L'archevêque d'Addis Abeba rend hommage à Meles Zenawi
En Ethiopie, ce dimanche ont eu lieu les funérailles du Premier ministre, Meles Zenawi.
De nombreux chefs d’Etat africains et des dizaines de milliers d'anonymes se sont
recueillis sur son cercueil au centre de la capitale à Addis Abeba. Les dignitaires
de l'église orthodoxe, majoritaire en Ethiopie, ont présidé une première célébration
dans la matinée. Plus tard, 21 détonations ont été entendues pour l’inhumation de
la dépouille de Meles Zenawi au pied de la cathédrale de la Sainte Trinité.
Premières
funérailles nationales en 80 ans
Il s’agit des premières funérailles nationales
organisées pour un dirigeant éthiopien depuis 80 ans. Ni l’empereur, ni le président
Mengitsu n’en ont eu, souligne l’archevêque d’Addis Abeba sur les ondes de Radio Vatican.
Monseigneur Berhaneyesus Demerew Souraphiel y voit un signe très important et « espère
que cela soit les prémisses d’une transition pacifique d’un leader à un autre, ce
que n’est jusqu’à présent pas arrivé dans le pays ».
Avec Hailemariam Desalegn,
ce devrait être la continuité
Ce dimanche, le Premier ministre
par intérim a d’ailleurs fait sa première apparition officielle. Il s’agit d’Hailemariam
Desalegn, un ingénieur protestant de 47 ans et quasi-inconnu dans le pays. Son arrivée
à la tête de l’Etat pour une durée de trois ans, jusqu’aux prochaines élections, doit
encore être confirmée par le Parlement. Selon l’archevêque catholique d’Addis Abeba,
sa venue n’apportera pas de changement radical avec son prédécesseur : « son parti
le soutiendra pour poursuivre les politiques lancée sous Meles Zenawi, respecter les
engagements pris pour apporter la paix dans la Corne de l’Afrique, pour favoriser
le dialogue initié avec l’Union Africaine et avec le reste du monde. Je pense donc
que le futur sera de suivre la route tracée par Zenawi ».
Le combat de Zenawi,
la lutte contre la pauvreté
Quant à l’héritage laissé par Meles Zenawi,
Monseigneur Berhaneyesus Demerew Souraphiel évoque à son arrivée au pouvoir sa détermination
pour se substituer à l’ancien gouvernement marxiste. A partir de ce moment là, «
il a fait de son mieux pour aider l’Ethiopie à sortir de ce lieu commun qui lui collait
à la peau, celui d’un pays dévasté par la sécheresse, la famine, les guerres civiles
et les conflits. Sa bataille fut en premier lieu contre le régime qu’il succédait
puis contre la pauvreté », relate l’archevêque de la capitale qui souligne combien
Meles Zenawi a su donner aux Ethiopiens une autre image d’eux mêmes. Il leur a fait
comprendre « qu’ils pouvaient s’en sortir en s’impliquant, lui même étant un grand
travailleur. Il a lancé de nombreuses infrastructures comme des routes, des implantations
électriques, des systèmes de communication. Il a apporté tant d’innovation dans le
domaine de l’instruction pour atteindre les objectifs du millénaire, ceux qui prévoient
que tous les enfants aillent à l’école. Dans chaque village, il y a désormais une
école élémentaire et il existe aujourd’hui 25 nouvelles universités ».
Meles
Zenawi a su donner aux Ethiopiens une autre image d’eux mêmes
« Il en va
de même avec le secteur de la santé, avec une implication particulière pour la santé
des mères et des enfants afin de réduire la mortalité infantile et maternelle (…)
Donc je dirais qu’il a su donner au peuple éthiopien la conscience qu’il devait être
l’instrument du changement, que ce sont les Ethiopiens qui peuvent changer leur nation,
qu’ils ne doivent pas attendre que quelqu’un le fasse à leur place. Cette vision,
poursuit Monseigneur Berhaneyesus Demerew Souraphiel, il ne l’a pas transmise seulement
aux Ethiopiens mais à tous les pays voisins dans la corne de l’Afrique et en Afrique
en général ». « Plus d’une fois il a été choisi par l’Union Africaine pour représenter
l’organisation lors des G8, de G20 ou des Conférences pour les changements climatiques.
Donc je dirais, conclue l’archevêque d’Addis Abeba, qu’il laisse une hérédité centrée
essentiellement sur la lutte contre la pauvreté et en ce qu’il a donné à l’Afrique
de la dignité dans le forum des Nations. »