodements qui résultent des circonstances
mais qui déplaisent à Dieu.
Le Pape ne manque pas, au passage, de condamner
sévèrement ceux qui instrumentalisent la religion dans des conflits répétés et injustifiables
pour un croyant authentique
Des passages particulièrement forts sont consacrés
: Au respect de la liberté religieuse - Benoît XVI prononce à ce sujet un
plaidoyer vigoureux. À l’urgence de parvenir à l’unité entre les confessions chrétiennes.
Le texte cite notamment la communicatio in sacris (la possibilité pour les chrétiens
d’accéder aux sacrements d’une autre Eglise que la leur), la question de la traduction
commune du Notre Père, et surtout la reconnaissance mutuelle du Baptême. À la nécessité
de sauvegarder le pluralisme du Moyen-Orient, Ainsi qu’à l’égalité entre les hommes
et les femmes, qui est loin d’être respectée. (RF/RV)
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SYNTHÈSE
de l’Exhortation apostolique Ecclesia in Medio Oriente
PRÉAMBULE
L’Exhortation
Apostolique post-synodale “Ecclesia in Medio Oriente” (EMO) est le document élaboré
par Benoît XVI sur la base des 44 Propositions finales du Synode spécial pour le Moyen-Orient
qui s’est déroulé au Vatican du 10 au 26 octobre 2010, sur le thème L’Église catholique
au Moyen-Orient: Communion et témoignage. "La multitude de ceux qui étaient devenus
croyants avait un seul cœur et une seule âme" (Ac 4, 32). Le texte est divisé en trois
parties, plus une introduction et une conclusion.
INTRODUCTION
L’EMO
invite l’Église catholique au Moyen-Orient à revivifier la communion en son sein,
en regardant aux “fidèles natifs” qui appartiennent aux Églises orientales catholiques
sui iuris et en s’ouvrant au dialogue avec les juifs et les musulmans. Il s’agit d’une
communion, d’une unité à rejoindre dans la diversité des contextes géographiques,
religieux, culturels et sociopolitiques au Moyen-Orient. En même temps, Benoît XVI
renouvelle son appel à conserver, du point de vue religieux, et promouvoir les rites
au sein des Églises orientales, patrimoine de l’ensemble de l’Église du Christ.
PREMIÈRE
PARTIE
Le Contexte. Avant tout, le Pape invite à ne pas oublier les chrétiens
qui vivent au Moyen-Orient et qui apportent leur contribution “noble et authentique”
à la construction du Corps du Christ. Puis, en décrivant la situation de la région
et des peuples qui y habitent, Benoît XVI souligne de façon dramatique les morts,
les victimes “de l’aveuglement humain”, la peur et les humiliations: “Il semblerait
qu’il n’existe aucun frein au crime de Caïn”. Sans entrer dans les détails, l’EMO
rappelle rapidement que les positions du Saint-Siège concernant les différents conflits
dans la région et le statut de Jérusalem et des Lieux Saints sont largement connues.
L’EMO lance enfin un appel à la conversion, à la paix – comprise non comme une simple
absence de conflit, mais comme une paix intérieure et liée à la justice – au dépassement
de toutes les distinctions de race, de sexe et de classe, afin que le pardon soit
vécu dans le contexte privé et communautaire.
Vie chrétienne et œcuménisme.
L’ensemble de ce chapitre est un appel en faveur de l’unité œcuménique “qui n’est
pas l’uniformité des traditions et des célébrations”: dans un contexte politique difficile,
instable et actuellement enclin à la violence comme celui du Moyen-Orient, l’Église
s’est en effet développée de façon multiforme, avec des Églises de tradition antique
et des communautés ecclésiales plus récentes. Il s’agit d’une mosaïque qui requiert
un effort considérable afin de renforcer le témoignage chrétien. En ligne avec le
Concile Vatican II, le Pape invite à l’œcuménisme spirituel, à une communion comprise
non comme une confusion, mais comme une reconnaissance et un respect de l’autre. En
même temps, l’EMO souligne à nouveau l’importance du travail théologique, aussi bien
des différentes Commissions œcuméniques que des communautés ecclésiales, afin que
– en ligne avec la Doctrine de l’Église – elles parlent d’une seule voix au sujet
des grandes questions morales (famille, sexualité, bioéthique, liberté, justice et
paix). L’œcuménisme diaconal est également important, aussi bien au niveau caritatif
qu’éducatif. Figurent ensuite quelques propositions pour une pastorale œcuménique
d’ensemble: parmi celles-ci, l’application de l’ouverture conciliaire vers un certaine
‘communicatio in sacris’ (à savoir la possibilité pour les chrétiens d’accéder aux
sacrements dans une Église différente de la leur) pour les sacrements de la pénitence,
de l’eucharistie et de l’onction des infirmes. Le Pape se dit, en outre, certain de
pouvoir trouver un accord sur une traduction commune du Notre-Père dans les langues
locales de la région.
