Vers un accord de paix avec les Farc ? En Colombie, la rumeur circulait depuis quelques
semaines. Le président colombien l’a confirmé lundi soir, son gouvernement mène des
discussions « exploratoires » avec les Farc, la principale guérilla communiste du
pays. Objectif : ouvrir un processus de paix. Dans le passé, les pourparlers avec
les Farc n’ont pourtant jamais abouti. Mais après 48 ans de lutte armée, Juan Manuel
Santos est peut-être en train de réussir son pari. Dès son accession au pouvoir en
2010, le président colombien en a fait une de ses priorités. Sa conviction : il faut
utiliser le dialogue, rechercher la paix avec la principale guérilla du pays. Il est
aussi nécessaire de s’éloigner de la politique de fermeté de son prédécesseur, Alvaro
Uribe.
Les Farc changent de stratégie
Ce rapprochement a
d’abord été facilité par les Farcs eux-mêmes. S’ils sont encore près de 10 000, depuis
10 ans, l’effectif des guérilleros a fondu de moitié. S’opère alors un changement
de stratégie chez les Farc. En février, ils renoncent à la pratique des enlèvements
contre rançons, en avril, ils libèrent leurs derniers prisonniers. Le calcul est simple
: privilégier une sortie négocié quand la prise du pouvoir par les armes a échoué.
Du côté de Juan Manuel Santos, l’équation est aussi politique. Il est soutenu par
la population et par la plupart des partis politiques colombiens. Mais la paix est
loin d’être signée. Lors des dernières négociations, en 2002, la guérilla avait profité
des pourparlers pour avancer ses pions. Trois jours après la rupture du dialogue,
elle avait réalisé son plus gros coup : l’enlèvement d’Ingrid Betancourt.
Dans
le passé de nombreux pourparlers avaient déjà été lancés mais n’avaient finalement
jamais abouti…cette fois le président Santos espèrent que les mesures promises aux
Farcs vont réussir à les convaincre…quelles sont-elles justement ? Thomas Chabolle
a posé la question à Daniel Pécaut, professeur à l’EHESS à Paris.