Des prix alimentaires qui s'envolent, la faute au changement climatique
Les trois agences de l'ONU chargées des questions alimentaires tirent la sonnette
d’alarme. Elles demandent une intervention rapide et coordonnée à l'échelle internationale
afin d'empêcher la répétition de la crise alimentaire de 2007 et 2008. Appel motivé
par les prix de plusieurs denrées qui s'envolent.
Dans un communiqué commun,
José Graziano da Silva, directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour
l'alimentation et l'agriculture (FAO), Kanayo F. Nwanze, président du Fonds international
pour le développement agricole (Fida), et Ertharin Cousin, directrice exécutive du
Programme alimentaire mondial (PAM) demandent "d'affronter les causes profondes de
la hausse des prix alimentaires".
"La situation régnant sur les marchés alimentaires
mondiaux, caractérisée par une forte hausse des cours du maïs, du blé et du soja,
a suscité la crainte de voir se reproduire la crise alimentaire de 2007-2008. Une
intervention rapide et coordonnée à l'échelle internationale peut cependant empêcher
sa répétition", ont estimé les trois responsables.
La faute est aussi dûe,
selon les agences onusiennes, à la "conversion croissante des cultures vivrières en
agro-carburants et la spéculation financière. Mais pas seulement
Les prix
des aliments de base pourraient doubler
Dans les vingt prochaines années
et avec le changement climatique et la multiplication des événements extrêmes qui
l'accompagnent, prévient l'organisation Oxfam, les prix des aliments de base pourraient
doubler.
Dans un rapport publié le mercredi 5 septembre, l'ONG juge que les
effets du réchauffement sont "sous-estimés" car "les changements à évolution lente
des températures moyennes et des schémas de précipitations", globalement défavorables
à l'agriculture, se doubleront de "pertes de cultures causées par des événements météorologiques
extrêmes, plus fréquents et plus intenses".
Une augmentation de 120 à 140%
pour le maïs
En 2030, estime l'ONG, le risque accru de sécheresse, semblable
à celle qui sévit depuis juin notamment aux Etats-Unis - la plus grave depuis un demi-siècle
- pourrait ainsi faire grimper le prix du maïs de "140% par rapport au prix moyen
des denrées alimentaires" à cette date.
"Cette hausse s'ajoutera à la hausse
déjà inévitable des prix des denrées alimentaires envisagée avec le changement climatique",
a insisté Clara Jamart, responsable des questions d'Agricluture et d'alimentation
d'Oxfam jointe par l'AFP.
En Afrique australe, "sécheresses et inondations
pourraient augmenter de 120% le prix à la consommation du maïs et d'autres céréales
secondaires", montre encore l'étude: rapporté au prix actuel, le sac de 25 kilos de
farine de maïs (ration minimale d'une famille pour deux semaines) passerait de 18
à 40 dollars.
Alors comment éviter une répétition de la crise de 2007 et 2008
? Hélène Destombes a posé la question à Concepcion Calpé économiste à la FAO