Le dialogue interreligieux. En rappelant les liens historiques
et spirituels que les chrétiens ont avec les juifs et les musulmans, l’EMO souligne
à nouveau que le dialogue interreligieux – qui fait partie de la nature et de la vocation
universelle de l’Église – n’est pas tant celui qui est dicté par des considérations
pragmatiques d’ordre politique ou social, mais se base avant tout sur les fondements
théologiques de la foi: juifs, chrétiens et musulmans croient en un Dieu unique et
le souhait est donc qu’ils puissent reconnaître “dans l’autre croyant” un frère à
aimer et à respecter, en évitant une instrumentalisation de la religion pour des conflits
“injustifiables pour un croyant authentique”. En ce qui concerne, en particulier,
le dialogue judéo-chrétien, le Pape rappelle le patrimoine spirituel commun, fondé
sur la Bible, qui ramène aux “racines judaïques du christianisme”; en même temps,
il invite les chrétiens à prendre conscience du mystère de l’Incarnation de Dieu et
condamne les injustifiables persécutions du passé. Pour les musulmans, Benoît XVI
emploie la Parole “estime” et ajoute “dans la fidélité à l’enseignement du Concile
Vatican II”; il regrette, toutefois, le fait que les différences doctrinales aient
servi de prétexte aux uns et aux autres pour justifier, au nom de la religion, des
pratiques d’intolérance, de discrimination, d’émargination et de persécution. L’EMO
met ensuite en évidence le fait que la présence des chrétiens au Moyen-Orient n’est
ni nouvelle ni fortuite, mais historique: en tant que partie intégrante de la région,
ils ont entamé “une symbiose particulière” avec la culture environnante et – avec
les juifs et les musulmans – ils ont contribué à la formation d’une culture riche,
propre au Moyen-Orient. En ce qui concerne les catholiques de la région, le texte
met en évidence que ces derniers, citoyens natifs du Moyen-Orient, ont le droit et
le devoir de participer pleinement à la vie civile et ne doivent pas être traités
comme des citoyens de seconde classe. Le Pape affirme que la liberté religieuse –
somme de toutes les libertés, sacrée et inaliénable – inclut la liberté de choisir
la religion que l’on considère comme véritable et de manifester publiquement son propre
crédo et ses symboles, sans pour autant mettre en danger sa propre vie et sa propre
liberté personnelle. Dans le domaine religieux, la force et les constrictions sont
inadmissibles. D’où l’invitation à passer de la tolérance à la liberté religieuse,
ce qui n’implique pas une porte ouverte au syncrétisme, mais “une reconsidération
du rapport anthropologique avec la religion et avec Dieu”.
Deux nouvelles
réalités: L’EMO met l’accent sur la laïcité, avec ses formes parfois extrêmes, et
sur le fondamentalisme violent qui revendique une origine religieuse. La laïcité dans
sa forme extrême devient sécularisme, refuse au citoyen le droit à l’expression publique
de sa propre religion et prétend que seul l’État peut réglementer cet aspect. Il s’agit
d’anciennes théories, qui ne sont plus exclusivement occidentales, et ne sont pas
non plus à confondre avec le christianisme La laïcité saine implique au contraire
une distinction et une collaboration entre la politique et la religion, dans un respect
réciproque. Elle garantit à la politique de pouvoir œuvrer sans exploiter la religion,
et à la religion de pouvoir vivre sans les lourdeurs des intérêts politiques. Le fondamentalisme
religieux – qui croît dans un climat d’incertitude sociopolitique, grâce aux manipulations
de certains, et à une insuffisante compréhension de la religion de la part d’autres
– veut prendre le pouvoir, parfois avec la violence, sur la conscience des personnes
et sur la religion, pour des raisons politiques. C’est pour cela que le Pape lance
un appel urgent à tous les responsables religieux du Moyen-Orient afin qu’ils tentent,
par leur exemple et leur enseignement, de faire le possible pour éradiquer cette menace
qui touche sans distinction aucune et moralement les croyants de toutes les religions.
