2012-09-13 16:27:30

Mgr Tomasi:"La liberté religieuse est au centre du débat"


“Plus que jamais, les défenseurs des droits de l’homme incluent la liberté religieuse dans leur agenda”. Ce sont les paroles prononcées par Mgr Silvano Tomasi, l’observateur permanent du Saint-Siège près les Nations-Unies à Genève, qui n’hésite pas à parler «d’une époque de martyrs ».Mgr Tomasi intervenait mercredi à la Conférence internationale organisée à l’Université Catholique d’Amérique à Washington, aux Etats-Unis, sur le thème : « Liberté religieuse internationale : un impératif pour la paix et le bien commun ».

“Il est clair que la liberté religieuse est désormais au centre du débat courant », a tenu à souligner Mgr Tomasi, comme « il n’y a pas de doute que la liberté religieuse soit sous pression dans le monde ». Des chiffres : 70% de la population dans le monde vit dans des pays soumis à des restrictions. Plus de 2 milliards de personnes, presqu’un tiers de la population globale, vivent dans des lieux où les persécutions ont augmenté de manière significative ces dernières années : cela va des violences physiques aux dommages matériels aux maisons et aux propriétés religieuses.

Les chrétiens sont les premières victimes des persécutions religieuses

Mgr Tomasi a rappelé ce qui est évident aux yeux de tous: les chrétiens représentent le premier objectif des persécutions. Et de citer les situations dramatiques au Nigéria, au Kenya, en Irak, en Syrie, pour ensuite réfléchir sur un aspect particulier : souvent les pires persécutions surviennent dans des pays où existent des lois qui passent pour des lois qui défendent la religion, comme la loi contre le blasphème, mais qui en réalité « servent à frapper des minorités religieuses, comme les chrétiens dans certains pays à majorité musulmane ou comme ceux qui appartiennent à l’un ou l’autre courant à l’intérieur même de l’Islam, et sont une minorité dans tel ou tel pays ». Donc, la norme elle-même « devient un instrument de répression pour des minorités considérées non orthodoxes ou hérétiques ».

Dans les démocraties occidentales, des politiques antireligieuses

Mgr Tomasi a prolongé sa réflexion en jetant un regard sur des pays totalement différents : des « démocraties libérales occidentales qui, soulignait-il à la tribune, de manière plus sophistiquée, souscrivent à une culture qui tend à reléguer la religion dans la sphère privée ». « A travers divers systèmes juridiques, devait expliquer Mgr Tomasi, ils effritent la signification originale de la liberté religieuse ». L’observateur permanent du Saint-Siège aux Nations-Unies expliquait alors ce que cela comporte : « une relecture restrictive » et une réinterprétation continue des principes pour « les réadapter aux agendas politiques du moment ». Sans mâcher ses mots, Mgr Tomasi a expliqué que les conséquences en sont « des politiques antireligieuses ». Il devait énumérer clairement les premiers secteurs directement touchés : l’instruction, les lois sur la famille, la santé. En définitif, affirmait Mgr Tomasi, « l’époque des martyrs est encore d’actualité ».

Il devait rappeler enfin qu’en mars dernier le Conseil des droits de l’homme de l’Onu a approuvé une résolution qui défend la liberté de religion et de croyance, mais que déjà en 1981 et en 1986, d’autres prises de position ont cherché à contribuer à garantir le respect de la liberté religieuse au niveau individuel, collectif et institutionnel. Il concluait en rappelant que « le fait d’assurer la liberté aux religions garantit un apport de valeurs morales sans lesquelles la liberté individuelle n’est pas possible ».

(Photo : Mgr Silvano Tomasi )







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