2012-08-22 14:33:42

Le gouvernement français se penche sur la question des Roms


Bruxelles attend de la France des « mesures concrètes et des financements précis » pour améliorer le sort des Roms. Début août, elle avait placé l’hexagone sous surveillance et rappelé à Paris la nécessité du respect des garanties contre les expulsions arbitraires et les traitements discriminatoires après deux démantèlements de camp illégaux à Lille et Lyon au nord et au sud-est du pays. Des dizaines de familles Roms avaient alors été privées de logement. Certains ont accepté une aide au retour volontaire, soit 300 euros par adulte et 100 euros par enfant accompagnant, et sont donc repartis vers leur pays d’origine, principalement la Roumanie.

Le chef de l'exécutif français, Jean-Marc Ayrault, s’est dit «favorable à une évolution» des mesures transitoires de l’Union européenne qui restreignent jusqu'à fin 2013 l’accès au marché du travail des ressortissants de Roumanie et de Bulgarie d’où viennent en majorité les Roms.

Ce mercredi après-midi, le Premier ministre a réuni autour de lui plusieurs ministres dont ceux de l’Intérieur et du Logement, afin d’aborder et d’examiner le sort des Roms vivant en France, soit 15 000 à 20 000 citoyens européens. Jean-Marc Ayrault recevra également des associations.

Le collectif Romeurope juge qu’une « politique durable reste à construire » et qu’aujourd’hui les démantèlements sans solutions de relogement sont « inefficaces ».

Comment gérer la situation des Roms quand on est de gauche ? C'est tout le dilemme du gouvernement Hollande. Martine Puzin est présidente de l’association La Pierre Blanche, à Lille. Tous les jours, elle essaye d’intégrer des familles roms dans la société et elle regarde l’action du gouvernement avec beaucoup de prudence. Ecoutez ses explications : RealAudioMP3

Il y a deux ans, la situation des gens du voyage était déjà au cœur de l’actualité en France. Le président de l’époque, Nicolas Sarkozy, avait annoncé en juillet 2010 que les camps illégaux de Roms seraient démantelés et que « certains criminels d'origine étrangère seraient déchus de leur nationalité française », créant ainsi un lien entre immigration et insécurité.

En France, ces propos avaient suscité de nombreuses critiques de la gauche qui était dans l’opposition, mais aussi de quelques responsables de droite. A l'étranger, des dirigeants roumains et du Conseil de l'Europe s'étaient également montrés critiques.

Accueillir les hommes de toutes origines

L’Eglise était elle aussi intervenue dans le débat de manière plus ou moins directe. Le 22 août 2010, le Pape avait appelé les pèlerins français venus à Castelgandolfo pour l’Angélus, à accueillir les hommes de toutes origines, affirmant : « les textes liturgiques de ce jour nous redisent que tous les hommes sont appelés au salut. C’est aussi une invitation à savoir accueillir les légitimes diversités humaines, à la suite de Jésus venu rassembler les hommes de toute nation et de toute langue ». Le Pape avaient également invité les parents à éduquer leurs enfants à la fraternité universelle : RealAudioMP3

Toujours au Vatican, quelques jours avant lui, le secrétaire du Conseil pontifical pour les migrants et les gens du voyage de l’époque, Agostino Marchetto, avait déclaré qu’il y avait « un principe de proportionnalité dans les réactions qu'on peut avoir vis-à-vis des délinquants. On ne peut pas généraliser et prendre tout un groupe de personnes et les expulser. La responsabilité est personnelle, elle n'est pas collective ».

Des discours sécuritaires « inacceptables »

En France, l'archevêque d'Aix-en-Provence et d'Arles, Mgr Christophe Dufour, avait assisté à un démantèlement de camp. Sans mettre en cause les forces de police qui «obéissent aux ordres », il avait demandé dans un communiqué « le respect des personnes et de leur dignité », soulignant que « les discours sécuritaires qui peuvent laisser entendre qu'il y a des populations inférieures sont inacceptables. Ces personnes, citoyens européens, vivent pour la plupart paisiblement ici ».

Enfin, le père Arthur, un prêtre de Lille qui défend les Roms depuis des années avait écrit au ministre de l’Intérieur pour refuser, en signe de protestation, la médaille de l’Ordre national du Mérite qui lui avait été attribuée.

Deux ans plus tard, début août, le père Arthur a assisté une nouvelle fois au démantèlement d’un camp situé non loin de sa paroisse de Lille. Il avait fait part de son sentiment à Radio Vatican : RealAudioMP3

Propos recueillis par Justine Vassogne et Nadège Decremps.







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