Les migrants: Le Pape affronte une question cruciale, à savoir celle de l’exode
des chrétiens (une vraie hémorragie), qui se trouvent dans une position délicate,
parfois sans espoir, et ressentent des conséquences négatives des conflits, se sentant
parfois humiliés, malgré leur participation au cours des siècles à la construction
des Pays respectifs. Un Moyen-Orient sans ou avec peu de chrétiens n’est plus le Moyen-Orient.
C’est pour cela que le Pape demande aux dirigeants politiques et aux responsables
religieux d’éviter des politiques et des stratégies tendant à un Moyen-Orient monochrome,
qui ne reflète pas sa réalité humaine et historique. Benoît XVI invite ensuite les
pasteurs des Églises orientales catholiques à aider leurs prêtres et leurs fidèles
dans la diaspora à rester en contact avec leurs familles et leurs Églises, et exhorte
les Pasteurs des circonscriptions ecclésiastiques qui recueillent les catholiques
orientaux à leur donner la possibilité de célébrer chacun selon leur propre tradition.
Le chapitre affronte également la question des travailleurs immigrés – souvent des
catholiques de rite latin – en provenance d’Afrique, d’Extrême Orient et du sous-continent
indien, qui font trop souvent l’expérience de situations de discrimination et d’injustice.
L’appel aux gouvernements des Pays d’accueil afin qu’ils respectent et défendent les
droits de ces migrants est donc tout à fait central. Enfin, le Pape exhorte les fidèles
– “natifs et nouveaux arrivés” – à vivre en communion fraternelle, dans le respect
réciproque.
DEUXIÈME PARTIE
En partant du principe que la catholicité
contemple la communion entre l’Église universelle et les Églises particulières, et
que les secondes naissent de la première (ce qui permet la riche et légitime diversité
des Églises particulières), la deuxième partie de l’EMO s’adresse à certaines des
principales catégories qui constituent l’Église catholique:
Patriarches:
responsables des Églises sui iuris, en union parfaite avec l’Évêque de Rome, ils rendent
tangible l’universalité et l’unité de l’Église et, en signe de communion, ils sauront
renforcer l’union et la solidarité dans le cadre du Conseil des Patriarches catholiques
d’Orient et des Synodes patriarcaux, en privilégiant toujours la concertation en ce
qui concerne les questions fondamentales pour l’Église. Évêques: signe visible
de l’unité dans la diversité de l’Église comprise comme Corps, dont le Christ est
le chef, ils sont les premiers à être envoyés dans toutes les nations afin de faire
des disciples. Ils doivent annoncer avec courage et défendre avec fermeté l’intégrité
et l’unité de la foi, dans ces situations difficiles qui ne font malheureusement jamais
défaut au Moyen-Orient. Les évêques sont aussi invités à une gestion saine, honnête
et transparente des biens temporaires de l’Église et, à ce propos, le Pape rappelle
que les Pères Synodaux ont demandé une sérieuse révision des finances et des biens,
afin d’éviter toute confusion, entre les biens personnels et ceux de l’Église. Les
évêques devront, en outre, veiller afin d’assurer aux prêtres un juste soutien, afin
qu’ils ne se perdent pas en questions matérielles. L’aliénation des biens de l’Église
doit strictement respecter les normes canoniques et les dispositions pontificales
en vigueur. Enfin, le Pape exhorte les évêques à soigner, dans le sens pastoral du
terme, tous les fidèles chrétiens, indépendamment de leur nationalité ou de leur origine
ecclésiale. Prêtres et séminaristes: l’EMO souligne que les prêtres doivent éduquer
le Peuple de Dieu à la construction d’une civilisation de l’amour évangélique et de
l’unité, et cela exige une transmission approfondie de la Parole de Dieu, de la tradition
et de la Doctrine de l’Église, tout comme un renouveau intellectuel et spirituel de
ces mêmes prêtres. Dans cette optique, le célibat – don inestimable de Dieu à l’Église
– est important, mais aussi le ministère des prêtres mariés, ancienne composante de
la tradition orientale. En tant que serviteurs de la communion, les prêtres et les
séminaristes doivent offrir un témoignage courageux et privé de toute ombre, ils doivent
avoir une conduite irréprochable, et doivent s’ouvrir à la diversité culturelle de
leurs Églises (en apprenant, par exemple, leurs langues et leurs cultures), ainsi
qu’à la diversité ecclésiale et au dialogue œcuménique et interreligieux. Vie
consacrée: en rappelant que le monachisme, dans ses différentes formes, est né au
Moyen-Orient et a initié certaines Églises sui iuris, l’EMO met en évidence que les
communautés religieuses seront des signes prophétiques de communion dans leurs Églises
et dans le monde entier si elles se fonderont réellement sur la Parole di Dieu et
sur la communion fraternelle. Quel que soit le statut canonique de leurs congrégations
religieuses, les consacrés devront, en outre, collaborer avec l’Évêque dans l’activité
pastorale et missionnaire. Ils sont ensuite invités à longtemps méditer et à observer
les conseils évangéliques (chasteté, pauvreté et obéissance), car il ne peut y avoir
de régénération spirituelle – des fidèles, des communautés et de l’Église toute entière
– sans un clair et net retour à la recherche de Dieu. Laïcs: En tant que membres
du Corps du Christ grâce au baptême, et donc pleinement associés à la mission de l’Église
universelle, le Pape confie aux laïcs le devoir de promouvoir – dans le domaine temporel
qui leur est propre – une saine gestion des biens publics, la liberté religieuse et
le respect de la dignité de chacun. Ils sont également invités à faire preuve d’audace
dans la cause du Christ. Afin que leur témoignage porte véritablement ses fruits,
les laïcs devront toutefois surpasser les divisions et toutes les interprétations
subjectives de la vie chrétienne. Famille: institution divine fondée sur le sacrement
indissoluble du mariage entre un homme et une femme (“L’amour conjugal est le projet
patient de toute une vie”), la famille est aujourd’hui exposée à de nombreux dangers.
