Réconciliation historique : catholiques polonais et orthodoxes russes unissent leurs
forces
Un geste historique a été posé ce vendredi 17 août à Varsovie : le Patriarche de Moscou
et de toutes les Russies, Kirill 1er, et le président de la Conférence
des évêques catholiques de Pologne, Mgr Józef Michalik de Przemyśl, ont signé une
déclaration commune appelant les peuples russe et polonais à la réconciliation. Le
chef de l’Eglise orthodoxe russe effectue une visite officielle de quatre jours en
Pologne, une première dans l’histoire. Les signataires se disent déterminés à
rapprocher leurs Eglises et à réconcilier leurs peuples. Leur appel est pressant,
il s’adresse à tous. Il en va de la crédibilité de l’Evangile dans le monde contemporain.
Le dialogue et la réconciliation
Par cette déclaration commune,
les deux Eglises entreprennent le chemin d’un dialogue sincère en espérant qu’il puisse
contribuer à assainir les blessures du passé, à surmonter les préjugés et les incompréhensions
réciproques et à renforcer la recherche de la réconciliation. Ils reconnaissent que
leurs divisions et leur séparation, contraires à la volonté du Christ, sont le résultat
des faiblesses humaines, mais aussi des pressions politiques. Les chefs des deux Eglises
exhortent leurs fidèles à demander pardon pour les offenses, les injustices et le
mal qu’ils se sont infligés, afin de reconstruire la confiance réciproque. Ils
soulignent toutefois que pardonner ne veut pas dire oublier. « Au contraire, la mémoire
est un élément essentiel de notre identité – écrivent-ils – Nous le devons aussi aux
victimes du passé ». Pardonner veut dire renoncer à la vengeance et à la haine et
participer à la construction de la concorde et de la fraternité.
Le passé
dans la perspective de l’avenir
La déclaration revient en particulier sur
les événements tragiques du XX° siècle. Les peuples polonais et russe sont unis par
l’expérience de la seconde guerre mondiale et par les répressions des régimes totalitaires.
Des millions de personnes innocentes ont été sacrifiées, comme en témoignent les innombrables
lieux d’extermination et de sépulture sur les terres polonaise et russe. Les signataires
saluent le travail des historiens et des experts. La connaissance de la vérité historique,
sans falsification, aidera à dépasser les clichés négatifs.
Ensemble face
aux nouveaux défis
Tout en reconnaissant l’autonomie de l’autorité civile
et ecclésiastique, les deux Eglises se déclarent déterminées à unir leurs forces pour
défendre les valeurs morales face à la montée de l’indifférence religieuse et de la
sécularisation et pour exiger le respect des libertés fondamentales, à commencer par
la liberté religieuse, ainsi que le droit à la présence de la religion dans la vie
publique. Parmi les nouveaux défis, brandis au nom de la laïcité et des libertés,
les signataires dénoncent l’avortement, l’euthanasie, l’union entre personnes du même
sexe, le consumérisme, l’interdiction des symboles religieux dans l’espace public.
La laïcité mal comprise – affirme la déclaration – prend la forme du fondamentalisme
et constitue une des formes de l’athéisme. Au nom de l’avenir de leurs nations,
les signataires se déclarent en faveur du respect et de la défense de la vie humaine,
depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle. Ils affirment que ce qui porte gravement
atteinte à la vie et déshonore la civilisation moderne, ce ne sont pas seulement le
terrorisme et les conflits armés, mais aussi l’avortement et l’euthanasie.
**********
Cette
visite à Varsovie constitue un pas supplémentaire sur le chemin de la réconciliation.
Ecoutons le père Slawomir Pawlowski, secrétaire du Conseil œcuménique de la conférence
épiscopale polonaise, nous parler de sa signification historique et œcuménique Des propos recueillis
par Manuella Affeeje
**********
Rapprochement entre les deux églises Cet
acte commun de « fraternité et d’obéissance à la volonté du Christ » constitue une
étape importante pour le rapprochement entre les deux églises, et pourrait permettre
à ces deux nations antagonistes de relire un passé commun extrêmement douloureux et
conflictuel, dans la plénitude de la vérité. L’analyse d’Yves Hamant, professeur
de civilisation russe à l’Université Paris-Ouest (Nanterre)