2012-09-10 14:51:17

A Istanbul, fin d'une conférence interreligieuse sur le réveil arabe


Au terme de deux jours de travaux s’est conclue vendredi, à Istanbul en Turquie, la Conférence internationale interreligieuse organisée par la Turkish Religious Foundation Center for Islamic Studies et la Marmara University Institute for Middle Eastern Studies, sur le thème : « Le réveil arabe et la paix dans le nouveau Moyen-Orient ». Dans un communiqué final, on souligne que les discussions entre les leaders religieux les plus éminents du monde arabe, experts et spécialistes renommés, ont mis en évidence les problèmes et les défis politiques d’un nouveau Moyen-Orient, autour de la question de l’unité nationale et de l’identité basée sur l’égalité entre citoyens, et la reconnaissance du pluralisme religieux et la diversité culturelle. Une diversité qui n’est pas un problème, mais bien une richesse. La conférence a souligné la nécessité de protéger les libertés individuelles et la liberté religieuse, fondement de toute société civile. Elle a dénoncé les régimes autoritaires qui utilisent les religions à des fins personnelles, et toute instrumentalisation des religions. Elle a enfin mis en évidence l’impact déterminant des messages et du langage utilisés par les médias, les écoles et les centres religieux dans l’émergence d’une nouvelle culture politique au Moyen-Orient.

Le Père Ayuso Guixot, pour le Saint-Siège, a insisté sur la liberté religieuse

A cette conférence participait le Secrétaire du Conseil pontifical pour le Dialogue Interreligieux, le Père Miguel Angel Ayuso Guixot qui, répondant aux questions de notre collègue Tracey McClure, a tenu à préciser le but de sa participation : porter la voix de l’Eglise pour soutenir tous ceux qui appuient de manière pacifique et ordonnée la transition dans la région, en favorisant les aspirations légitimes des peuples du Moyen-Orient et en particulier de l’Afrique du Nord à la liberté, la dignité et la démocratie. « Ce processus, a-t-il confié, passe à travers la reconnaissance de la dignité inaliénable de chaque personne humaine et de ses droits fondamentaux », et « comme l’a plusieurs fois répété Benoît XVI, la Communauté internationale doit construire des sociétés stables et réconciliées, en mettant fin à toute forme de discrimination, en particulier les discriminations religieuses ».
Pour le Père Ayuso Guixot, il faut constamment rappeler que la démocratie se fonde sur le respect des droits de l’homme : donc dans les efforts incessants pour favoriser la démocratie dans le monde arabe, l’espoir est celui de réussir à créer une forte considération pour ces droits fondamentaux. Et là encore Benoît XVI insiste et rappelle constamment que la liberté religieuse représente un droit humain intrinsèque. " Il est inconcevable, déclare le Père Ayuso Guixot, que les croyants aient à supprimer une partie d’eux-mêmes – leur foi – pour être des citoyens actifs."

Les chrétiens avec les musulmans pour une société qui respecte l’homme

"Les chrétiens dans le monde arabe, aux côtés des citoyens musulmans, sont prêts à jouer leur rôle de citoyens, en cherchant à construire ensemble une société qui respecte les droits humains de tous les citoyens. Il faut comprendre qu’une vision de la vie fortement ancrée à la dimension religieuse peut aider à atteindre ce but, étant donné que la reconnaissance de la valeur transcendantale de chaque homme et de chaque femme favorise la conversion du cœur, qui porte ensuite à un engagement à résister à la violence, au terrorisme et à la guerre, et à promouvoir la justice et la paix."
Pour le secrétaire du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, les chrétiens de Syrie doivent être des ‘ponts’ entre les différentes communautés. Le père Ayuso Guixot a ainsi souligné que les aspirations du peuple syrien sont reconnues comme "légitimes" et ne peuvent être considérées comme le simple fruit d’influences externes. Quant aux élections qui ont vu l’arrivée au pouvoir d’islamistes, en Egypte ou en Tunisie, il souligne que ces derniers semblent avoir adopté "un langage de pragmatisme et de modération". Interrogé sur les pas à venir dans ces pays qui ont connu le printemps arabe et qui ont déjà organisé des élections, le Père Ayuso Guixot relève la nécessité d’aller de l’avant sur ce chemin de la démocratie, qui inclut notamment un développement clair de la loi, égale pour tous, un développement des institutions pour qu’elles soient au service de tous les citoyens. Mais il reconnaît que tout cela demande du temps, du travail, de la patience et une éducation.

Le père Claudio Monge, supérieur de la communauté dominicaine d’Istanbul, participait également à cette conférence.

Ecoutez-le au micro de Manuella Affeje RealAudioMP3


(Photo : le premier ministre turc Tayyip Erdogan à la Conférence interreligieuse d'Istanbul)







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