Il y a une tentation de s’approprier de modèles contraires à l’Évangile portés par
une certaine culture contemporaine qui est présente dans le monde entier. Dans ce
contexte, la famille chrétienne doit être soutenue dans ses problèmes et dans ses
difficultés, et elle doit examiner son identité la plus profonde, afin qu’elle soit
avant tout Église domestique qui éduque à la prière et à la foi, pépinière de vocations,
école naturelle de vertus et de valeurs éthiques, cellule fondante de la société.
L’EMO donne amplement d’espace à la question de la femme au Moyen-Orient et à la nécessité
qu’il y ait une égalité avec l’homme, face aux discriminations qu’elle doit subir
et qui offensent gravement non seulement la femme elle-même, mais aussi et surtout
Dieu. Le Pape souligne que les femmes doivent s’efforcer de participer à la vie publique
et ecclésiale. Concernant les différents d’ordre juridique dans les matières matrimoniales,
la voix de la femme doit être écoutée sur un pied d’égalité avec celle de l’homme,
sans injustices. C’est pour cela que le Pape encourage, dans ce contexte, une application
plus saine et plus juste du droit, afin que les différences juridiques relatives aux
matières matrimoniales ne conduisent pas à l’apostasie. Enfin, les chrétiens du Moyen-Orient
doivent pouvoir appliquer, aussi bien dans le mariage qu’ailleurs, leur propre droit,
sans restriction aucune. Jeunes et enfants: le Pape les exhorte à ne pas avoir
peur ou honte d’être chrétiens, à respecter les autres croyants, juifs et musulmans,
à cultiver toujours – à travers la prière – la véritable amitié avec Jésus, en aimant
le Christ et l’Église. De cette façon, ils pourront discerner avec sagesse les valeurs
de la modernité utiles à leur réalisation, sans se laisser séduire par le matérialisme
ou par des social network dont l’usage indiscriminé peut mutiler la véritable nature
des relations humaines. Pour les enfants, en particulier, l’EMO fait appel aux parents,
aux éducateurs, aux formateurs et aux institutions publiques afin que tous reconnaissent
les droits des mineurs, à partir de leur conception.
TROISIÈME PARTIE
La
Parole de Dieu, âme et source de communion et témoignage: Après avoir exprimé sa reconnaissance
aux écoles exégétiques (d’Alexandrie, d’Antioche…) qui ont contribué à la formulation
dogmatique du mystère chrétien du IV et du V siècle, l’EMO recommande une véritable
pastorale biblique afin de dissiper des préjudices ou des idées erronés qui causent
d’inutiles, voire d’humiliants conflits. D’où la suggestion de proclamer une Année
Biblique, selon les conditions pastorales de chaque Pays de la région, qui serait
suivie à l’occasion par une Semaine annuelle de la Bible. En retrouvant la sève des
origines et dans la séquelle des disciples du Christ, la présence chrétienne dans
les Pays bibliques du Moyen-Orient – qui va bien au-delà d’une appartenance sociologique
ou d’une simple réussite économique et culturelle – prendra un nouvel élan. Enfin,
le Pape encourage le développement de nouvelles structures de la communication et
la formation – non seulement technique, mais également doctrinale et éthique – de
personnel spécialisé dans un secteur qui est névralgique pour l’évangélisation.
Liturgie
et vie sacramentelle: Pour les fidèles du Moyen-Orient, la liturgie est un élément
essentiel de l’unité spirituelle et de la communion. Le renouvellement des célébrations
et des textes liturgiques – lorsque cela est nécessaire – doit être fondé sur la Parole
de Dieu et réalisé en collaboration avec les Églises co-dépositaires de ces mêmes
traditions. L’invitation à examiner l’importance du baptême, qui permet à ceux qui
le reçoivent de vivre en communion et de développer une véritable solidarité avec
les autres membres de la famille humaine, sans discriminations fondées sur la race
ou sur la religion, est centrale. Dans cette optique, le Pape espère un accord œcuménique
sur la reconnaissance réciproque du Baptême entre l’Église catholique et les Églises
avec lesquelles elle est en dialogue théologique, afin de restaurer ainsi la pleine
communion dans la foi apostolique. L’EMO espère également une pratique plus fréquente
du sacrement du pardon et de la réconciliation et exhorte les Pasteurs et les fidèles
à promouvoir des initiatives de paix, même au milieu des persécutions.
La
prière et les pèlerinages: Vu que l’efficacité de l’évangélisation est basée sur la
prière, l’EMO met en évidence que le Moyen-Orient est un lieu privilégié de pèlerinage
pour de nombreux chrétiens qui peuvent y consolider leur foi et vivre une expérience
profondément spirituelle. Le Pape demande que les fidèles puissent avoir libre accès,
sans restrictions, aux Lieux Saints. Il est également essentiel que le pèlerinage
biblique d’aujourd’hui revienne à ses initiales motivations: un chemin pénitentiel,
à la recherche de Dieu.
Évangélisation et charité: missions de l’Église. L’EMO
souligne que la transmission de la foi est une mission essentielle de l’Église. D’où
l’invitation du Pape à une nouvelle évangélisation qui, dans le contexte contemporain,
marqué par des changements, rende le fidèle conscient de son témoignage de vie: celle-ci
renforce sa Parole lorsqu’il parle de Dieu de façon courageuse et ouverte, pour annoncer
la Bonne Nouvelle du salut. En particulier, au Moyen-Orient, l’approfondissement du
sens théologique et pastoral de l’évangélisation devra examiner deux dimensions, celle
œcuménique et celle interreligieuse. Concernant les mouvements et les communautés
ecclésiales, le Pape les encourage à agir en union avec l’Évêque du lieu et selon
ses directives pastorales, en tenant compte de l’histoire, de la liturgie, de la spiritualité
et de la culture locale, sans confusion ni prosélytisme. L’Église catholique du Moyen-Orient
est ainsi invitée à renouveler son esprit missionnaire, un défi plus urgent que jamais
dans un contexte multiculturel et pluri-religieux. Une forte impulsion, en ce sens,
pourra dériver de l’Année de la Foi. Concernant la charité, l’EMO rappelle que l’Église
doit suivre l’exemple du Christ qui s’est fait proche des plus faibles: les orphelins,
les pauvres, les handicapés, les malades… Enfin, le Pape salue et encourage toutes
les personnes qui œuvrent, de façon impressionnante, au sein des centres éducatifs,
dans les écoles, les instituts supérieurs et les universités catholiques du Moyen-Orient.
De tels instruments de culture – qui doivent être soutenus par les responsables politiques
– démontrent qu’il existe, au Moyen-Orient, la possibilité de vivre dans le respect
et dans la collaboration, à travers l’éducation à la tolérance.
Catéchèse
et formation chrétienne: Le document pontifical encourage la lecture et l’enseignement
du catéchisme de l’Église catholique, ainsi qu’une initiation concrète à la Doctrine
sociale de l’Église. En même temps, le Pape invite les Synodes et les autres organismes
épiscopaux à faciliter les fidèles dans l’approche à la richesse spirituelle des Pères
de l’Église et dans l’actualisation de l’enseignement patristique, complément de la
formation biblique.
CONCLUSIONS
De façon solennelle, Benoît XVI demande,
au nom de Dieu, aux responsables politiques et religieux non seulement de soulager
les souffrances de tous ceux qui vivent au Moyen-Orient, mais aussi d’en éliminer
les causes, en faisant tout le possible pour arriver à la paix. En même temps, les
fidèles catholiques sont exhortés à consolider et à vivre la communion entre eux,
en faisant naître un dynamisme pastoral. “La tiédeur déplaît à Dieu” et que les chrétiens
du Moyen-Orient, catholiques et autres, témoignent donc du Christ, unis et avec courage
! Il s’agit d’un témoignage qui n’est pas facile, mais qui est exaltant.